
Spectacle en Français et Arabe surtitré
Ils ont choisi ‘Bérénice’
Le Collectif Nuit Orange a choisi ‘Bérénice’, œuvre emblématique du théâtre classique français au-travers de laquelle Racine explore des sentiments profonds et complexes tout en s’inscrivant dans une tradition théâtrale qui influence encore les dramaturges contemporains. Ils ont choisi ‘Bérénice’ et ce n’est pas un hasard pour ‘Nuit Orange’ toujours en quête de résonances poétiques et humanistes. Ils l’ont montée en version bilingue, mêlant alexandrins raciniens et arabe littéraire surtitré, dans une mise en scène aux décors épurés, résolument modernes, où la mise en lumière de Raphaël Bertomeu joue un rôle crucial avec une montée en puissance des enjeux. Mention spéciale pour Constance Bello dont les costumes des serviteurs nous plongent directement dans un monde antique mais surréaliste venant heurter la magnificence des habits de Titus et de la Reine. De l’oud, la musique inspirée d’Osloob, essentielle, primordiale, crée l’atmosphère, annonce, accompagne et sublime la pièce.
Un pont entre les êtres et les cultures
Dans cette version où la xénophobie joue le premier rôle, la poésie – celle des alexandrins de Racine et celle de l’arabe littéraire – demeure un pont entre les êtres, entre les cultures, l’outil de l’amour et de la résistance. Ils ont choisi ‘Bérénice ’et l’esprit des spectateurs chavire. La Palestine, Gaza, nous y sommes !
Une appropriation culturelle
Que ces alexandrins sont beaux en Arabe et en Français !
Ces mots magnifiques conjugués, métissés, hybrides, frères, dépassent les barrières culturelles et rendent l’œuvre accessible à un public plus large. L’Arabe littéraire, par son poids historique et culturel, confère une nouvelle profondeur aux dialogues, tout en apportant une résonnance moderne aux thèmes universels de la pièce. L’expérience des émigrés, des désirs non atteints, illumine la tragédie de Bérénice sous une nouvelle perspective, mettant en évidence les luttes individuelles face aux dilemmes communautaires et résonnant profondément avec les expériences de la diaspora moderne. Le message de ‘Bérénice’ trouve une résonnance forte dans le contexte actuel. La tragédie parle des enjeux de séparation, de sacrifice et d’amour, des thèmes récurrents chez ceux qui émigrent à la recherche d’une vie meilleure. La pièce enseigne que l’amour vrai implique souvent des sacrifices douloureux. Bérénice, dans sa décision de se retirer pour le bien de Titus, incarne une force émotionnelle qui montre que la véritable grandeur réside parfois dans l’abnégation et le renoncement.
Identité et Exil… Bérénice Reine d’un royaume occupé
Bérénice représente une identité palestinienne complexe à travers son lien avec Rome, un empire qui la courtise tout en l'opprimant. Le parallèle est flagrant avec la situation actuelle à Gaza où les habitants luttent pour maintenir leur culture et leurs droits tout en étant victimes d’un régime oppressif. Les habitants de Gaza font face à des sacrifices immenses en raison des conflits armés, où la perte de proches et de la dignité humaine est omniprésente. Les choix douloureux, dictés par des circonstances extérieures, reflètent la tragédie de Bérénice, où le personnel et le politique s'entrelacent, entraînant la souffrance. Cette quête d'identité, d'amour et d'acceptation rappelle les sentiments de Bérénice, qui doit composer avec son statut de reine d'un royaume occupé.
Résilience et dignité
Bien que Bérénice doive faire face à des circonstances difficiles, son personnage incarne aussi la résilience et la dignité. Cette résilience est également visible chez les Palestiniens de Gaza, qui continuent à lutter pour leurs droits et leur reconnaissance sur la scène internationale malgré des adversités écrasantes. Les luttes de Bérénice peuvent symboliser cette persistance et cet espoir de renaissance et de reconnaissance.
Des comédiens ‘habités’ et talentueux
Sensibilité, intelligence des situations, maitrise vocale, les comédiens, Sanae Assif, Ghina Daou, Edouard Dossetto, Leslie Gruel, Adam Karoutchi et Majd Mastoura, sont totalement ‘habités’ par leurs rôles. Leur jeu à fleur de peau transcende la pièce et le public. Nous ne sommes plus ici, mais, par la magie du théâtre, nous voici transportés à Rome, en Palestine, à Gaza. Nous sommes tour à tour Titus, Empereur de Rome et amant de Bérénice, Bérénice, reine de Palestine et amante de Titus, Antiochus, roi de Comagène et amoureux de Bérénice, Paulin, confident de Titus, Arsace, confident d’Antiochus, Phénice, amie et confidente de Bérénice.
Racine et ‘Bérénice’
Créée en 1670, à une époque où le théâtre français est en pleine effervescence, Bérénice est considérée comme une des pièces phare du théâtre classique, où des thèmes de l'amour tragique et du dilemme moral apparaissent régulièrement. Racine est surtout connu pour ses tragédies, qui sont caractérisées par une langue élégante, des thèmes universels, et des tragédies d'amour. Son style se distingue par l'utilisation du vers alexandrin, une forme poétique à deux hémistiches. Racine, fortement influencé par ses lectures de tragédies grecques et romaines, s'est inspiré d'une véritable figure historique, la Reine Bérénice de Judée, et des œuvres de la littérature antique, notamment de Tacite et de Plutarque.
Empathie et compréhension de la lutte des autres
Si Racine, à travers sa tragédie, permet une exploration des défis humains, cette ‘Bérénice’ trouve écho dans des réalités contemporaines, souligne l’intemporalité des luttes humaines face à l'adversité et nous conduit à une réflexion sur l’empathie et la compréhension des luttes des autres.
La pièce est à retrouver au Théâtre du Balcon pendant toute la durée du Festival Off, à 21h45, du 5 au 26 juillet 2025 (relâches les jeudi 10, 17 et 24). Courez-y !!
Danielle Dufour-Verna
Ils ont choisi ‘Bérénice’
Le Collectif Nuit Orange a choisi ‘Bérénice’, œuvre emblématique du théâtre classique français au-travers de laquelle Racine explore des sentiments profonds et complexes tout en s’inscrivant dans une tradition théâtrale qui influence encore les dramaturges contemporains. Ils ont choisi ‘Bérénice’ et ce n’est pas un hasard pour ‘Nuit Orange’ toujours en quête de résonances poétiques et humanistes. Ils l’ont montée en version bilingue, mêlant alexandrins raciniens et arabe littéraire surtitré, dans une mise en scène aux décors épurés, résolument modernes, où la mise en lumière de Raphaël Bertomeu joue un rôle crucial avec une montée en puissance des enjeux. Mention spéciale pour Constance Bello dont les costumes des serviteurs nous plongent directement dans un monde antique mais surréaliste venant heurter la magnificence des habits de Titus et de la Reine. De l’oud, la musique inspirée d’Osloob, essentielle, primordiale, crée l’atmosphère, annonce, accompagne et sublime la pièce.
Un pont entre les êtres et les cultures
Dans cette version où la xénophobie joue le premier rôle, la poésie – celle des alexandrins de Racine et celle de l’arabe littéraire – demeure un pont entre les êtres, entre les cultures, l’outil de l’amour et de la résistance. Ils ont choisi ‘Bérénice ’et l’esprit des spectateurs chavire. La Palestine, Gaza, nous y sommes !
Une appropriation culturelle
Que ces alexandrins sont beaux en Arabe et en Français !
Ces mots magnifiques conjugués, métissés, hybrides, frères, dépassent les barrières culturelles et rendent l’œuvre accessible à un public plus large. L’Arabe littéraire, par son poids historique et culturel, confère une nouvelle profondeur aux dialogues, tout en apportant une résonnance moderne aux thèmes universels de la pièce. L’expérience des émigrés, des désirs non atteints, illumine la tragédie de Bérénice sous une nouvelle perspective, mettant en évidence les luttes individuelles face aux dilemmes communautaires et résonnant profondément avec les expériences de la diaspora moderne. Le message de ‘Bérénice’ trouve une résonnance forte dans le contexte actuel. La tragédie parle des enjeux de séparation, de sacrifice et d’amour, des thèmes récurrents chez ceux qui émigrent à la recherche d’une vie meilleure. La pièce enseigne que l’amour vrai implique souvent des sacrifices douloureux. Bérénice, dans sa décision de se retirer pour le bien de Titus, incarne une force émotionnelle qui montre que la véritable grandeur réside parfois dans l’abnégation et le renoncement.
Identité et Exil… Bérénice Reine d’un royaume occupé
Bérénice représente une identité palestinienne complexe à travers son lien avec Rome, un empire qui la courtise tout en l'opprimant. Le parallèle est flagrant avec la situation actuelle à Gaza où les habitants luttent pour maintenir leur culture et leurs droits tout en étant victimes d’un régime oppressif. Les habitants de Gaza font face à des sacrifices immenses en raison des conflits armés, où la perte de proches et de la dignité humaine est omniprésente. Les choix douloureux, dictés par des circonstances extérieures, reflètent la tragédie de Bérénice, où le personnel et le politique s'entrelacent, entraînant la souffrance. Cette quête d'identité, d'amour et d'acceptation rappelle les sentiments de Bérénice, qui doit composer avec son statut de reine d'un royaume occupé.
Résilience et dignité
Bien que Bérénice doive faire face à des circonstances difficiles, son personnage incarne aussi la résilience et la dignité. Cette résilience est également visible chez les Palestiniens de Gaza, qui continuent à lutter pour leurs droits et leur reconnaissance sur la scène internationale malgré des adversités écrasantes. Les luttes de Bérénice peuvent symboliser cette persistance et cet espoir de renaissance et de reconnaissance.
Des comédiens ‘habités’ et talentueux
Sensibilité, intelligence des situations, maitrise vocale, les comédiens, Sanae Assif, Ghina Daou, Edouard Dossetto, Leslie Gruel, Adam Karoutchi et Majd Mastoura, sont totalement ‘habités’ par leurs rôles. Leur jeu à fleur de peau transcende la pièce et le public. Nous ne sommes plus ici, mais, par la magie du théâtre, nous voici transportés à Rome, en Palestine, à Gaza. Nous sommes tour à tour Titus, Empereur de Rome et amant de Bérénice, Bérénice, reine de Palestine et amante de Titus, Antiochus, roi de Comagène et amoureux de Bérénice, Paulin, confident de Titus, Arsace, confident d’Antiochus, Phénice, amie et confidente de Bérénice.
Racine et ‘Bérénice’
Créée en 1670, à une époque où le théâtre français est en pleine effervescence, Bérénice est considérée comme une des pièces phare du théâtre classique, où des thèmes de l'amour tragique et du dilemme moral apparaissent régulièrement. Racine est surtout connu pour ses tragédies, qui sont caractérisées par une langue élégante, des thèmes universels, et des tragédies d'amour. Son style se distingue par l'utilisation du vers alexandrin, une forme poétique à deux hémistiches. Racine, fortement influencé par ses lectures de tragédies grecques et romaines, s'est inspiré d'une véritable figure historique, la Reine Bérénice de Judée, et des œuvres de la littérature antique, notamment de Tacite et de Plutarque.
Empathie et compréhension de la lutte des autres
Si Racine, à travers sa tragédie, permet une exploration des défis humains, cette ‘Bérénice’ trouve écho dans des réalités contemporaines, souligne l’intemporalité des luttes humaines face à l'adversité et nous conduit à une réflexion sur l’empathie et la compréhension des luttes des autres.
La pièce est à retrouver au Théâtre du Balcon pendant toute la durée du Festival Off, à 21h45, du 5 au 26 juillet 2025 (relâches les jeudi 10, 17 et 24). Courez-y !!
Danielle Dufour-Verna