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"Denis Brihat, photographies 1958-2011" du 22 octobre 2011 au 4 février 2012 au Centre d'art Campredon, à L'Isle-sur-la-Sorgue

En 2005, lorsque j’ai demandé à Denis Brihat s’il accepterait que j’organise une exposition de son travail à Aix-en-Provence et que nous fassions un livre ensemble - le premier sur son oeuvre - j’étais très anxieux de sa réponse. Heureusement, il accepta et fut satisfait du résultat. Cette première expérience me donna envie d’organiser une nouvelle exposition, plus complète et plus riche.


Denis Brihat, Tulipe noire 40x50 | tirage argentique noir et blanc enrichi d’un virage au sélénium | 1981
Denis Brihat, Tulipe noire 40x50 | tirage argentique noir et blanc enrichi d’un virage au sélénium | 1981
Je voulais montrer comment, venu s’installer à Bonnieux en 1958 pour pratiquer « une autre photographie » après son voyage d’un an en Inde et après avoir obtenu le Prix Nièpce pour ce travail, il allait finalement mettre en place assez vite les fondements de son oeuvre. Dans ces dix années de solitude sur le plateau des Claparèdes, soutenu par quelques amis photographes (Jean-Pierre Sudre, Jean Dieuzaide ou Robert Doisneau) et des figures marquantes de Bonnieux (Marcel, César, Caporal, ...) on voit apparaître les premiers « tableaux photographiques » en noir et blanc, souvent en grand format et destinés au mur.

Ses sujets de prédilection, trouvés dans la nature ou dans son environnement proche, ne sont pas des monstruosités de beauté mais au contraire de petites choses simples qu’on oublie souvent de regarder. Cette photographie, éminemment poétique, les glorifie, leur rend justice et incite les spectateurs à ouvrir les yeux pour découvrir la beauté toute proche.

Denis Brihat construit ses images pour que « l’ordre naturel » soit révélé. Il défend ainsi une des fonctions primordiales de l’art qui est de donner du plaisir aux autres. On perçoit partout dans son oeuvre ce besoin d’équilibre, de rejet du superflu ou de l’emphase : dans ses paysages, ses micro-paysages Le Nez dans l’herbe, dans ces morceaux de réalité matérielle que sont les photographies intitulées Vitre écrasée par une fesse, Craquelures dans une toile de Prassinos, ou encore dans ses objets de nature (oignons, salades, poivrons, folles avoines ou coquelicots) sortis de leur contexte et posés sur un fond uniforme comme des objets d’art. La science du cadrage, l’exactitude de la mise en page, la rigueur de l’exécution révèlent l’architecture du grand oeuvre de la nature. Denis Brihat trouve l’ordre dans le désordre apparent du monde naturel. En découvrant dans les années 1950 les oeuvres d’Edward Weston et d’Emmanuel Sougez il eut bien sûr une révélation. Il ne renie d’ailleurs pas cette filiation. Comme il le dit à propos de Weston : « Combien de fois ai-je enragé en constatant que j’avais traité, sans le vouloir, le même sujet que lui, de la même manière ou presque, trente ans après et pourquoi pas ? »

Ce qui est passionnant dans le travail de Denis Brihat, c’est d’y découvrir une constante du regard. La structure d’un grand nombre de ses images repose sur un coeur central d’où irradie la composition. On trouve cette caractéristique aussi bien dans les micro-paysages des Claparèdes des années 1960, que dans les herbes de 1977, dans les coupes de kiwis ou les coquelicots et même dans certains paysages d’oliviers. Ces compositions rayonnantes sont en résonance avec cette curieuse spirale universelle que la nature a créée, forme présente dans la succession des loges d’un nautile, les graines du tournesol, la spirale des fleurons des boutons de marguerite ou même dans l’implantation des cheveux. Et quelle fidélité à ses sujets ! Voilà près de cinquante ans que les oignons l’occupent et le préoccupent, trente ans que les coquelicots le fascinent et pendant dix ans il est allé aux « rendez-vous » de ses cerisiers en fleurs dans le petit vallon du bas de Bonnieux, au moment où le soleil les éclaire à contre-jour.

L’histoire se construit : images noir et blanc en tirage unique cirées pour les protéger ; images colorées grâce aux techniques de virages métalliques et certaines travaillées avec une sorte de gravure partielle de la gélatine, redéveloppées en noir et blanc chaud qui donnent aux tirages une profondeur et une matière qu’une simple épreuve argentique ne peut approcher. L’amour du travail bien fait, le sens du beau, l’envie de transmettre et le désir de donner du bonheur à ceux qui regardent ses images, voilà quelques-unes des qualités essentielles de Denis Brihat. Elles émanent à l’évidence de ces « fragments d’infini » qui nous comblent de plaisir.
Pierre-Jean Amar | Commissaire de l’exposition Juillet 2011

Pratique

Horaires
Ouverture au public du mardi au samedi
De 10h à 12h30 et de 14h à 17h30
Fermeture des caisses à 17h | Fermé le 1er et 11 novembre

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 31 Août 2011 à 10:41 | Lu 1256 fois

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