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La Comédie des erreurs, de W. Shakespeare, mise en scène Dan Jemmett au théâtre de la Croix Rousse, Lyon, du 15 au 26 mars

De multiples contretemps en rencontres inopinées, de chassés-croisés en rendez-vous manqués, la confusion règne et abuse des personnages innocents qui, malheureusement, ne se trouvent jamais au bon endroit au bon moment. Derrière la simple bouffonnerie de la farce, Shakespeare rassemble avec habileté le fabuleux et le réaliste, le comique et le romanesque, le désespoir et la joie comme autant d'aspects contradictoires d'une même situation.


Le schéma de cette comédie shakespearienne repose sur la séparation accidentelle des membres d'une famille, dont les frères jumeaux et leurs domestiques, eux aussi parfaitement identiques, s'imposent comme les protagonistes d'une intrigue savamment ficelée. Parvenu à l'âge adulte, l'un des deux frères décide de partir à la recherche de l'autre et débarque, sans le savoir, dans la ville où vit celui-ci. Commence alors un véritable jeu de quiproquos et de malentendus causés par la double gémellité des maîtres et valets.

La Comédie des erreurs © Mario Del Curto
La Comédie des erreurs © Mario Del Curto
Note d'intentions, Dan Jemmett, Pittsburg, juin 2009

DÉCLIC
J'ai interprété le personnage de Dromio d'Ephèse à l'école. J'avais 12 ans et nous sommes allés jouer notre Comédie des erreurs en Allemagne. Je ne me souviens pas vraiment du spectacle, mais cette expérience et ce texte sont restés gravés dans ma mémoire pendant plus de 30 ans ! La pièce de jeunesse de Shakespeare a, pour la première fois, fait naître en moi un profond désir de théâtre. Sur une petite scène, avec un décor bien pauvre et des accessoires sans doute en carton, je découvrais tout un monde fait d'une humanité riche et complexe, toute une vie à la fois douce et violente, drôle et cruelle. Par la suite, je suis devenu metteur en scène pour un public d'adultes. Les périodes élisabéthaine et jacobéenne n'ont jamais cessé de me fasciner : j'ai monté des oeuvres de Marlowe, de Middleton et même de Shakespeare ! Aujourd'hui, j'ai envie de renouer avec les origines de ma vocation et de tenter une Comédie des erreurs. Comme le préconisait Copeau, je vais travailler avec "cinq ou six acteurs et un tréteau nu pour représenter toute l'humanité". Et si les accessoires ne seront peut-être pas en carton, ils resteront pourtant très simples...

Entretien avec Dan Jemmett, par Marie Bertholet

Pourquoi avoir choisi ce texte de Shakespeare ?
Pleine d'humour, cette comédie proche de la farce est régulièrement mise en scène en Angleterre. J'y ai
moi-même joué cette pièce alors que j'étais à l'école.
Je me souviens que ses personnages et son univers m'avaient enchanté. J'interprétais alors le rôle de l'un des serviteurs jumeaux, Dromio d'Ephèse. J'ignore pourquoi, mais il m'arrive souvent de repenser à ces textes que j'avais joués dans mon adolescence. J'ai eu envie de revisiter cette expérience théâtrale initiale. Suite à ces premiers pas sur scène - à l'adolescence - l'idée de devenir acteur a germé en moi. (...)

La traduction française permet-elle de prendre davantage de distance par rapport au texte original ?
Oui, sans doute. Mais cet aspect joue sans doute un moins grand rôle dans le cas de La Comédie des erreurs, qui est dépourvue de passage célèbre - contrairement à Hamlet ou à d'autres oeuvres shakespeariennes. En réalité, je n'ai monté aucune pièce de Shakespeare en Angleterre. Tous les petits anglais lisent cet auteur à l'école, il y a quelque chose d'inscrit culturellement dans ce pays.
Ici, c'est différent : peu de gens connaissent La Comédie des erreurs, ce qui m'autorise une certaine liberté vis-à-vis du public. Grâce à cette nouvelle traduction [de Mériam Korichi], que nous allons découvrir ensemble, on est d'emblée délivré d'un message un peu daté.

Vous n'hésitez pas à réadapter très librement les classiques. S'agit-il d'une envie de lesdésacraliser ?
Sans doute. Cela peut parfois sembler insolent vis-à-vis des classiques.(...) Certaines oeuvres, et notamment celles de Shakespeare, sont assez résistantes au changement.
Par exemple, dans Shake d'après La Nuit des rois, que j'avais passablement modifiée, on reconnaissait malgré tout le texte original. Avec d'autres pièces, il est plus difficile de procéder à de tels changements.
Mais je n'éprouve pas un désir profond de désacraliser les textes. Peut-être davantage quand j'étais plus jeune...
Shakespeare est un matériau pour moi. Il s'agit souvent de trouver un angle d'approche ; comme, ici, le fait d'aborder la mise en scène avec une distribution de cinq acteurs.

Justement, les cinq comédiens devront assumer une bonne dizaine de rôles. Comment allez-vous relever ce défi, couplé à celui de faire apparaître, sur scène, deux paires de jumeaux ?
Je ne sais pas, cela me semble impossible. Mon travail débute par une erreur (rires) ! « Erreur choisie »... Je ne me souviens plus qui a dit ça, mais c'est joli. Je crois qu'en réalité cela libère mon esprit : d'emblée, il faut qu'on cherche ensemble, avec des comédiens, des astuces ludiques. Cela permet de s'ouvrir à des univers que l'on croyait impossibles. Je trouve cela beaucoup plus intéressant que d'illustrer simplement le texte.
Si on enlève la puissance aux mots, on crée davantage d'espace pour l'acteur et l'imagination.

Comment concevez-vous votre rôle de metteur en scène ?
J'accompagne les comédiens dans un travail qui, pour moi, est quelque chose de très concret. Mon approche n'est ni intellectuelle, ni abstraite, mais profondément enracinée dans la salle de répétition - l'espace, les planches, le corps, la voix, la musique. Souvent, on improvise à partir d'une idée que je suggère. Mais peu importe si elle évolue dans un autre sens que celui que j'avais imaginé. Avec les acteurs, nous nous sentons totalement disponibles pour travailler, avec l'idée qu'il faut trouver quelque chose conjointement. Au départ, tout est ouvert. Il n'y a pas de règle. Si on reste curieux, c'est miraculeux de créer ensemble. Il faut que la création soit joyeuse.

Vous aviez déjà dirigé auparavant tous les acteurs de cette distribution. Qu'aimez-vous chez eux ?
J'avais envie de retrouver des compagnons de route. J'aime leur disponibilité d'esprit dans les répétitions, nous partageons ce désir de travailler ensemble et de rester ouverts. Dans le jeu, il ne faut pas se protéger. Parfois, les acteurs ont peur - à juste titre, car c'est eux qui devront défendre le projet sur scène - et il arrive qu'ils projettent leurs craintes lors de répétitions. Si l'on demeure fermé, on ne peut pas avancer. Je voulais travailler avec des gens qui possèdent, au contraire, une générosité d'esprit.
Propos recueillis par Marie Bertholet, Théâtre Vidy-Lausanne

Pratique

Location & renseignements :
Du mardi au samedi de 12h à 19h.
Les lundis de spectacle, à partir de 13h, et uniquement pour la représentation du jour.
Fermeture du théâtre du 17 juillet au 23 août 2010 inclus et du 24 décembre 2010 au 03 janvier 2011 inclus.
Accueil du public et billetterie : 04 72 07 49 49
www.croix-rousse.com

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 21 Février 2011 à 17:23 | Lu 1356 fois

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