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Musée Rodin Paris, réouverture le 12 novembre 2015

La sculpture au cœur de la rénovation de l’hôtel Biron


L’Âge d’airain dans son nouvel écrin, salle 3 du nouveau parcours, © agence photographique du musée Rodin, J. Manoukian
L’Âge d’airain dans son nouvel écrin, salle 3 du nouveau parcours, © agence photographique du musée Rodin, J. Manoukian
Connu sous le nom d’hôtel Biron, le magnifique hôtel particulier datant du XVIIIe siècle abrite le musée Rodin depuis son ouverture en 1919. Il a fallu plus de trois années de travaux pour le restaurer et le mettre aux normes de sécurité et d’accessibilité. Les parquets, en particulier, avaient énormément souffert de la fréquentation des 700 000 visiteurs annuels. La rénovation de cet écrin a été l’occasion d’une refonte complète du parcours muséographique. La présentation porte un nouveau regard sur les collections du musée et le processus créatif de l’artiste est au cœur de la réflexion de ce parcours. À cette occasion, de nombreuses pièces en plâtre, qui illustrent la genèse de l’œuvre de l’artiste, ont été restaurées et sorties des réserves.

Le parcours à la fois chronologique et thématique se déroulera sur 18 salles ainsi qu’un espace dédié aux collections d’arts graphiques et de photos, qui n’existait pas. Une salle (« Rodin à l’hôtel Biron ») restituera la présence de Rodin à l’hôtel Biron, sa demeure à partir de 1908. Le mobilier a été restauré à cette occasion, et ce cabinet de curiosités présentera à la fois des œuvres du maître mais également des éléments de sa collection d’antiques à laquelle il tenait beaucoup. Cette collection, peu montrée jusqu’à maintenant, fera elle aussi l’objet d’une présentation dans la salle « Rodin et l’Antique », plus de cent fragments antiques entourant l’Homme qui marche seront accrochés au mur, reflétant l’admiration que Rodin portait à l’Antique ainsi que la diversité de sa collection. L’accrochage d’une cinquantaine de peintures de la collection de l’artiste sera également une découverte pour le public, le Père Tanguy de Van Gogh ou le Penseur d’Edward Munch, mais aussi le Théâtre de Belleville d’Eugène Carrière restauré pendant 3 ans au Centre de recherche et de restauration des musées de France, qui a retrouvé son éclat.

Grâce à la générosité de la fondation Iris & B. Gerald Cantor, le mobilier a été spécialement conçu pour accueillir les sculptures dans les espaces rénovés. Farrow & Ball, partenaire du musée, a créé une couleur unique, Biron Gray, dont la subtilité mettra en valeur les œuvres.

Rodin à l'Hôtel Biron

« Vous devriez, cher grand ami, voir ce beau bâtiment et la salle que j’habite depuis ce matin. Ses trois baies donnent prodigieusement sur un jardin abandonné, où on voit de temps en temps les lapins naïfs sauter à travers les treillages comme dans une ancienne tapisserie. » Rainer Maria Rilke à Auguste Rodin, le 31 août 1908

Lorsque le poète Rainer Maria Rilke, ancien secrétaire de Rodin, adressa cette lettre au sculpteur, il venait d’investir l’atelier qu’occupait sa femme, Clara Westhoff, dans une des salles du rez-de-chaussée de cet ancien domaine de la congrégation du Sacré Cœur de Jésus qui y avait installé une maison d’éducation pour les jeunes filles de l’aristocratie. En 1904, et en application de la loi qui supprimait les congrégations enseignantes, les religieuses furent contrainte
de l’abandonner. Provisoirement et dans l’attente d’une décision officielle, le vieux bâtiment désaffecté fût mis en location. De jeunes artistes occupèrent les lieux, louant à bas prix une ou plusieurs pièces en guise d’atelier ou de logement. Les inconnus côtoyaient les célébrités actuelles et futures comme le peintre Henri Matisse, la danseuse Isadora Duncan ou le poète
Jean Cocteau. Attiré par la poésie du XVIIIe siècle, Rodin fut immédiatement conquis et s’y installa quelques semaines plus tard en 1906, louant un, puis plusieurs salons du rez-de chaussée.

« L’hôtel n’est vraiment mélancolique que lorsque, par la brume, il regarde la sauvagerie du jardin à l’abandon ; il n’est triste que lorsqu’il semble évoquer son passé de bosquets et de petits temple. » Gustave Coquiot, Rodin à l’hôtel Biron et à Meudon, Ollendorff éditeur, Paris, 1917.

Dans ce lieu, Rodin recevait ses admirateurs, des journalistes, des marchands et des collectionneurs. L’exposition monographique qu’il avait organisée au pavillon de l’Alma en 1900 en marge de l’Exposition universelle avait fait sa renommée internationale ; les visites à Paris de personnalités françaises et étrangères entraînèrent de nombreuses commandes qui en firent l’artiste le plus convoité. Cette renommée, fraîchement établie, lui attira alors une nouvelle clientèle, célèbre et fortunée, qui ne tarda pas à lui passer commande. Mais tout en travaillant à la réalisation de ces portraits sculptés, le maître consacra progressivement la plupart de son temps au dessin. Installé dans un des salons ovales qui donnait sur le jardin, Rodin s’enfermait pour dessiner, dans une veine parfois très érotique, des nus qui avaient désormais sa préférence. Chaque jour, de Meudon, Rodin regagnait Paris et son atelier du dépôt des marbres, rue de l’Université puis à partir de 1908, l’hôtel Biron.

Le projet d'un musée

Lorsqu’en 1911, l’État devint propriétaire des lieux, il affecta la partie sud du jardin au lycée Victor Duruy avant de menacer le sculpteur et ses autres locataires d’expulsion. Tous quittèrent les lieux. Mais de précieux soutiens politiques et artistiques permirent à Rodin d’obtenir un sursis et de repousser plusieurs fois la mise en vente de l’hôtel particulier. Le rêve, secrètement caressé par Rodin tout au long de sa vie, de créer son propre musée ressurgit dès lors que l’artiste put jouir d’une reconnaissance réelle et d’une aisance financière. Le vieux sculpteur menait là son dernier combat.

La donation
Rodin donna à l’État la totalité de ses collections en 1916. Finalement, après des débats acharnés, c’est en pleine guerre, le 24 décembre 1916, que la Chambre des Députés, puis le Sénat, acceptèrent la donation. L’Assemblée nationale vota alors l’établissement du musée Rodin à l’hôtel Biron. Les retards imposés par la guerre empêchèrent le sculpteur d’assister à l’accomplissement de son rêve en ne rendant possible l’ouverture du musée que deux ans après sa mort, le 4 août 1919.

Pratique

Musée Rodin
79 Rue de Varenne
75007 Paris,France
musee-rodin.fr
+33 1 44 18 61 10
Établissement ouvert : 10:00 – 17:45


Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 23 Octobre 2015 à 14:34 | Lu 253 fois

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