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Vaison la Romaine - Festival de Théâtre Antique 2019 : Les Grenouilles de Aristophane (8 juillet) et Médée de Corneille (9 juillet)

Depuis vingt années ils sont les partenaires privilégiés de la Semaine de Théâtre Antique de Vaison-la-Romaine. "Ils", ce sont les comédiens, chanteurs, instrumentistes, danseurs du Théâtre Demodocos, assemblés sous la douce et exigeante férule de leur metteur en scène, Philippe Brunet, et ils viennent chaque été retrouver leurs fans au Théâtre du Nymphée.


Ce lundi 8 juillet ils vous réjouiront de leurs sauts et gambades et vert langage avec la comédie Les Grenouilles de cette mauvaise langue d'Aristophane. Entendez déjà les Brekekekex coax coax de ces batraciens qui peuplent les marais des Enfers ...

Au T2M, le Théâtre des 2 Mondes, mardi 9 juillet, faites connaissance avec la Médée d'un jeune dramaturge qui s'est lançé dans l'écriture de sa première tragédie. Ayant aiguisé sa plume avec des comédies, Pierre Corneille de Rouen s'attaque avec brio au mythe de la plus redoutable infanticide née des songes humains. Et il ose faire entrevoir ce qui se dissimule à l'ombre du monstrueux...
Ce faisant vous ferez aussi connaissance avec les codes de la représentation baroque, maniés avec flamboyance par la Compagnie La Lumineuse dans ce spectacle d'une esthétique raffinée.

« Les Grenouilles »

Vaison la Romaine - Festival de Théâtre Antique  2019 : Les Grenouilles de Aristophane (8 juillet) et Médée de Corneille (9 juillet)
En 405 avant J.C., Aristophane obtient à Athènes le premier prix au concours des fêtes des Lénéennes pour sa comédie satirique Les Grenouilles dont ces batraciens forment le chœur commentateur des faits et gestes d’un Dionysos mécontent de la qualité dramatique des spectacles proposés lors de ces fêtes.
Déplorant la disparition des grands auteurs que furent Eschyle, Sophocle et Euripide, il descend aux Enfers avec l’intention de ramener sur terre son dramaturge préféré, curieusement vêtu de la peau de lion et portant la massue d’Héraclès pour lequel, couard, il veut se faire passer en traversant le Styx.
Euripide revendiquant le statut de meilleur auteur tragique jusque là reconnu à Eschyle, Hadès organise un débat entre les deux prétendants au titre dont il fait juge Dionysos. C’est alors la castagne, verbale, entre les deux rivaux dont les critiques mutuelles, acerbes et démesurées, ne laissent pas de réjouir les observateurs et qui ne dépareraient pas un actuel débat littéraire et artistique contradictoire.
Le pire, ou le meilleur, advient lorsque, devant se prononcer, le juge Dionysos imagine de peser le génie « au poids du fromage » et fait venir une balance pour s’en assurer ! Pour savoir qui sera le plus léger et qui pèsera le plus, faites confiance au pied de nez final de ce bretteur d’Aristophane et au talent du Théâtre Demodocos pour vous amuser d’abord, pour vous faire pencher du bon côté (?) de la balance ensuite …

« Médée »

Vaison la Romaine - Festival de Théâtre Antique  2019 : Les Grenouilles de Aristophane (8 juillet) et Médée de Corneille (9 juillet)
Nous avons accueilli en juillet 2012 la représentation de Suréna, la dernière tragédie de Corneille, spectacle dont la beauté avait subjugué le public de la Semaine de Théâtre Antique. Lorsque Florence Beillacou, la fondatrice et metteuse en scène de la Cie La Lumineuse nous a contactés pour nous parler de son nouveau projet, monter la première tragédie de Corneille, nous n’avons pas hésité un instant à lui dire que nous programmerions cette pièce pour notre vingtième édition, tant son travail de restitution contemporaine du théâtre baroque avec ses codes de jeu spécifiques nous avait convaincus.
Le « jeune Corneille » joue avec délices, dans cette pièce non bridée par les exigences du « classicisme » à venir, du monstrueux et du fantastique, dans une langue puissamment charnelle et passionnée. Il explore avec une extrême finesse l’humanité sise au cœur et au corps d’un personnage dont la violence verbale et meurtrière explose le tabou suprême de l’infanticide. Si sa Médée manifeste une hubris glaçante et grandiose, comme dans toutes les versions du mythe, et suscite chez le spectateur, comme il se doit dans le théâtre tragique, terreur et pitié, elle est aussi l’être blessé piégé par les passions et ambitions des autres qui nous émeut profondément.
La diction baroque, le jeu frontal des comédiens, l’éclairage à la bougie, les panneaux dorés glissants situant la grotte ou le palais, sont mobilisés par une mise en scène dont l’esthétique plonge le public dans une atmosphère raffinée et irréelle. A ce baroque conjoint de la langue et des effets visuels et sonores, s’ajoute le resserrement sur l’action permis par la réduction d’environ 1/5 du texte, la suppression de personnages secondaires et le renforcement du rythme par la ponctuation de percussions.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 4 Juillet 2019 à 06:23 | Lu 270 fois

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