Erik Dietman, Montant, 1995. Fer, pierre ; 250 x 130 x 70 cm Donation de Christina Hamrin & Claudine Papillon © Courtesy Galerie Claudine Papillon, Adagp Paris 2011. Photo - Claude Germain
L’exposition Monomental présente, du 9 avril au 13 juin 2011, une cinquantaine d’oeuvres : sculptures, installations et dessins qui prendront place dans la salle Giacometti dédiée à cette programmation originale. Une belle occasion pour découvrir l’univers de Dietman, artiste né en Suède en 1937 mais ayant vécu la majeure partie de sa vie en France. Dietman joue avec le langage et introduit l'humour dans ses oeuvres tout en travaillant des matériaux hétéroclites.
Imprégné de Marcel Duchamp et du mouvement Dada, Dietman accompagne, sans pour autant s'y intégrer, les mouvements du Nouveau Réalisme et de Fluxus. Son existence et son oeuvre sont principalement marquées par une vie de bohème et une attitude artistique délibérément marginale pour laquelle il a opté, tout comme le cercle de ses amis. Dietman pratique l’art comme un art de vivre. Pour lui, l'art et la vie sont intimement liés. Qu’il s’agisse de mots, de photographies, d’objets, de dessins, de peintures ou de sculptures, Dietman réinvente un langage. Au gré d'une déambulation formidablement poétique, Dietman s'entend à déjouer les pièges du visible et à briser les idées reçues.
L'amour des mots et la passion d'en jouer sont les caractéristiques du travail « dietmanien ». Cet artiste autodidacte et inclassable occupe une place décalée dans la création actuelle. Ses domaines d'investigations touchent le dessin, la sculpture, l'écriture, l'assemblage plus ou moins brut d'objets et de matériaux dans un esprit réfractaire à toutes formes établies. Les oeuvres sur papier deviennent prétextes à convoquer images et écriture, dont l'incongruité illustre volontairement un « art barbare » qui utilise toutes les ressources visuelles sans distinction d'époque, de genre ou de style.
Dietman nous convie à une promenade fantasque, souvent irrévérencieuse à travers une Histoire de l'Art du XXe siècle.
Imprégné de Marcel Duchamp et du mouvement Dada, Dietman accompagne, sans pour autant s'y intégrer, les mouvements du Nouveau Réalisme et de Fluxus. Son existence et son oeuvre sont principalement marquées par une vie de bohème et une attitude artistique délibérément marginale pour laquelle il a opté, tout comme le cercle de ses amis. Dietman pratique l’art comme un art de vivre. Pour lui, l'art et la vie sont intimement liés. Qu’il s’agisse de mots, de photographies, d’objets, de dessins, de peintures ou de sculptures, Dietman réinvente un langage. Au gré d'une déambulation formidablement poétique, Dietman s'entend à déjouer les pièges du visible et à briser les idées reçues.
L'amour des mots et la passion d'en jouer sont les caractéristiques du travail « dietmanien ». Cet artiste autodidacte et inclassable occupe une place décalée dans la création actuelle. Ses domaines d'investigations touchent le dessin, la sculpture, l'écriture, l'assemblage plus ou moins brut d'objets et de matériaux dans un esprit réfractaire à toutes formes établies. Les oeuvres sur papier deviennent prétextes à convoquer images et écriture, dont l'incongruité illustre volontairement un « art barbare » qui utilise toutes les ressources visuelles sans distinction d'époque, de genre ou de style.
Dietman nous convie à une promenade fantasque, souvent irrévérencieuse à travers une Histoire de l'Art du XXe siècle.
Erik Dietman, 1937-2002
Erik Dietman naît en 1937 à Jönköping en Suède. Il meurt le 28 juin 2002 à Paris.
Renvoyé du lycée à l’âge de treize ans pour avoir « uriné sur le drapeau suédois », il suit une formation en orfèvrerie (1951-1952), et fait, en 1953, la rencontre déterminante d’Oyvind Falhström qui est sur le point de publier son manifeste sur la poésie concrète.
Usant, à ses débuts, des rebuts autant que des rébus, du détournement autant que de la récupération, il joue avec les mots et les objets du quotidien. Il dévore Ulysse de James Joyce qui se conjugue parfaitement avec son besoin de relecture du monde. Il a pourtant deux figures tutélaires (non revendiquées) : Kurt Schwitters et Marcel Duchamp.
Objecteur de conscience, Erik Dietman quitte la Suède et arrive en France en 1959 où il rencontre les tenants du Nouveau Réalisme et de Fluxus dont son oeuvre se rapproche. Il se lie alors d’amitié avec Daniel Spoerri et Robert Filliou. Pour autant, Dietman n’a jamais été membre de ces mouvements. « Plus de deux, c’est déjà une armée » avait-il coutume de dire pour défendre son indépendance. Son attitude individualiste lui permet une liberté irrespectueuse à l’égard des modes successives.
Bien que n’intégrant aucun de ces groupes, il collabore et entretient des liens d’amitié très forts avec certains membres de Fluxus et du Nouveau Réalisme. Il participe notamment avec ces derniers au « Salon des Comparaisons » en 1965 et 1966. Son ami, avec qui il partage sa joie de vivre, son humour et sa dérision, est Roland Topor qu’il rencontre en 1963.
Dès 1962, Erik Dietman suscite un grand intérêt avec ses Objets pansés, Objets pensés. Il recouvre alors toute sorte d’objets à l’aide de sparadrap, bande de tissu adhésive de couleur chair rosée facilement reconnaissable. Un bandage qui établit une frontière entre deux réalités, l’une d’ordre physique, l’autre d’ordre mental. Pour Dietman, cet enveloppement cache pour mieux révéler, car le sparadrap isole à la fois l’objet de l’environnement et en révèle la forme. Il ne cache pas les choses mais les unit, augmente leur réalité tout en conservant leur intégrité. Le recouvrement donne une singularité à la forme de l’objet, élimine son côté anecdotique, marque ses détails. Il fait mieux voir en délimitant les contours. Erik Dietman « panse » alors le bois et le carton, encadre des photos, cache et masque les mots et les phrases.
Les objets hétéroclites qu’il fabrique sont, en général, titrées d’appellations à double significations, qui leur donnent alors un sens nouveau.
Avec cette période des Sparadraps (ou « bronze du pauvre »), Erik Dietman devient, jusqu’en 1967, le « roi du sparadrap », comme il se définit alors lui-même dans une posture d’autodérision.
A partir de 1966, il commence Le Grand Livre Sterling, Rébus sur les vicissitudes d’une vie, un vaste rébus composé d’objets, de photographies et de dessins, qu’il achèvera en 1976. L’artiste fait alors des collages et assemblages avec des matériaux hétéroclites : il réalise plusieurs oeuvres en pain telles que Pain, constituée du mot pain (signifiant aussi douleur en anglais), cuites en pain véritable et le Sac en pain, ainsi que des mobiles. C’est une période de travail intense et la succession de nombreuses expositions en Europe.
A partir de 1970, il supprime un "n" à la fin de son nom et signe Dietman. Dans les années 1970, son oeuvre se diversifie et lorsqu’il réalise des « tableaux-poèmes », c’est un mélange étonnant de peinture, de bibelots ou d’ustensiles.
En 1975, il revient en France après plusieurs mois à l’étranger et s’installe dans le Var. Cette même année, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présente sa première rétrospective française « Vingt années de sueur » reprise l’année suivante au Moderna Museet à Stockholm.
En 1977, le Danemark lui passe sa première commande publique et Dietman participe à l’exposition « l’Ecole de Nice » à l’occasion de l’ouverture du Centre Georges Pompidou à Paris. À partir des années 1980, il réalise ses premiers modelages qui marquent un tournant dans son oeuvre. Il déploie une intense production de dessins et de sculptures, imprégnés d’une poésie ironique et dont les titres renvoient à des jeux de mots. Le bronze, le marbre, la céramique et le verre deviennent les matières d’oeuvres parfois monumentales où les thèmes de la mort et de l’humour sont très récurrents. Dans les années 1980, il tire également ses Polaroïdioties (polaroïds de « tout et de rien ») et ce jusqu’en 1993.
Il obtient en France, en 1989, le Grand Prix national de sculpture et en Suède, en 1990, le Prix de l’Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm.
A partir des années 1990, il montre un visage plus grave, il flirte souvent avec l’idée de la mort, révélant une nature toujours inquiète et surtout profondément hantée par l’obsession de la création. Il est aussi un homme d’engagement comme en témoignent certaines oeuvres (Kosovo ou Voyage organisé sur l’Adriatique). Une des oeuvres majeures d’Erik Dietman, que l’on peut découvrir dans les jardins des Tuileries à Paris, s’intitule L’Ami de personne et date de 2000. Il s’agit d’une sculpture monumentale en bronze composée d’un personnage géant, qui semble tendre la main vers une petite chaise vide sur laquelle tout le monde est invité à s’asseoir.
A la fin de sa vie, Erik Dietman accepte d’être professeur de sculpture à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris et à l’Académie des Arts de Stockholm pour s’efforcer de communiquer à ses élèves son enthousiasme et son besoin de connaître l’histoire de l’art et de transmettre son goût de dessiner, celui de créer avec ses mains.
Renvoyé du lycée à l’âge de treize ans pour avoir « uriné sur le drapeau suédois », il suit une formation en orfèvrerie (1951-1952), et fait, en 1953, la rencontre déterminante d’Oyvind Falhström qui est sur le point de publier son manifeste sur la poésie concrète.
Usant, à ses débuts, des rebuts autant que des rébus, du détournement autant que de la récupération, il joue avec les mots et les objets du quotidien. Il dévore Ulysse de James Joyce qui se conjugue parfaitement avec son besoin de relecture du monde. Il a pourtant deux figures tutélaires (non revendiquées) : Kurt Schwitters et Marcel Duchamp.
Objecteur de conscience, Erik Dietman quitte la Suède et arrive en France en 1959 où il rencontre les tenants du Nouveau Réalisme et de Fluxus dont son oeuvre se rapproche. Il se lie alors d’amitié avec Daniel Spoerri et Robert Filliou. Pour autant, Dietman n’a jamais été membre de ces mouvements. « Plus de deux, c’est déjà une armée » avait-il coutume de dire pour défendre son indépendance. Son attitude individualiste lui permet une liberté irrespectueuse à l’égard des modes successives.
Bien que n’intégrant aucun de ces groupes, il collabore et entretient des liens d’amitié très forts avec certains membres de Fluxus et du Nouveau Réalisme. Il participe notamment avec ces derniers au « Salon des Comparaisons » en 1965 et 1966. Son ami, avec qui il partage sa joie de vivre, son humour et sa dérision, est Roland Topor qu’il rencontre en 1963.
Dès 1962, Erik Dietman suscite un grand intérêt avec ses Objets pansés, Objets pensés. Il recouvre alors toute sorte d’objets à l’aide de sparadrap, bande de tissu adhésive de couleur chair rosée facilement reconnaissable. Un bandage qui établit une frontière entre deux réalités, l’une d’ordre physique, l’autre d’ordre mental. Pour Dietman, cet enveloppement cache pour mieux révéler, car le sparadrap isole à la fois l’objet de l’environnement et en révèle la forme. Il ne cache pas les choses mais les unit, augmente leur réalité tout en conservant leur intégrité. Le recouvrement donne une singularité à la forme de l’objet, élimine son côté anecdotique, marque ses détails. Il fait mieux voir en délimitant les contours. Erik Dietman « panse » alors le bois et le carton, encadre des photos, cache et masque les mots et les phrases.
Les objets hétéroclites qu’il fabrique sont, en général, titrées d’appellations à double significations, qui leur donnent alors un sens nouveau.
Avec cette période des Sparadraps (ou « bronze du pauvre »), Erik Dietman devient, jusqu’en 1967, le « roi du sparadrap », comme il se définit alors lui-même dans une posture d’autodérision.
A partir de 1966, il commence Le Grand Livre Sterling, Rébus sur les vicissitudes d’une vie, un vaste rébus composé d’objets, de photographies et de dessins, qu’il achèvera en 1976. L’artiste fait alors des collages et assemblages avec des matériaux hétéroclites : il réalise plusieurs oeuvres en pain telles que Pain, constituée du mot pain (signifiant aussi douleur en anglais), cuites en pain véritable et le Sac en pain, ainsi que des mobiles. C’est une période de travail intense et la succession de nombreuses expositions en Europe.
A partir de 1970, il supprime un "n" à la fin de son nom et signe Dietman. Dans les années 1970, son oeuvre se diversifie et lorsqu’il réalise des « tableaux-poèmes », c’est un mélange étonnant de peinture, de bibelots ou d’ustensiles.
En 1975, il revient en France après plusieurs mois à l’étranger et s’installe dans le Var. Cette même année, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présente sa première rétrospective française « Vingt années de sueur » reprise l’année suivante au Moderna Museet à Stockholm.
En 1977, le Danemark lui passe sa première commande publique et Dietman participe à l’exposition « l’Ecole de Nice » à l’occasion de l’ouverture du Centre Georges Pompidou à Paris. À partir des années 1980, il réalise ses premiers modelages qui marquent un tournant dans son oeuvre. Il déploie une intense production de dessins et de sculptures, imprégnés d’une poésie ironique et dont les titres renvoient à des jeux de mots. Le bronze, le marbre, la céramique et le verre deviennent les matières d’oeuvres parfois monumentales où les thèmes de la mort et de l’humour sont très récurrents. Dans les années 1980, il tire également ses Polaroïdioties (polaroïds de « tout et de rien ») et ce jusqu’en 1993.
Il obtient en France, en 1989, le Grand Prix national de sculpture et en Suède, en 1990, le Prix de l’Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm.
A partir des années 1990, il montre un visage plus grave, il flirte souvent avec l’idée de la mort, révélant une nature toujours inquiète et surtout profondément hantée par l’obsession de la création. Il est aussi un homme d’engagement comme en témoignent certaines oeuvres (Kosovo ou Voyage organisé sur l’Adriatique). Une des oeuvres majeures d’Erik Dietman, que l’on peut découvrir dans les jardins des Tuileries à Paris, s’intitule L’Ami de personne et date de 2000. Il s’agit d’une sculpture monumentale en bronze composée d’un personnage géant, qui semble tendre la main vers une petite chaise vide sur laquelle tout le monde est invité à s’asseoir.
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