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Cycle Des histoires sans fin, séquence printemps 2014, 12 février au 18 mai 2014, au MAMCO Genève

La séquence printemps du cycle « Des histoires sans fin » qui sera visible du 11 février au 18 mai 2014 propose six nouvelles expositions de dimensions très diverses qui permettent de scander la visite du Mamco d’une manière très riche.


Hommage à Philippe Thomas
Hommage à Philippe Thomas
Ainsi, et par exemple, la rétrospective de l’artiste français Philippe Thomas (1951-1995) prend place sur les quatre niveaux et Franck Scurti occupe deux salles du troisième étage. Aux côtés de cinq expositions monographiques est aussi proposé sur le plateau des sculptures un vaste choix d’œuvres de la collection (John M Armleder, Philippe Parreno, Dennis Oppenheim…) rarement montrées au cours des dernières années qui toutes traitent de la planéité.

Hommage à Philippe Thomas et autres œuvres augmenté de L’Ombre du jaseur (d’après Feux Pâles)
Le Mamco propose une rétrospective de l’artiste français Philippe Thomas (1951-1995) dont une partie de l’œuvre est présente dans ses collections. Déployée sur les quatre niveaux, elle se divise en trois séquences.

Au quatrième étage est présenté L’Ombre du jaseur (d’après Feux Pâles). En 1990, Philippe Thomas a été invité par le capc Musée d’art contemporain de Bordeaux à concevoir l’exposition Feux pâles. Sous couvert de son agence les ready-made appartiennent à tout le monde®, il voit dans l’invita-tion du musée l’occasion d’élever le principe de fiction (ce qu’il appelle le fictionnalisme) développé dans ses travaux précédents à la hauteur de l’institution, lieu neutre d’un savoir scientifique, généralement peu suspecté de partialité. L’Ombre du jaseur présentée par le Mamco, n’est pas une reprise littérale de l’exposition-œuvre Feux pâles – proposi-tion aujourd’hui vouée à l’échec – mais se conçoit comme une exposition dans l’ombre de la première.

Franck Scurti, The Brown Concept & Nouvelles lumières de nulle part
Depuis le début des années 1990, l’artiste français Franck Scurti est guidé par le souci récurrent de déplacer la signifi-cation et la morphologie habituelles des formes. Pour sa pre-mière exposition au Mamco, il a conçu, dans deux salles du troisième étage, un ensemble en deux parties consistant en une suite d’œuvres dont la majorité a été élaborée durant les deux dernières années et qui se présente comme une collec-tion à l’intérieur de la collection du musée. The Brown Concept et Nouvelles lumières de nulle part se composent ainsi d’une trentaine de pièces liées les unes aux autres par des associations formelles, processuelles ou conceptuelles. La plupart sont inédites, certaines ont été produites spécia-lement pour l’exposition. Le point de départ de cette constel-lation est le regard porté par l’artiste sur le monde matériel, sur les objets qu’il côtoie et qui lui fournissent la matière d’une création continue. Le titre The Brown Concept est d’ailleurs forgé à partir des nom et prénom Robert Brown, ce botaniste anglais qui, au XIXe siècle, a découvert que toutes les parti-cules de matière étaient animées d’un mouvement incessant qualifié depuis de brownien. Une présentation qui fait preuve d’une certaine vitesse toute en enchaînements de formes et d’idées donc.

Marijke van Warmerdam, Light
Toujours en silence, les films de Marijke van Warmerdam répètent une boucle infinie. Cette artiste hollandaise née en 1959 s’est fait une spécialité de traiter ses films comme des tableaux, sans récit, hors du temps. Mais si le tableau est une fenêtre ouverte sur le monde, comme l’énonce la doxa de l’histoire de l’art depuis la renaissance, Light, produit en 2010, ne montre que le store qui obstrue cette fenêtre à travers les bruissements duquel jaillit une lumière éblouissante. On pour-rait appeler cela un film minimaliste hollandais : à l’instar des tableaux constructivistes qui déconstruisaient la peinture en éléments fondamentaux, la boucle de M. van Warmerdam rejoue les moyens et les enjeux du film : l’ombre, la lumière et le regard caché. Ce jeu de cache-cache, si l’on peut dire, répond, dans cette séquence d’expositions, à la stratégie de disparition de Philippe Thomas tout comme aux œuvres de Christopher Williams pour désigner sans raconter le jeu d’ar-tistes qui se cachent, que ce soit derrière une entité adminis-trative ou une technologie de reproduction.

Christopher Williams, The Production Line of Happiness
Au premier regard, et même au second, les photographies de Christopher Williams déconcertent. Que signifient ces images, d’un extraordinaire piqué, montrant des objets d’une froide banalité ? L’artiste américain né en 1956 est un héritier des Becher, dont il occupe la chaire à la Kunstakademie de Düs-seldorf. Mais plutôt que d’enregistrer simplement le réel, il sature ses images d’allusions discrètes pour revisiter l’his-toire de la société industrielle. Les titres, démesurément longs, comportent des indices à déchiffrer. Les objets eux-mêmes sont plus symboliques qu’ils n’y paraissent, tels ces faux épis de maïs qui évoquent la première ressource céréa-lière de l’Amérique, et dont les produits dérivés se retrouvent partout, jusque dans les pellicules des photographes. Il faut donc s’arrêter longuement devant ces images volontairement accrochées en très petit nombre, pour rêver et réfléchir à ce qu’elles impliquent. The Production Line of Happiness, titre de cette exposition qui accompagne les grandes rétrospectives de l’artiste à Chicago et au MoMA de New York durant l’an-née 2014, raconte implacablement le rêve de l’occident, de son efficacité, de son appréhension du monde. Et ce rêve est mis en forme avec ses propres outils de propagande : le « réa-lisme » propre et enjolivé de l’image publicitaire.

Allan McCollum, Encore
Anthropologue et moraliste, Allan McCollum défait les évi-dences qui structurent nos comportements de spectateurs. Son travail peut être envisagé comme une critique des modes d’approche et de réception artistiques. Il interroge les rituels et les habitudes de chacun vis-à-vis de l’art. D’abord engagé, à la fin des années 1970, dans une critique de la sacro-sainte notion d’originalité, le travail de cet artiste américain né en 1944 efface les frontières habituelles entre production indus-trielle, artisanale et artistique. Au singulier, il préfère le mul-tiple ; au geste inspiré, la répétition infinie. C’est ce que montre l’exposition Encore dans laquelle sont notamment visibles ses Surrogates paintings (1979) et ses Glossies. Les premières sont fabriquées en bois ou en carton épais selon des procédés artisanaux. Il s’agit de petits tableaux mono-chromes noirs présentés d’abord de manière conventionnelle. L’intention d’A. McCollum est alors de créer un substitut, un « modèle, un emblème de la peinture, un type qui ne pourrait représenter rien de plus que l’identité de la peinture dans le monde des autres objets ». Les secondes succèdent aux Surrogates paintings en 1981. De format rectangulaire, la surface des Glossies est recouverte à la main d’encre de Chine, puis d’une feuille de plastique adhésif transparent. Cette fois, A. McCollum cherche à réaliser des substituts de photographies d’où toute image aurait disparu. D’autres œuvres encore sont visibles dans les salles du premier étage qui accueillent ce questionnement fin et prolixe sur les fausses évidences du monde de l’art et de ses objets.

Flatland
Flatland est le titre d’une fiction écrite à la fin du XIXe siècle par l’auteur britannique Edwin A. Abbott. Il y décrit un monde plat dans lequel par conséquent toutes les formes et les figures sont aplaties, en deux dimensions, enfermées dans une vision et dans une perception très limitée du monde. Œuvre satirique, Flatland est une allégorie de la société vic-torienne et de ses rigidités qui a été beaucoup lue par les avant-gardes du début du XXe siècle occupées qu’elles étaient à réfléchir sur la quatrième dimension. Les sculptures plates montrées sur le plateau des sculptures n’ont, elles, rien de limité. Bien au contraire, elles montrent la fécondité de la planéité, de la platitude, dans l’art des trente dernières années. Elles ont toutes pour spécificité de se passer de socles, attribut traditionnel de la sculpture, et d’explorer l’ho-rizontalité de l’espace. Ainsi la mer de Philippe Parreno (une couverture bleue posée au sol et légèrement et régulièrement plissée, donnant à voir des vaguelettes titrée C’était la mer (1992)) voisine avec une pièce au sol en pierre de molasse de Katinka Bock, One Meter Sculpture (2013). Ainsi les construc-tions au sol de Stéphane Steiner et les inserts de Sergio Verastegui, montrés pour la première fois au Mamco, côtoient une œuvre de Dominique Gonzalez-Foerster (12 panneaux de moquette rouge percés et réunis en un livre). Mais Flatland propose aussi un certain nombre de pièces qui s’élèvent dans l’espace depuis le sol sur lequel elles reposent, tel le tas de charbon de Bernar Venet. Est ainsi présenté un vaste ensemble de sculptures de près de quinze artistes qui font de l’horizontalité la condition même de leur mise en forme.

Informations pratiques

Mamco
Musée d’art moderne et contemporain, Genève
10, rue des Vieux-Grenadiers
CH-1205 Genève
tél. + 41 22 320 61 22
www.mamco.ch
Le musée est ouvert du mardi au vendredi de 12h à 18h, tous les premiers mercredis du mois jusqu’à 21h, samedi et dimanche de 11h à 18h. Fermeture le lundi ainsi que le vendredi 18 avril 2014.
Tarif normal CHF 8.–
Tarif réduit CHF 6.–
Tarif groupe CHF 4.–

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 28 Janvier 2014 à 16:01 | Lu 168 fois

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