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Pour Giselle. Chorégraphie de Michel Hallet Eghayan au Toboggan de Décines, les 25, 26 et 27 janvier 2011

“C’était au cours d’un de ces repas de midi que tout le monde prend en commun dans la salle commune de la compagnie Hallet Eghayan. Après une répétition, autour de la table, danseurs et équipe artistique mobilisée sur “Pour Giselle”, le nouveau projet de la compagnie. Soudain une des interprètes marqua un temps dans la conversation.


Pour Giselle © Marie Colibri
Pour Giselle © Marie Colibri
Elle réfléchit un court instant avant de s’exclamer, un peu comme on se dit quelque chose à soi-même, “c’est étonnant comme cette vieille histoire peut être riche et tout ce qu’il y a à y exprimer”. Parfois la justification d’un projet tient en quelques mots et ceux-là suffisent amplement.

Mais l’on trouve des racines plus profondes. Michel Hallet-Eghayan a déjà croisé Giselle, il y a longtemps. C’était déjà “Pour Giselle” (1982) et la danse y avait alors abordé beaucoup de ces domaines que le ballet originel avait contournés pour en privilégier d’autres comme la pantomime. Ce “Pour Giselle” relevait alors d’une manière de credo, une sorte de manifeste pour la défense d’une danse qui parle d’ellemême sans le besoin du substitut. C’était la rencontre –pas si incongrue- de l’exigence cunninghamienne et d’une forme d’esthétique romantique débarrassée de toutes “les fioritures conventionnelles”.

Le projet existait depuis quelques temps de prendre à nouveau cette pièce, et c’est Guy Darmet qui en a accéléré la réalisation. Mais le temps avait passé, l’idée de relire un “classique” du ballet n’a plus le même sens qu’il y a presque trente ans, d’autres tentatives à commencer par celle de Mats Ek (qui date aussi de 1982) ou très récemment celle d’Olivia Granville (“6 Giselles” pour le ballet de Marseille - 2010) ont replacé la petite paysanne amoureuse dans le champ des préoccupations de la danse. D’autant que, de “Sacre du Printemps” en “Lac des Cygnes”, l’idée de s’intéresser à de grandes pièces du répertoire a perdu sa dimension quasi transgressive des années militantes, tandis que - par exemple avec ce qui c’est passé autour du “Faune” - cette façon de se réapproprier le patrimoine chorégraphique pour le revivifier à prouvé sa fécondité. Avec une nuance cependant, ne pas s’en tenir à la lettre, à la superficialité, mais chercher en profondeur ce que ces monuments patrimoniaux gardent de soufre et d’énergie vitale.

Dans le cas “Giselle”, il y a l’histoire rapidement résumée : une petite jeune fille naïve, un noble suborneur, un amoureux transi et qui se venge… Puis l’autre monde où les willis dansent. Cependant, à la lecture des textes originaux et du livret, mais aussi des textes de Théophile Gautier et même des parodies qui furent contemporaines de la création, en analysant le souvenir des interprétations, en l’éclairant avec ce que l’histoire de la danse et celle des mentalités apportaient, le personnage de Giselle et le monde dans lequel elle évolue sont apparus infiniment plus complexes que la présentation généralement acceptée.

Et nous nous sommes embarqués dans “Pour Giselle” comme l’on cherche à élucider une énigme dont la solution semble toujours aisée mais s’éloigne sans cesse. L’interdiction de la danse, étonnante dans un ballet, la sensualité - voire la sexualité - affleurante, la question de la classe sociale, le personnage étonnamment transgressif de Giselle, beaucoup de thèmes surgissent dès que l’on revient à l’essence de l’oeuvre pour lui redonner sa danse. La petite paysanne prend alors un tour singulier et appelle à l’orgie autant qu’à la rébellion.

Ce travail particulier sur le sens profond de Giselle s’est accompagné d’une recherche approfondie sur la musique et les costumes. Dans les deux cas, il n’a jamais été question de reprendre ou de s’inspirer des formes romantiques, de faire un pastiche ou même une évocation ; il n’a été question que de trouver une certaine vérité profonde de l’oeuvre qui ne pouvait se révéler qu’à travers une danse tantôt totalement libérée, tantôt empêchée, mais toujours essentielle.
Philippe Verrièle, dramaturge

Pour Giselle. Chorégraphie de Michel Hallet Eghayan - Dramaturgie de Philippe Verrièle
Musiques d’Adolphe Adam et Jean-Christophe Désert
Commande de la Maison de la Danse de Lyon
“Premières” les 25, 26 et 27 janvier 2011 au Toboggan de Décines

pierre aimar
Mis en ligne le Lundi 3 Janvier 2011 à 14:31 | Lu 1071 fois

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