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Paris, Fondation Cartier pour l’art contemporain : Damien Hirst, Cerisiers en fleurs, exposition du 1er juin 2021 au 2 janvier 2022

« Les Cerisiers en fleurs parlent de beauté, de vie et de mort. Elles sont excessives — presque vulgaires. (…) Elles sont ornementales mais peintes d’après nature. (…) Les Cerisiers en fleurs sont tape à l’œil, désordonnées et fragiles, et grâces à elles, je me suis éloigné du minimalisme pour revenir avec enthousiasme à la spontanéité du geste pictural. » Damien Hirst


Damien Hirst dans son studio, 2019. Photo - Prudence Cuming Associates
Damien Hirst dans son studio, 2019. Photo - Prudence Cuming Associates

Une célébration de la couleur au milieu du chaos

Cerisiers en fleurs est la première exposition institutionnelle de Damien Hirst en France. La série des Cerisiers en fleurs [Cherry Blossoms] réinterprète avec une ironie joyeuse le sujet traditionnel et populaire de la représentation florale. Sur la toile, Damien Hirst mêle touches épaisses et projections de peinture faisant référence tant à l’impressionnisme et au pointillisme qu’à l’action painting.
Les toiles monumentales, entièrement recouvertes par les couleurs vives et saturées, enveloppent le spectateur dans un vaste paysage végétal oscillant entre figuration et abstraction.
Les Cerisiers en fleurs sont à la fois un détournement et un hommage aux grands mouvements artistiques de la fin du XIXe et du XXe siècle. Ils s’inscrivent dans les réflexions picturales que Damien Hirst mène depuis toujours.

Dans son atelier londonien, l’artiste dit « se plonger dans les toiles et les bombarder de peinture de bout en bout », travaillant plusieurs tableaux en même temps et revenant sans cesse sur certains qu’il garde auprès de lui de longs mois après leur achèvement.
Après y avoir consacré trois années entières, c’est en novembre 2020 que Damien Hirst achève la série des Cerisiers en fleurs : « La pandémie m’a permis de vivre avec mes peintures et de prendre le temps de les contempler, jusqu’à ce que je sois certain qu’elles étaient toutes terminées ». La série complète comprend 107 toiles (toutes reproduites dans le catalogue de l’exposition) réparties en panneaux simples, diptyques, triptyques, quadriptyques et même un hexaptyque, toutes de très grand format.
L’exposition, qui répond à une invitation d’Hervé Chandès à Damien Hirst lors d’une rencontre à Londres en 2019, présente 30 tableaux qu’ils ont choisis ensemble. Envahissant l’espace de Jean Nouvel, les toiles vibrantes immergent le spectateur dans la peinture.

Des Young British Artists aux Cerisiers en fleurs

Étudiant à Leeds puis au Goldsmiths College de Londres à partir de 1986, Damien Hirst devient rapidement le chef de file des Young British Artists (YBA), un groupe d’artistes partageant un goût pour l’expérimentation et la création de dispositifs parfois perçus comme choquants, qui domina la scène britannique dans les années 1990.
Les animaux plongés dans d’immenses aquariums remplis de formol de sa série Natural History deviennent ainsi rapidement des images iconiques de son œuvre.
La peinture est également essentielle dans la pratique artistique de Hirst : « J’ai toujours été un grand amoureux de la peinture et pourtant j’ai constamment cherché à m’en éloigner. En tant que jeune artiste, on est nécessairement influencé par les tendances du moment, et dans les années 1980 la peinture n'était pas dans l'air du temps. »

Si les toiles des débuts sont inspirées de l’expressionnisme abstrait – qu’il qualifie de « paint how you feel » – il entreprend dès 1986 la série des Spot Paintings dans laquelle les points colorés semblent réalisés par une machine, gommant toute trace d’intervention humaine. Conçues dès leur origine comme une série sans fin, les Spot Paintings comptent aujourd’hui plus de mille tableaux aux titres et dimensions variables.
S’opposant à cette infinité mathématique, les toiles de la série Visual Candy (1993-1995) – nommées ironiquement à la suite de la remarque moqueuse d’un critique d’art qui les avait comparées à des motifs de rideaux – sont composées de tâches épaisses et de couleurs acidulées superposées. Plus récemment, les séries achevées des Colour Space (2016), variation autour de l’infinie possibilité des couleurs, et des Veil Paintings (2018), dans lesquelles les touches de peinture scintillent et recouvrent entièrement la toile, célèbrent déjà la matière et la couleur. Cette recherche trouve son accomplissement avec les Cerisiers en fleurs.
« Les Cerisiers en fleurs parlent de beauté, de vie et de mort. Elles sont excessives — presque vulgaires. Comme Jackson Pollock abîmé par l’amour. Elles sont ornementales mais peintes d'après nature. Elles évoquent le désir et la manière dont on appréhende les choses qui nous entourent et ce qu’on en fait, mais elles montrent aussi l’incroyable et éphémère beauté d’un arbre en fleurs dans un ciel sans nuages. C’était jouissif de travailler sur ces toiles, de me perdre entièrement dans la couleur et la matière à l’atelier. Les Cerisiers en fleurs sont tape-à-l’œil, désordonnées et fragiles, et grâce à elles je me suis éloigné du minimalisme pour revenir avec enthousiasme à la spontanéité du geste pictural ». Damien Hirst

Damien Hirst

Damien Hirst, 2019. Photo - Prudence Cuming Associates.
Damien Hirst, 2019. Photo - Prudence Cuming Associates.
Né en 1965 à Bristol au Royaume-Uni, Damien Hirst grandit à Leeds puis s’installe à Londres en 1984, où il vit aujourd’hui. En 1988, étudiant au Goldsmiths College, il organise l’exposition Freeze, qui réunit ses
œuvres et les travaux d’autres élèves. L’exposition lance sa carrière ainsi que celle de nombreux jeunes artistes britanniques et marque la naissance du courant des Young British Artists.
En 1995, il est lauréat du prix Turner.
Travaillant aussi bien la sculpture que l’installation, la peinture et le dessin, Damien Hirst explore les
thématiques liées à la vie et la mort, l’excès et la fragilité. Artiste mondialement connu, il a notamment exposé ses œuvres à la Tate Modern de Londres dans le cadre d’une grande rétrospective (Damien Hirst, 2012) et au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana à Venise (Treasures from the Wreck of the Unbelievable, 2017).

Info+

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, boulevard Raspail
75014 Paris, France


Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 11 Février 2021 à 16:20 | Lu 137 fois

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