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12 juin au 1er août 09, exposition Uma Combinaçao (2), Armanda Duarte & Linda Sanchez. galerie BF15, Lyon

L'exposition Uma Combinaçao (2) associe le travail d'Armanda Duarte et Linda Sanchez, deux artistes que l'on pourrait qualifier d'attentives. Sous diverses formes (dessin, sculpture, installation, performance…), leur travail est témoin de ce rapport mental et physique envers le quotidien. Dans une plasticité épurée, chacune de leurs pièces condense une logique spécifique qui articule minutieusement l’observation et le geste.


Exposition Uma Combinaçao (2), Armanda Duarte & Linda Sanchez. galerie BF15, Lyon

© Armanda Duarte, Uma bata e uma combinação, performance, Plataforma Revólver, Lisbonne, 2008
© Armanda Duarte, Uma bata e uma combinação, performance, Plataforma Revólver, Lisbonne, 2008
L’œuvre performative Uma bata e uma combinação, reconduit l’expérience d’une attention partagée qu'Armanda Duarte proposa une première fois en 2008, pour l'exposition Uma Combinação à la Plataforma Revólver, à Lisbonne.
L'artiste réalise à même le sol des cercles en argile qui contiennent de l’eau et ses souvenirs (des vasques collectant l’eau des fortes pluies dans les patios portugais). Mais elle donne à ses singuliers ouvrages une dimension collective en faisant d’eux les objets d’attention d’autres personnes. Elle confie à des «vigilants», la tâche quotidienne d’entretenir ces constructions fragiles. Durant l’exposition, les employés vêtus d’un habit de travail se relaient pour les maintenir remplies et colmater leurs fissures.
Ainsi, pour Armanda Duarte, le temps d’existence «fait» œuvre, construit des gestes, des formes, des tracés. Par une correspondance, elle demande à ces vigilants de lui poster l’inscription de leur temps d’existence sur une surface de leur choix, puis elle en fait les dessins rassemblés dans Os Vigilantes. A travers une autre série, Lisboa no ano da cabra, l’artiste retrace en pointillés ses propres déambulations dans la ville.
Comme Armanda Duarte, Linda Sanchez donne la mesure de cette attention portée aux choses. Les horloges qui forment au sol l’oeuvre Débattre la mesure, en donnent un relief alors que les livres Sans titre (sculptural ouvrage constitué de 3000 scans d'un tronc progressivement poncé) et Page(s) (flip book d'un défilement de pages vierges) en reconstituent l'épaisseur.

Tissant liens et expériences, Armanda Duarte et Linda Sanchez combinent dans leur pratique comme dans l'exposition un questionnement sensible sur notre position dans le monde.

Armanda Duarte née en 1961, vit et travaille à Lisbonne
Linda Sanchez née en 1983, vit et travaille à Lyon

La BF 15
11 quai de la Pêcherie
69001 Lyon
T/F : 04 78 28 66 63
la.bf15@wanadoo.fr
www.labf15.org
vernissage jeudi 11 juin de 18h à 21h
exposition du 12 juin au 1er août 09
ouverture du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous (M° Hôtel-de-Ville)

Armanda Duarte

© Armanda Duarte, Lisboa no ano da cabra série de 60 dessins, 2003-04, stylo, crayon, papiers chinois, 21 x 13 cm
© Armanda Duarte, Lisboa no ano da cabra série de 60 dessins, 2003-04, stylo, crayon, papiers chinois, 21 x 13 cm
L’anti-monumentalité, l'intimité et le minimalisme sont des caractéristiques constantes du travail d’Armanda Duarte. Il se construit à travers des petits gestes, dont la plupart ont lieu là où l'artiste est invitée à intervenir.
Aussi, il a été dit que son travail est imprégné d'une poétique de l'essentiel, absolue dans la grammaire et le langage des arts plastiques. En outre, les matériaux qu'elle utilise - minimaux, banals, domestiques, marqués par sa propre vie - contribuent, par leur nature même, à une intentionnelle anti-monumentalité. Inversement, résulte l'élévation d'un art qui, d’un auteur inconnu, serait selon toute probabilité considéré comme un art populaire.
Toutes ses techniques - couture, collage, broderie, liste - et ses matériaux - laine, plancher, fil, feutre, tissu, paillettes, cire, de l'argile, etc - sont ancrés dans l'artisanat populaire et sont communs au travail habituel d’une ouvrière. Ils prêtent aussi à l’oeuvre des qualités sensuelles et intimes qui forcent l'observateur à réévaluer l'efficacité et les habitudes de ses propres mécanismes de perception tant envers le monde qu’envers l'art. De quel côté sommes-nous ? Où sommes-nous? Le travail d’Armanda Duarte contribue généreusement à la compréhension de notre position lorsque nous examinons, entendons et ressentons une oeuvre.

António Pinto Ribeiro, extrait du catalogue Mediterrâneo : um novo muro ?, Lisbonne, 2001

© Linda Sanchez, Sans titre, 3000 scans imprimés, 21 x 29,7 x 40 cm, 2009
© Linda Sanchez, Sans titre, 3000 scans imprimés, 21 x 29,7 x 40 cm, 2009

Linda Sanchez
Le travail de cette artiste prend des formes variées (dessin, vidéo, sculpture, installation, performance) : ces productions sont toutefois « reliées » par les textes, notes et archives qui les documentent presque systématiquement. A partir d’un environnement domestique, Linda Sanchez expérimente des bricolages et combinatoires de matériaux, d’objets et de gestes du quotidien. Elle consigne des observations et hypothèses, elle élabore des protocoles, relançant et modifiant sans cesse ces opérations de construction / déconstruction.
(...) La démarche de Linda Sanchez n’est pas sans rappeler l’esprit de certaines littératures (Queneau, Borgès, Pessoa…), qui procèdent de l’inventaire systématique, voire obsessionnel, ou de la variation d’états dûment documentés, et atteignent l’absurde ou le fantastique, ou encore une grande poétisation du réel – une extrapolation de la tentative d’exister par une attention éperdue à ce qui nous entoure. Ainsi, l’abstraction chez Linda Sanchez se fait surtout poétique et métaphysique, « J’habite les creux comme une nostalgie ». Elle s’applique d’autant plus à relater la cartographie de ses expérimentations
que les formes ou les objets restent « informulés » et en équilibre souvent précaire. C’est la concentration répétitive sur les gestes – cette tension du rien – qui finit par transformer l’ennui en jeu et par restituer certains petits accidents imperceptibles. La relation forte de l’artiste à l’espace, au paysage, passe aussi bien par la rencontre corporelle avec les éléments et matières – sable, vent, eau…– (et l’on pense à Bachelard) que par la reconstitution mentale d’un ensemble, dans le souci permanent du rapport de la partie au tout.
Corinne Guerci, 2007, extraits du texte de l'exposition S’il y a des moucherons, c’est qu’il doit y avoir
des araignées, Galeries Nomades 2007, Institut d’art contemporain, Villeurbanne, Angle art Contemporain

pierre aimar
Mis en ligne le Samedi 25 Avril 2009 à 22:00 | Lu 1472 fois

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