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Lyon, galerie françoise besson : exposition de Nawelle Aïnèche, Récolter l'instant de nos évidences. Du 2 au 30 octobre 2021


Nawelle Aïnèche. Ikebana 2021 Épingles, cuir, pierre, fleurs séchées 30 x 50 cm
Nawelle Aïnèche. Ikebana 2021 Épingles, cuir, pierre, fleurs séchées 30 x 50 cm
La galerie se transforme de manière éphémère pour la première fois en résidence d’artiste. Pour ce volet nous avons choisi d’accueillir Nawelle Aïnèche, artiste plasticienne qui crée de la matière devenant objet grâce à son métier à tisser. Un moyen pour nous également de rendre hommage à notre quartier de La Croix-Rousse en faisant écho aux canuts, ces ouvriers tisserands de la soie.

Nawelle va poursuivre son projet « ENTRE », en cours d’élaboration depuis le début de l’année 2021 dans diverses résidences comme celle du Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lyon et la Factatory de la Galerie Tator. Il va continuer d’évoluer lors de ce mois de création in situ, prologue à son exposition monographique.

Par cette action, notre volonté est de soutenir la création contemporaine et d’accompagner les artistes dans le développement de leur projet. En transformant l’espace de la galerie nous sommes au centre du processus créatif, l’exposition devient une étape et non une finalité.

ENTRE - le projet

Nawelle Aïnèche. Dichotomie Performance et sculpture-portée 2020 Épingles, cuir, perles
Nawelle Aïnèche. Dichotomie Performance et sculpture-portée 2020 Épingles, cuir, perles
C'est un projet hybride alliant la performance à la sculpture tissée. Il se structure autour du « ma », notion japonaise qui définit le vide comme un espace qui vient relier deux personnes, deux temps ; ainsi que l’ikebana, l’art floral japonais qui sublime la nature par ce même vide. Utiliser ces notions permet à Nawelle Aïnèche d’interroger le lien de nos actions répétitives entre une marche arrière imposée et une marche avant intuitive face aux autres, face aux au temps.

Avec la même volonté de redonner de la poésie à des matériaux qui en sont dénués, Nawelle utilise pour ce projet l'objet qui lui est très familier : l'épingle à couture. Elle dit dessus « Toute seule, l'épingle est un objet avec une fonction. À plusieurs, elles deviennent une matière, propice à l’action. À l'unité, elle est autonome et elle se perd. Ensemble, elles organisent leur chemin commun. ».
Les épingles que côtoie Nawelle Aïnèche à tort et à travers depuis quinze ans sont désormais au cœur de ses créations. Cette nouvelle matière créée par l’artiste à partir d’un objet usuel, assemblé et tissé, n’est pas un travail textile, c’est un travail de création de matière à partir d’objets.
Il y aura donc d'une part des cartographies du vide réalisées avec le médium du tissage au sein de la Galerie Françoise Besson, d'autre part une activation de sculpture d'épingles lors de performances (résidence aux Subsistances, Lyon, mars 2022). Cette dernière imposera au corps du performeur des mouvements découlant directement du poids du costume, du bruit de la matière et du contact avec le quidam.
Cette matière, où le geste de répétition est obsessionnel, questionne l’interstice magnétique qu’il y a entre le public et l'œuvre d’art.

L’exposition

Détails, Cartographies du vide, Nawelle Aïnèche, 2021 – photographie de Giulia Zanvit
Détails, Cartographies du vide, Nawelle Aïnèche, 2021 – photographie de Giulia Zanvit
Des bandes magnétiques aux épingles à couture, cette première exposition monographique de Nawelle Aïnèche retrace son travail plastique depuis le commencement. Nous avons voulu rendre compte de sa volonté de transformer des objets en matière et de sa pratique obsessionnelle du geste à travers le médium du tissage. La transversalité de son travail, à la frontière entre l’art visuel, l’art vivant et l’artisanat d'art, elle nous offre des œuvres imposantes, mystérieuses et poétiques. Ses grands formats, contraintes et à la fois prétextes, nous ont poussés à lui ouvrir les portes de la galerie pour une exposition personnelle.

À l’intérieur de l’espace, accrochées au mur, suspendues, et posées au sol, vous découvrez des pièces faisant partie de son projet Qu’est-ce que je vais faire de toi ? autour des bandes magnétiques de cassettes vidéo, certaines, récemment achevées, et d’autres de son projet Entre, terminées ou en cours de création, qu’elle poursuit lors de sa résidence in situ et qu’elle va continuer pendant toute la durée de l’exposition ! Vous êtes ainsi invité à découvrir son travail au début et à la fin de l’exposition pour en saisir l’évolution. C’est un parti-pris qui résonne avec son positionnement artistique. Pour elle, ce n’est pas tant la création que le processus créatif qui compte : « Il est tout aussi important que le résultat, voire plus important, car il transpire à travers l’œuvre ». Le processus est un ensemble de phénomènes, conçu comme un outil et organisé dans le temps. Il y a une idée de trajectoire, de cheminement, inscrits dans une temporalité. Nous vous proposons, à travers l’exposition, de cheminer avec elle.

Pour l’artiste, ses créations sont là pour redonner de la poésie à des matériaux qui en sont dénués, comme le reflet de ce monde contemporain. Ces nouvelles matières, comme un épiderme d’émotions, permettent d’aller au-delà du costume, de l’objet et du quotidien. C’est un pas dans l’inconnu. Pour elle, comme pour nous. Travailler les bandes magnétiques était une introspection, il en est autrement pour les épingles qui se tournent vers les autres. Ses œuvres apparaissent abstraites, mais résultent de la réinterprétation de sujets personnels et communs.


Récolter l’instant de nos évidences est une proposition d’introspection personnelle sur nos émotions, et surtout nos envies. L’artiste nous invite à questionner notre rapport au temps, et notre liberté d’être et de faire. Cette phrase est un constat. Un constat que fait l’artiste, et qu’elle partage au monde.

Nawelle Aïnèche

Nawelle Aïnèche devant son métier à tisser Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lyon, 2021 Blandine Soulage ©
Nawelle Aïnèche devant son métier à tisser Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lyon, 2021 Blandine Soulage ©
Nawelle Aïnèche s’intéresse à l’attraction entre la matière corporelle et le passage de nos émotions prises dans le réel. Ses transcriptions personnelles se définissent comme universel lorsque la matière choisie s’accumule, dans un geste obsessionnel, avec la même énergie que l’épiderme. Elle donne à voir une nouvelle personnalité, une nouvelle histoire, hors des dogmes. Par ce dessein, Nawelle engage son travail sur des questions d’espace intérieur et extérieur, telle une maison, une architecture corporelle. Le processus de construction/destruction est alors le plus important. Le but en soi n'est pas là réalisation d'un objet fini mais avant tout l'émotion de l'esprit (é-motion, du latin motio, le mouvement, le trouble) pour devenir sujet et objet du cheminement artistique.
Ses inspirations sont éclectiques, elle puise autant dans les arts visuels (comme Louise Bourgeois, Christian Boltanski ou encore Marina Abramovic) que dans le théâtre (comme Peter Brook, Antonin Artaud ou Rodrigo Garcia). À l’instar de Nawelle, ces artistes transversaux effacent les frontières entre les pratiques. Très diverses, elles ont toutes en commun la création. La dichotomie entre art textile, art visuel, art vivant est inexistante. Tout est relié.
Son travail a été exposé au Musée Historique de Moscou en Russie, au Tank Museum en Chine ainsi qu’au Grand Palais à Paris.

Nawelle Aïnèche est une artiste pluridisciplinaire qui vit et travaille à Lyon. Issue du monde du spectacle vivant, formée à la Martinière-Diderot en costume de scène à Lyon, elle part apprendre et expérimenter le tissage de matière plastique à Dakar, Sénégal, durant quatre mois grâce à la bourse « Voyager pour apprendre les métiers d’arts » de la Fondation Culture et Diversité en partenariat avec l’UNESCO. En 2017, elle reçoit la bourse et résidence d’artiste « Création en cours », mise en place par le Ministère de la Culture, piloté par les Ateliers Médicis. Lors de cette résidence, elle place la contrainte de la matière sur le corps au centre de sa recherche et conçoit la performance « Qu’est-ce que je vais faire de toi ? » avec un costume tissé de bandes magnétiques de cassettes VHS. Cette performance sera présentée en Résonance de la Biennale d’Art de Lyon en septembre 2017, au Festival International du Textile Extraordinaire à Clermont- Ferrand en 2018, au Musée de l’Hôtel Dieu lors de l’exposition des Ateliers de France et au Musée Historique de l’État de Moscou pour l’exposition internationale « Innovative Costume of the 21st Century : The Next Generation ».

Info+

galerie françoise besson
10, rue de Crimée
69001 Lyon

la petite galerie
6, rue de Vauzelles,
69001 Lyon

contact@francoisebesson.com
+33 (0) 951 666 309

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 17 Août 2021 à 15:40 | Lu 297 fois

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