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Phèdre de Racine, Le Sémaphore -Théâtre d’Irigny (69), le 1er avril 2011

Phèdre la fille de Minos et de Pasiphaé aime Hippolyte, le fils de Thésée, son mari ! Elle avoue son amour à OEnone, “ la dévouée ”, amour impossible, amour incestueux. Phèdre, tout au long de la tragédie, veut expurger la noirceur de son crime en se donnant la mort. Cette mort qu’elle implore, sera retardée par l’annonce soudaine du retour de Thésée...


Note d’intention de Gilbert Ponté, metteur en scène

Phèdre, de Racine, mise en scène Gilbert Ponté © DR
Phèdre, de Racine, mise en scène Gilbert Ponté © DR
Qui n’a pas célébré la construction tragique de Phèdre, la profondeur des personnages et la richesse de la versification, la musicalité de l'alexandrin ? Qui ne conserve dans un coin de sa mémoire le souvenir de ces fameux vers « la fille de Minos et de Pasiphaé / Ose aimer Hippolyte », vers qui souvent résument la tragédie de Phèdre ?

Mais ce n’est ni par la beauté du vers, ni par un attendrissement mielleux que Racine nous fascine.
Non, c’est par sa violence que l’oeuvre de Racine reste vivante encore aujourd’hui ! Violence des rapports entre les personnages tragiques qui franchissent les limites de la conditions humaines, enfreignant les règles de la morale “ de l’ordre établi ”. Les personnages raciniens mentent, tuent, dissimulent. Ils atteignent un individualisme pathologique qui les aveugle, les empêche de prendre la moindre décision, malgré la liberté qu’ils ont de choisir, ou de persister, ou de fuir. La souffrance de l’autre n’existe pas. Pourtant pas de fatalité, les personnages sont libres et s’ils acceptent de jouer ce Jeu de la Cruauté, c’est parce qu’ils sont consentants, intelligemment consentants. Pas d’échappatoire donc pour les personnages raciniens. Ils sont présents devant nous pour se détruire et mourir. Ils sont là pour expier, pour s’entre-déchirer, sous le regard des dieux silencieux et malveillants. Les personnages raciniens n’ont pas d’avenir.

Monstres d’égoïsmes ils ne s’écoutent pas : Phèdre n’écoute pas, elle monologue... de même Hippolyte... de même Thésée ! Pourtant chacun espère et attend désespérément une réponse.

Une réponse qui parfois surgit violente, animale, monstrueuse. Et c’est au travers de cette violence que transparaît alors la Souffrance. Les personnages de Phèdre sont des souffrants qui hurlent leur solitudes à des dieux silencieux et malveillants qui laissent l’homme face à son animalité.
C’est à partir de ces deux axes violence / souffrance que la mise en scène s’est élaborée. C’est cette souffrance que j'ai voulu que les acteurs dévoilent devant nous sans pudeur. La souffrance qui, aujourd'hui, est tabou. C’est par là que le chef d’oeuvre de Racine nous semble profondément contemporain.

Si Phèdre nous fascine c’est également parce qu'elle est une tragédie de l'amour et non pas de l’inceste. Phèdre aime mais elle rêve d’un amour qui n’existe pas. La Violence de la passion amoureuse qu’elle éprouve pour Hippolyte l’entraîne dans un délire amoureux. Elle aime l’Amour Absolu qui ne peut que l’entraîner vers sa mort. Un amour d’adolescente enflammée. Et son suicide final est un suicide d’amour moins que de rédemption. C’est pourquoi le rôle de Phèdre est interprété par une comédienne jeune. Qui mieux que la jeunesse peut, sans romantisme, représenter le cérémonial tragique ?

Racine, bio expresse

Racine naît en 1639. Orphelin à trois ans, issu d'une famille de petits bourgeois proches des milieux jansénistes, Racine est admis aux Petites Ecoles de Port Royal grâce à la protection de sa grand mère. Il y est élève jusqu'en 1653. Le jansénisme est condamné cette même année.

Il poursuit sa scolarité au collège de Beauvais, à Paris, avant de revenir à Port Royal en 1655, à l'Ecole des Granges. Racine est ambitieux et compte faire carrière dans le monde. Son premier véritable triomphe est Andromaque, qui fait pleurer avec délectation mondains et courtisans en 1667.
Au faîte de sa gloire, il entreprend même de rivaliser avec Molière avec sa comédie Les Plaideurs en 1668.
En 1677, la représentation de Phèdre est l'occasion d'affrontements plus aigus qu'à l'accoutumée avec le parti cornélien. Cette même année, il devient historiographe du roi avec Boileau.
Racine prend alors ses distances avec le théâtre et par la même occasion, se rapproche de Port Royal. Dans le même temps grandit la dévotion du roi qui épouse en 1684 Mme de Maintenon.
Les deux dernières tragédies de Racine, Esther en 1689 et Athalie en 1691, d'inspiration bibliques, sont commandées par la nouvelle femme du roi pour les demoiselles de Saint-Cyr. Racine s'éteint en 1699, toujours en grâce. Il est enterré à Port Royal. Ses cendres, ainsi que celles de Pascal, ont été transférées en 1711 à l'église Saint-Etienne-du-Mont, à Paris.

Pratique

Le Sémaphore-Théâtre d’Irigny
Rue de Boutan 69540 Irigny
Renseignements/Réservations : 04 72 30 47 90

c.c.champvillard@irigny.fr
www.irigny.fr

vendredi 1eravril 2011 à 20h30
TARIFS Vente libre
15€ Plein
12€ réduit (+65 ans, famille nombreuse, groupe,
personne à mobilité réduite)
7.5€ Demi (- de 18 ans, étudiants de - de 26 ans,
demandeurs d’emploi, professionnel du spectacle)
TARIFS Abonnés
Abon. Coeur : 11€ Abon. Pouce : 7€

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 8 Février 2011 à 16:56 | Lu 1896 fois

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