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2 mars au 11 juillet 2010, Frédéric Chopin, la Note Bleue, exposition du bicentenaire au musée de la Vie Romantique à Paris

Dans le cadre de la célébration du bicentenaire de la naissance du compositeur, le Musée de la Vie romantique présente un important hommage à Frédéric Chopin (1810-1849). Conçu spécifiquement pour la maison de la rue Chaptal où Chopin se rendait en voisin et ami, cet hommage est une évocation de ses années parisiennes (1831-1849).


Eugène Delacroix Frédéric Chopin - 1838 © Roger-Viollet
Eugène Delacroix Frédéric Chopin - 1838 © Roger-Viollet
L’atmosphère créée est la transcription plastique du climat à la fois historique, esthétique et poétique où s’est épanoui le génie musical de Chopin. Entre littérature, peinture et musique, l’exposition se propose de faire jouer une gamme de correspondances, d’entrer en résonance avec une couleur – celle de la note bleue que Delacroix et George Sand entendent chez Chopin. De l’espace musical à l’espace pictural, cette note bleue joue comme la réverbération d’une intériorité, d’un champ de force (comme on dit d’un champ de force magnétique) où résonne toute la puissance poétique de l’exil, de la patrie à la fois perdue et retrouvée. En somme interpréter pour mieux incarner…
L’exposition regroupe quelque quatre-vingt dix peintures, sculptures et dessins de Théodore
Chassériau, Auguste Clésinger, Camille Corot, Gustave Courbet, Eugène Delacroix, Achille Devéria, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Ary Scheffer… prêtés par les principaux musées francais : Louvre, Bibliothèque nationale de France / Bibliothèque-musée de l’Opéra, Carnavalet, Petit Palais, ainsi que Nantes, Rouen, Arras, Montauban et le prestigieux Metropolitan Museum of Art, New York et de nombreuses collections privées. Une eau-forte d’Erik Desmazières (né en 1948) Le Square d’Orléans (2005) témoigne enfin de la permanence du mythe autour du compositeur à l’époque contemporaine.

Extraits du catalogue Solange Thierry – commissaire invitée

Sous la Monarchie de Juillet - Paris, Capitale européenne du romantisme musical
« […] Appartenir à la génération de 1810, c’est avoir vingt ans en 18301. La décennie 1803-1813 est faste pour la création musicale qui voit la naissance d’une grande partie des meilleurs compositeurs romantiques de la première génération : Hector Berlioz en 1803, Félix Mendelssohn en 1809, Frédéric Chopin et Robert Schumann en 1810, Franz Liszt en 1811, Richard Wagner et Giuseppe Verdi en 1813.
Avec le Romantisme, la musique s’impose en art à part entière et c’est probablement elle qui l’exprime le mieux. Elle transmet des sensibilités, des sentiments intérieurs et des émotions intimes au plus profond. » C’est une étrange chose que la musique ; je dirais volontiers qu’elle est un miracle. Elle est entre la pensée et le phénomène : comme une médiatrice crépusculaire, elle plane entre l’esprit et la matière, apparentée à tous deux et pourtant différente de tous deux ; elle est esprit, mais esprit qui a besoin de la mesure du temps ; elle est matière, mais matière qui peut se passer de l’espace »t2. Les mutations de la musique se font selon une fluidité que les autres disciplines artistiques du romantisme ne connaissent absolument pas. « Aucune étape vraiment décisive, aucune école qui, sous la conduite d’un chef de file, s’affirme de façon fracassante ; tout au contraire, le changement s’opère en douceur, presque subrepticement,[…] En vain cherchera-t-on dans les écrits du temps, de la moindre volonté de révolte iconoclaste »t3 : en 1830, la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz provoque un scandale mais qui n’est pas aussi violent que la bataille d’Hernani de Victor Hugo ; trois ans plutôt, Eugène Delacroix déchaînait les injures et les quolibets au Salon avec La Mort de Sardanapale.
Arrivé à Paris le 3 octobre 1831, Frédéric Chopin s’intègre rapidement dans les cercles musicaux, artistiques et mondains. La « confrérie romantique de Paris »t4, comme l’écrira plus tard Franz Liszt à Ferdinand Hiller, est fascinée par Paris qui prend alors la relève de Vienne après la mort de Beethoven et Schubert. Ils y côtoient les écrivains romantiques : George Sand, Gérard de Nerval, Prosper Mérimée, Alfred de Vigny, Jules Janin, Théophile Gautier.
Les instrumentistes se font applaudir à Paris dans les concerts publics comme dans les salons, tandis que les interprètes sont à la fois dans les salons, les concerts et à l’opéra. Sous la Monarchie de Juillet, la société est extrêmement codifiée. Au Faubourg Saint Germain réside la noblesse légitimiste de l’ancienne aristocratie qui défend le bon goût et les manières : à l’ambassade d’Autriche, le comte et la comtesse Apponyi reçoivent chaque semaine pour une soirée musicale. Chaussée d’Antin, où résident la haute finance comme James de Rothschild et son épouse Betty et certains artistes. Le salon privé est ainsi le passage obligé pour tisser des relations, se faire connaître et trouver des élèves. A ces salons aristocratiques et bourgeois les plus en vue, s’ajoutent l’hôtel Lambert d’Anna Czartoryska et le salon de la Princesse Belgiojoso, représentantes des émigrations polonaise et italienne, qui organisent l’une et l’autre des concerts au profit de leurs compatriotes en exil. Frédéric Chopin est un hôte choyé et assidu de ces réceptions et accepte régulièrement de jouer au profit de ses compagnons expatriés. Les concerts publics, en revanche, sont généralement produits dans les salons des facteurs de piano. Cette corporation connaît un essor important en cette première moitié du XIXe siècle qui marque l’apparition du piano droit ; plusieurs inventions améliorent aussi la mécanique et la qualité de la sonorité de l’instrument […] »

Notes :
1 Emmanuel Reibel, Les musiciens romantiques. Fascinations parisiennes, Paris, Fayard, 2003, p.15
2 Heinrich Heine, De Tout un peu, Paris, Michel Lévy frères, 1867, pp.265-266
3 Jean Mongrédien, La Musique en France, des Lumières au Romantisme 1789-1830, Paris, Flammarion, 1986, pp.332-333
4 Mendelssohn, Chopin, Berlioz, Hiller et Liszt

Informations pratiques

« Frédéric Chopin. La Note bleue » - exposition du bicentenaire
2 mars - 11 juillet 2010
Commissaires invités
Solange Thierry
Jérôme Godeau

Musée de la Vie romantique
Hôtel Scheffer-Renan
16 rue Chaptal
75009 Paris
tél. : 01 55 31 95 67 / fax. : 01 48 74 28 42
www.vie-romantique.paris.fr
Ouvert tous les jours, de 10h à 18h, sauf les lundis et jours fériés

Tarifs d'entrée
- Exposition
Plein tarif : 7 €
Tarif réduit : 5 €
Tarif jeune : 3,50 €
- Collections permanentes gratuites
Accès
Métro : Saint-Georges, Pigalle, Blanche, Liège
Bus : 67, 68, 74

pierre aimar
Mis en ligne le Lundi 8 Février 2010 à 13:49 | Lu 2228 fois

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