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Frédéric Zeitoun – « En Chanteur ». Un bijou d’humanité

La belle chanson française a encore de beaux jours devant elle : Frédéric Zeitoun était au Château de la Buzine à Marseille pour un fabuleux concert ce samedi 16 novembre 2019. Après le succès incontesté de ses derniers spectacles, notamment avec ‘l’Histoire enchantée du Petit Juif à roulettes’, Frédéric Zeitoun triomphe sur scène avec « En Chanteur ».


Mais qui est ce Petit Juif à roulettes qui cartonne avec son dernier album, Duos en Solitaire ? Mais bien sûr, c’est "Le monsieur de la télé" ! Celui qui nous parle musique le matin sur l’A2, le chroniqueur à la belle voix et au sourire communicatif, mais pas seulement…

Frédéric Zeitoun, en guise de « Fromage ou dessert » nous offre l’autre facette de sa personnalité. Le monsieur est chanteur, et quel chanteur ! On le savait parolier -il écrit pour Hugues Aufray, Charles Dumont, Lorie, Frédéric François, Smaïn, Audrey Sara, Louis Bertignac, Enrico Macias, Zaz et tant d’autre- et, comme La vie continue, Frédéric est monté sur scène et bien lui en a pris !
Ne vous attendez pas à un personnage qui s’apitoie sur lui-même, Bien au contraire. Paraplégique depuis l’enfance, il raconte sa drôle de vie en humour et en chansons, avec dérision et pose des questions essentielles sur un monde qui souvent, ne le voit pas Comme tout le monde. Il le dit : « J’ai appris ». Frédéric Zeitoun traduit sa pudeur en chansons, en bijoux d’humanité.



Le talent et le génie du poète
Avec ce concert-spectacle et cet album, Frédéric Zeitoun parle de l’intime. En dévoilant le sien, c’est le nôtre qu’il touche. Ses chansons interprétées -toutes sans exception- de façon magistrale, à la fois font rire et bouleversent. Frédéric Zeitoun débute le concert par Vivre, Vivre, des mots ciselés pour une merveilleuse mélodie. Puis tout s’enchaine : S’il a quelquefois le blues du samedi soir, il n’a jamais fini, dit-il, de croire en Ma bonne étoile. Sous les rires, la gaieté, la légèreté, il y a la vie, Il y a cette étoile de sinistre mémoire qui peut poindre son nez si on n’y prend garde, mais l’artiste n’appuie ni sur le tragique, ni sur le pathos. Il l’effleure délicatement comme le fait le dos de la main passant sur l’épi de blé dans un champ, comme le papillon butinant la fleur, subtilement, avec douceur.
Si Frédéric Zeitoun a parfois la politesse du désespoir, il a toujours l’élégance de la délicatesse. Quant à la dérision, comme pour Les Vacances chez Franco, elle est voilée de tendresse. Le pot de départ à la retraite déclenche l’hilarité. Alternant le rire et la tendresse, chaque spectateur se reconnaît, à un moment ou à un autre, en Frédéric Zeitoun, qu’il s’agisse de l’émouvante et combien vraie Depuis que tu m’as adopté ou de la judicieuse La chanson sans chanteur, etc…

Frédéric Zeitoun est un artiste complet, fascinant, performant, professionnel jusqu’au bout des ongles, authentique. Lui et ses potes musiciens s’amusent sur scène. Cela se voit, cela se ressent et cela donne un tour de chant bien ficelé, mené de main de maître, enthousiasmant, intense. Les trois artistes offrent là un spectacle vibrant, chargé d’émotion et de passion, intelligent. Dans cette salle immense, chaque spectateur a l’impression de recevoir les mots en confidence. L’attention, l’émotion, le plaisir et le bonheur d’être là sont palpables. Frédéric Zeitoun a le talent et le génie du poète.

Trois acolytes au diapason
Il y a le regard clair, les yeux pétillants de malice, le charme naturel de Frédéric et il y a la voix. Un timbre chaud, prenant, suave, une voix harmonieuse, mélodieuse, pénétrante, profonde, qui sait se faire puissante, vibrante, désopilante ou caressante et tendre.
Et puis, il y a la musique, Marc Berthoumieux, l’accordéoniste, compositeur et mélodiste reconnu et l’excellent Bruno Bongarçon à la guitare. L’accordéon de Marc Berthoumieux respire avec l’artiste. Si c’est l’instrument du souvenir, le musicien le rend moderne et vivant, tour à tour nostalgique, voluptueux, tendre ou facétieux. Marc Berthoumieux enveloppe, prolonge le chant, perpétue l’instant ou lui fait écho. En adéquation parfaite avec son collègue guitariste, les deux instruments se rencontrent, se répondent, s’agrippent. Les notes se bousculent, s’envolent, légères, aériennes, sublimes. Guitariste prodigieux, Bruno Bongarçon ne gratte pas sa guitare, elle est délicate et charnelle sous ses doigts et les cordes vibrent d’amour.
Entente parfaite entre les trois artistes, une harmonie musicale absolue et, étonnamment, l’impression d’entendre chacun des artistes en solo. Magie de l’instant ? Sorcellerie ? Envoutement du maître En chanteur ? Non, excellence des artistes, des chansons, de la musique, du spectacle dans son entier ! Arriver à un tel résultat laisse pantois d’admiration. Les spectateurs ont plébiscité, acclamé, bissé, trissé les artistes et Frédéric Zeitoun, admirable, a répondu avec joie à la demande du public.
Dans son magnifique album, Duos en Solitaire, Frédéric Zeitoun marie sa voix à celle de Doc Gynéco, Linda Lemay à la voix bouleversante, Marie-Paule Belle, Yves Duteil, Michel Fugain, Enrico Macias, Manu Dibango, La Chorale de Reuil-Malmaison, Oldelaf, Sanseverino, Philippe Lavil et l’immense et regretté Charles Aznavour dans la poignante Bien au contraire. Ce soir, il chante seul ses Duos en solitaire et le résultat est époustouflant. Pour avoir écouté, réécouté avec délice l’album de l’artiste –attention il peut être addictif !- je craignais confusément, sans vraiment me l’avouer, que l’absence de ces compagnons d’enregistrement ne soit un bémol au spectacle. Que nenni ! Le concert ‘en live’ prend une dimension, une intensité absolue.

« Une autre, une autre »
Bien que mon âme tressaute à chaque écoute de Bien au contraire, mon coup de cœur de la soirée est pour Une autre, une autre. Originale, rythmée, percutante, cette chanson fait un tabac dans le public, un tube en devenir !

Pas facile d’être en fauteuil roulant ! La souffrance est là, sans-doute, mais aussi la joie de vivre, d’aimer, de composer, de partager. L’artiste est modeste, généreux, fraternel mais par-dessus-tout c’est un homme heureux qui affirme avec force : Je ne désaime pas.
Avec cet album, Frédéric Zeitoun signe de véritables petits chefs-d’œuvre poétiques et musicaux. Sur scène, l’artiste les sublime. Du grand art !
Danielle Dufour Verna

Danielle Dufour-Verna
Mis en ligne le Vendredi 22 Novembre 2019 à 15:31 | Lu 638 fois

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