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Autoreverse avec Giorgio Silvestrini, du 6 septembre au 5 octobre à la galerie Eva Hober, Paris

Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Eva Hober, du 6 septembre au 5 octobre, Giorgio Silvestrini présente un nouvel ensemble de toiles dont les mises en scène, inspirées des natures mortes classiques et de la peinture métaphysique, accueillent des maquettes construites par l’artiste, des reproductions d’œuvres d’art historiques et, pour la première fois, des figures humaines.


Réalisées avec des baguettes de bois, des morceaux d’étoffes colorées ou des papiers froissés, les maquettes de Giorgio Silvestrini imitent des fleurs fluettes, des branches, des plantes grasses, des nuages ou de frêles marionnettes. Disposées sur des tables et des drapés, que l’artiste représente en plongée, elles dialoguent avec des sculptures de petit format (Derain, Giacometti, Arturo Martini…), que l’artiste aura photographiées puis peintes sur la toile. L’ensemble offre des associations d’objets mystérieuses, où de subtiles correspondances formelles se laissent deviner… Par exemple, des motifs de tissus rayés se répondent d’une peinture à l’autre. Et, dans Sarabanda, la conjugaison de matières dures et douces crée au contraire un oxymore, à travers une plante aux feuilles revêches empotée dans un vase couvert de velours. Les couleurs pastel, qui rappellent la tempera des fresques de la Renaissance italienne, associées à un éclairage diffus, harmonisent enfin les compositions de Giorgio Silvestrini, et nous plongent dans une atmosphère feutrée.

Mais si un grand soin est porté à la texture des choses, à travers un patient exercice d’observation, l’œuvre de Giorgio Silvestrini révèle toute son originalité dans la mise en espace des objets représentés. Soit un espace compris comme une scène de spectacle où défilent arlequins, pantins et marionnettes. Ou un espace vu comme un théâtre de l’absurde où les combinaisons d’objets, et les associations d’idées qu’elles suscitent, laissent le spectateur suspendu à des énigmes irrésolues… Les natures mortes de Giorgio Silvestrini sèment néanmoins quelques indices, et dévoilent les artifices sur lesquels elles reposent. En effet, château de cartes, balles et mikados suggèrent symboliquement que tout y est jeu de construction. Alors qu’un rideau sombre se découvre et révèle que la nuit étoilée, déployée à l’arrière-plan de trois vases délicats, n’est qu’une illusion…

Plus remarquable encore, les tables sur lesquelles se dressent les natures mortes sont représentées avec une ligne d’horizon haute. Et les bibelots, plantes et sculptures qu’elles accueillent, semblent juxtaposés les uns aux autres sans épouser tout à fait le même point de vue. Giorgio Silvestrini bouscule alors les codes de la perspective classique. Il privilégie une mise en espace plus complexe, à la faveur d’une perspective « inversée », de plans perçus en plongée, et d’objets disposés frontalement sur la surface de la toile. « Ce qui m’intéresse, c’est de voir ce qui arrive lorsque tel et tel objets sont représentés l’un à côté de l’autre. Et de voir quelle force, quelle dynamique se met en place », indique l’artiste, qui joue avec les différentes significations du titre de son exposition. En effet, Auto-Reverse peut se comprendre comme un autoportrait du peintre à travers les objets qu’il affectionne et combine, dont le sens habituel se trouve renversé, à l’image de la perspective dans certains de ses tableaux.

Cependant, la signification des peintures de Giorgio Silvestrini ne se limite pas aux relations spatiales qu’il tisse entre les objets. Une dimension mystique et spirituelle habite également ses œuvres, à l’instar des natures mortes du Siècle d’or espagnol, et de Francisco de Zurbarán, qu’il a étudiées lors de sa résidence à la Casa de Velázquez (2016-2017). Sobriété, équilibre et densité caractérisent ainsi les dernières compositions de Giorgio Silvestrini dont les objets, parfois ordinaires, dégagent une intense aura. Il faut dire que l’influence de la peinture métaphysique de De Chirico se fait aussi prégnante. Comme si Giorgio Silvestrini nous invitait à aller au-delà des apparences, et à nous demander si un sens caché demeurait derrière le visible. En ce sens, la présence inédite de figures humaines, qui apparaissent désormais dans ses toiles, dynamisent encore les mises en scène, tels des acteurs qui sauraient interagir avec les objets, les sonder, et offrir aux natures mortes une trame narrative plus complexe et animée.
François Salmeron

Pratique

Galerie Eva Hober
156 Boulevard Haussmann 75008 Paris
Vernissage mercredi 5 septembre 2018 de 19h à 21h
Exposition du 6 septembre au 5 octobre 2018


Paula Wateau
Mis en ligne le Mardi 28 Août 2018 à 11:18 | Lu 203 fois

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