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Lodève, Éric Bourret, « Terres », exposition du 30 avril au 28 août 2022

Dans ses images, Éric Bourret exprime les transformations sensorielles et physiques profondes que provoque la marche. En désintégrant la structure de l’image initiale, il crée une autre réalité, mouvante et sensible.


Éric Bourret devant une oeuvre de Cradle of Humankind, une des séries de l’exposition Terres
Éric Bourret devant une oeuvre de Cradle of Humankind, une des séries de l’exposition Terres

Né en 1964 à Paris, Éric Bourret vit et travaille dans le Sud de la France et en Himalaya. Son œuvre d’« artiste marcheur » s’inscrit dans la lignée des Land-Artists Anglais et des photographes-arpenteurs de paysages.

Depuis le début des années 1990, il parcourt le monde à pied, traversant tout horizon à toute altitude, effectuant des prises de vues photographiques qu’il nomme « expérience de la marche, expérience du visible ». Dans ces images, Éric Bourret exprime les transformations sensorielles et physiques profondes que provoque la marche. L’expérience du trajet parcouru exacerbe la perception et la réceptivité au paysage.

Au cours de ses marches, de quelques jours à plusieurs mois, selon un protocole précis qui détermine le nombre et les espacements des prises de vue, l’artiste superpose différentes vues du même paysage sur un seul négatif. Ces séquences intensifient et accélèrent l’imperceptible mouvement des strates géologiques et figent l’éphémère temporalité de l’homme. L’accident, l’imprévu sont assumés dans ce concept de saisies photographiques aléatoires. Cet éphéméride photographique désintègre la structure de l'image initiale et crée une autre réalité mouvante, sensible. L’image née de ce « feuilleté temporel » est vibrante, oscillante, presque animée. Elle témoigne d’une expérience subjective, ainsi qu’il le confie lui-même : « Je suis constitué des paysages que je traverse et qui me traversent. Pour moi, l’image photographique est un réceptacle de formes, d’énergie et de sens. »

Des séries plus factuelles insèrent date, lieu, durée, distance parcourue et transmettent ainsi le rythme et l’espace de ce carnet de marche.

Depuis 1990, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions dans les musées et Centres d’art, en Europe, aux États-Unis et en Afrique, notamment the Finnish Museum of Photography à Helsinki ; the Museum of Contemporary Art of Tamaulipas au Mexique ; le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice ; le Musée Picasso à Antibes ; la Maison Européenne de la Photographie de Paris.

Entre 2015 et 2021, il a participé à plusieurs expositions : invité d’honneur du festival Photo Marseille 2021 ; 56e Biennale de Venise ; Shenzhen Art Museum, Chine ; Joburg Contemporary African Art, Johannesburg ; l'Espace de l'Art Concret, Mouans-Sartoux ; Sapar Contemporary, New-York ; Xie Zilong Art Museum, Chine.
Précédente exposition Flux au Centre de la Vieille Charité co-produite par les musées de Marseille et le festival Photo Marseille 2021, dont Eric Bourret était l’invité d’honneur.
Précédente exposition Flux au Centre de la Vieille Charité co-produite par les musées de Marseille et le festival Photo Marseille 2021, dont Eric Bourret était l’invité d’honneur.

Les photographies d’Éric Bourret font un écho troublant aux collections géologiques et archéologiques du Musée de Lodève : elles rappellent à la fois les strates successives laissées par le temps et l’éphémère temporalité de l’homme.

Dans l’exposition « Terres », les créations, réalisées dans le cadre d'une résidence en Lodévois et Larzac en 2018 et 2019, dialoguent avec des photographies plus anciennes (Cradle of Humankind, Afrique du Sud, 2015 ; Primary Forest, îles Canaries et Madère, 2016).

L’artiste investit le sol et les murs du musée avec plus de 150 photographies sur 520 m².
Pour accompagner l’exposition, Laurie Bellanca et Benjamin Chaval, connus pour leurs « Lectures électriques », ont réalisé une création sonore et visuelle à partir de textes choisis en collaboration avec Éric Bourret.
Exposition au Xie Zilong Art Museum, Chine, en 2019
Exposition au Xie Zilong Art Museum, Chine, en 2019

La marche indissociable de l’œuvre de Eric Bourret

« Cela fait 25 ans que j’allie les deux pratiques, marche et photographie. En fait, je ne peux plus les dissocier... »

« Chez Bourret, l’exercice de la marche procède justement d’une quête de soi. Peut-être même d’une introspection au sens premier du mot quand il désigne cette capacité d’observation de la conscience individuelle par elle-même. Voilà déjà longtemps, les peintres impressionnistes nous ont appris que, dans leur domaine, le paysage n’était plus un genre mais une manière d’être. Paradoxalement, dans l’immédiat et dans la durée d’une impression. « Le paysage se pense en moi et je suis sa conscience », disait en son temps Cézanne. Cette relation osmotique au paysage est la composante primordiale de la démarche artistique d’Éric Bourret. La marche en est le mode opératoire privilégié.

A l’instar de certains de ces prédécesseurs : qu’ils soient modernes, tel William Turner qui n’a eu de cesse de déambuler le long des côtes britanniques et normandes, captant à l’aquarelle l’instantané de son ressenti ; qu’ils soient contemporains, tels les artistes du land art et plus particulièrement Hamish Fulton qui se présente comme un « artiste marcheur » et dont les expositions sont faites des traces de ses artistic walks. S’il a tout d’abord considéré la montagne Sainte-Victoire comme son Annapurna, puis multiplié les marches dans les Alpes, Éric Bourret n’a pas tardé à partir à la découverte de terres plus éloignées, dans ces régions himalayennes où les paysages sont uniques au monde, pour la plupart encore immaculés. »

Éric Bourret : « En Himalaya ou dans les Hautes-Alpes, la marche invite au dépouillement. La marche peut également être un acte philosophique et une expérience spirituelle. […] La machine photographique, quant à elle, enregistre, rend lisible l’expérience du paysage traversé. La photographie retranscrit les flux qui animent le paysage comme ceux qui animent notre propre corps. […] La marche à raison de huit heures par jour engendre physiologiquement une autre attitude à l’espace et une vraie mise en condition. Tant qu’à la fin, je ne sais plus trop si je vois avec les yeux ou avec mon corps. Le grand format propose au lecteur de l'exposition une relation physique et hypnotique. »
Lac de Salagou © Éric Bourret
Lac de Salagou © Éric Bourret

Info+

Musée de Lodève
Communauté de Communes Lodévois & Larzac (34)
www.lodevoisetlarzac.fr
www.museedelodeve.fr

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 3 Février 2022 à 22:35 | Lu 240 fois

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