.... au théâtre ou dans d’autres registres une artiste multiforme qui surprend, étonne, et à nouveau conquiert le cœur du public. Sa prestation dans UND, unanimement saluée par la critique, est impressionnante. Pas vraiment une découverte pour la Dessay. On souvient de ses interprétations à l’opéra, donnant du corps, de la chair, de la vie à des œuvres classiques manquant parfois d’étoffe.
Un entretien téléphonique, plus techniquement un phoner, n’est pas une interview puisqu’on n’entrevoit pas son interlocuteur, mais on a l’avantage d’y être plus détendu, le regard de l’âme en moins...
De passage au Théâtre du Gymnase à Marseille ou elle interprète UND (ET) d’Howard Barker dans une mise en scène de Jacques Vincey, elle accepte volontiers de répondre à mes questions.
Un entretien téléphonique, plus techniquement un phoner, n’est pas une interview puisqu’on n’entrevoit pas son interlocuteur, mais on a l’avantage d’y être plus détendu, le regard de l’âme en moins...
De passage au Théâtre du Gymnase à Marseille ou elle interprète UND (ET) d’Howard Barker dans une mise en scène de Jacques Vincey, elle accepte volontiers de répondre à mes questions.
Natalie Dessay, UND
Danielle Dufour-Verna : Je n’évoquerai pas la divine soprano colorature ni les raisons qui ont déterminé votre changement de carrière, vous y avez répondu 1000 fois. Les 30 et 31 mai, 1er et 2 juin prochains vous vous produisez à Marseille au Théâtre du Gymnase. Connaissez-vous le Théâtre et Marseille ?
Natalie Dessay : Je vais commencer par dire que je viens aussi à partir du 27 mai au Théâtre de La Criée. Je fais une lecture d’Elena Ferrante « L’amie prodigieuse » dans un festival qui s’appelle, je crois, « Bibliothèque pour tous », et il y a la pièce UND. Je connais le théâtre du Gymnase car mon mari y a fait ses débuts de chanteur d’opéra en 1990 avec le CNIPAL et où il jouait « Cosi fan tutte » de Mozart. J’ai assisté à cette représentation. Je n’y ai jamais joué moi-même mais je connais Marseille. Je suis venue plusieurs fois à l’Opéra, plusieurs fois à Marseille car c’est une ville que j’aime beaucoup, où j’ai des amis, des connaissances.
D. D-V : Vous avez choisi d’interpréter UND d’Howard Barker, un texte onirique et ardu qui respecte la règle des trois unités au théâtre : action, lieu, temps. Est-ce pour couper toute similitude avec l’opéra ?
Natalie D : D’abord ce n’est pas mon choix. C’est Jacques Vincey, le metteur en scène, qui est venu me trouver avec ce texte qui m’a beaucoup plu et auquel je n’aurais jamais pensé vu que je ne le connaissais pas. Moi j’avais surtout envie de travailler avec Jacques Vincey et je me disais que s’il me proposait quelque chose comme cela c’est qu’il y avait déjà réfléchi, plus que moi certainement, et donc je lui ai fait confiance. Il est évident que c’est un texte qui m’a plu parce que précisément c’est poétique et que ça n’assène rien !
D. D-V : Vous rejoignez dans ce texte et par votre interprétation les grandes tragédiennes antiques ; mais le message est différent, plus méditatif, plus intense. « Etre plutôt que Faire ». Cela a-t-il contribué à votre choix ?
Natalie D : Oui, c’est-à-dire que c’est une réflexion, ce n’est pas un discours. Cela pourrait être ce qui pourrait se passer dans la tête de quelqu’un qui va mourir de façon imminente. On dit toujours que l’on revoie toutes les images de sa vie. Ce pourrait être ça, ce pourrait être le parcours d’une vie. C’est quelqu’un qui ne finit pas ses phrases, qui parle à la vitesse de sa pensée qui vagabonde énormément.
D. D-V : Votre performance est prodigieuse. Vous jouez avec des « partenaires » qui ne vous respectent pas : des pans de glace suspendus comme des couperets qui tombent à des moments différents et vous obligent sans doute à modifier votre jeu ? Vous qui aimez l’ordre par-dessus-tout…
Natalie D : Non, non ! Je n’aime pas l’ordre ! J’aime les surprises.
D. D-V : Bien ! C’est donc une occasion de vous dépasser ?
Natalie D : C’est-à-dire que c’est génial car chaque fois différent. C’est forcément différent puisque la glace joue différemment
D. D-V : La musicalité voulue de l’écriture de Barker est-elle un atout pour vous ?
Natalie D : Oui bien sûr, parce que j’ai peut-être plus d’aptitude à aborder ce texte que quelqu’un qui ne serait pas musicien et qui n’aurait pas travaillé le rythme, la couleur et le phrasé pendant tant d’années.
D. D-V : C’est un monologue mais la musique, les sons, sont omni présents. Considérez-vous exercer plutôt un dialogue avec la guitare de votre partenaire muet sur scène Alexandre Meyer, comme une fin de phrase, une réponse ?
Natalie D : Oui, bien sûr, c’est un dialogue. C’est comme si j’étais dans un film avec une bande son. Le son aide aussi à éprouver les sensations.
D. D-V : Dans un monologue on se parle à soi-même mais aussi à quelqu’un. A part le public, à qui parlez-vous Natalie ?
Natalie D : Il y a un quatrième mur qui est poreux ; Je veux dire, c’est à la fois quelqu’un qui se parle de temps en temps à elle-même, qui parle de temps en temps aux gens qui sont devant elles, qui parle parfois à la personne qu’elle attend
- A votre moi intérieur aussi ?
- Oui, il y a de multiples adresses en fait.
D. D-V : Vous campez une aristocrate juive ravagée par les fantômes de la Shoah. Quand on sait votre conversion au Judaïsme, ce rôle aux portes de l’enfer n’est-il pas trop lourd à porter surtout à l’époque actuelle ? Ou est-ce un exutoire, un cri ?
Natalie D : Non non, parce que la Judaïté est évoqué comme cela, mais ce n’est pas le sujet principal. Non, parce que Howard Barker ne peut plus écrire de théâtre au 20e siècle et à fortiori fin 19e comme avant la catastrophe qui est la Shoah, le premier grand génocide au monde on va dire parce qu’avant il y a eu l’Arménie, mais disons que c’est celui qui a marqué par son ampleur et sa systématisation dans l’histoire de l’humanité. Donc c’est évoqué comme quelque chose sans laquelle « on ne peut pas faire » Je dirais que quand elle dit « Je ne suis pas une aristocrate, je suis une Juive », pour moi ce n’est pas cela ; ça veut dire qu’elle essaie d’être une « stoïque » face à la mort. Elle n’est qu’une Juive, c’est-à-dire qu’elle n’est qu’une humaine, avec toutes ses faiblesses et toutes ses fragilités ; pour moi c’est cela que ça veut dire ; donc cela va au-delà même du fait d’être Juif, aristocrate, pas Juif etc. C’est une image qui veut dire que jusqu’à l’inéluctable on essaie de se tenir droit mais que c’est très dur car on n’est qu’humain et fragile.
-Qui se dilue donc comme les épées de glace suspendues ?
-Absolument. Et qui me tombent dessus et me menacent.
D. D-V : Le pouvoir de résistance du langage face à la mort a-t-il un écho fort en vous ? Qui se cache derrière la Natalie drôle et généreuse ?
Natalie D : Les mots et la littérature, c’est une des seules choses avec la musique qui peut nous consoler de l’inéluctable…. En attendant en tous cas.
D. D-V : Vous donnez l’impression d’avoir livré votre âme au metteur en scène. Avez-vous besoin d’âtre en osmose, de vous sentir bien au sein d’une équipe pour donner le meilleur de vous-même ?
Natalie D : Ah oui ! Ah oui ! Surtout quand je sens qu’on me regarde avec bienveillance et exigence. Je crois là qu’on peut tout obtenir de moi, absolument tout. Surtout avec Jacques Vincey.
D. D-V : Si le FN étaient aux commandes de l’Etat, bien des théâtres ne seraient plus subventionnés et devraient carrément fermer. Pour poser un acte citoyen, seriez-vous prête à vous produire bénévolement pour aider des théâtres en difficulté ?
Natalie D : Oui, je le fais déjà pour des associations, des fondations ou autres dont je suis la marraine ou pas.
D. D-V : Richard Martin, directeur du Théâtre Toursky, ce grand lieu de culture et de vie, artiste saltimbanque humaniste et rebelle, frangin à vie du regretté Léo Ferré, a organisé il y a peu une « Faites de la Fraternité », grande fête populaire réunissant artistes et associations de tout le pourtour méditerranéen. Par ailleurs, Christophe Alévêque, le 2 juin, y fera sa « Fête de la dette », en aide au Secours Populaire. Qu’évoque pour vous le mot « Fraternité » ?
Natalie D : La Solidarité, et cela se rapporte pour moi à ce que devrait être l’Humanité. On sait très bien que l’union fait la force quoi qu’il arrive et quelle que soit la situation.
D. D-V : Vous avez l’instinct de la scène, de la partition, du texte. Quels sont vos projets à court terme ?
Natalie D : On finit UND à Marseille et on va le reprendre à la rentrée du 22 septembre au 13 octobre. Entre temps j’ai encore des concerts classiques. En juin, je suis à Biot, à côté de Nice, où je vais régulièrement. Ce sera un concert classique avec Philippe Cassard. Il y aura du Shubert, du Pfitzner, du Debussy, de la musique française. A la rentrée je vais répéter une nouvelle pièce de Stefan ZWEIG qui s’appelle « La légende d’une vie » dans une mise en scène de Christophe Lidon, qu’on va donner essentiellement en province tout le premier trimestre et qu’on espère porter à Paris ensuite. Puis il y a un nouvel album de Michel Legrand qui sort au mois de novembre, une nouvelle œuvre qu’il a commencée il y a plus de quarante ans et qu’il a terminé pour moi. C’est un cycle de 14 chansons en Anglais qui raconte la vie d’une femme de sa naissance jusqu’à sa mort en passant par toutes les étapes de sa vie et cela s’appelle : « Between yesterday and to-morrow ».
D. D-V : - On a hâte de l’entendre.
Vous êtes née à Lyon, avez grandi à Bordeaux, deux villes célèbres pour les arts culinaire et œnologique français ? Etes-vous aussi gourmande à table que ce que vous l’êtes dans la vie ?
Natalie D : Hélas oui ! Je fais très attention parce que j’adore les gâteaux. Je les fais très bien. J’aime manger et j’aime les bonnes choses, oui.
D. D-V : Vous vous réclamez germanophile et pourtant vos attitudes, votre appétit de vie, votre enthousiasme sont très latins. Vous qui êtes une amante de l’art, aimez-vous l’Italie ?
Natalie D : Germanophile et germanophone : je parle très bien l’Allemand. J’adore l’Italie. J’ai beaucoup aimé chanter en Italien, mais c’est vrai que bizarrement, culturellement, je me sens plus proche de l’Allemagne, parce que je parle très bien l’Allemand alors que je ne parle pas bien l’Italien. J’ai dû beaucoup travailler mon Italien pour le chanter. Et c’est drôle parce que je suis attirée vraiment et depuis toujours par l’Allemagne, la culture anglo-saxonne et la culture russe, très naturellement mais je ne saurais pas dire pourquoi.
Natalie Dessay : Je vais commencer par dire que je viens aussi à partir du 27 mai au Théâtre de La Criée. Je fais une lecture d’Elena Ferrante « L’amie prodigieuse » dans un festival qui s’appelle, je crois, « Bibliothèque pour tous », et il y a la pièce UND. Je connais le théâtre du Gymnase car mon mari y a fait ses débuts de chanteur d’opéra en 1990 avec le CNIPAL et où il jouait « Cosi fan tutte » de Mozart. J’ai assisté à cette représentation. Je n’y ai jamais joué moi-même mais je connais Marseille. Je suis venue plusieurs fois à l’Opéra, plusieurs fois à Marseille car c’est une ville que j’aime beaucoup, où j’ai des amis, des connaissances.
D. D-V : Vous avez choisi d’interpréter UND d’Howard Barker, un texte onirique et ardu qui respecte la règle des trois unités au théâtre : action, lieu, temps. Est-ce pour couper toute similitude avec l’opéra ?
Natalie D : D’abord ce n’est pas mon choix. C’est Jacques Vincey, le metteur en scène, qui est venu me trouver avec ce texte qui m’a beaucoup plu et auquel je n’aurais jamais pensé vu que je ne le connaissais pas. Moi j’avais surtout envie de travailler avec Jacques Vincey et je me disais que s’il me proposait quelque chose comme cela c’est qu’il y avait déjà réfléchi, plus que moi certainement, et donc je lui ai fait confiance. Il est évident que c’est un texte qui m’a plu parce que précisément c’est poétique et que ça n’assène rien !
D. D-V : Vous rejoignez dans ce texte et par votre interprétation les grandes tragédiennes antiques ; mais le message est différent, plus méditatif, plus intense. « Etre plutôt que Faire ». Cela a-t-il contribué à votre choix ?
Natalie D : Oui, c’est-à-dire que c’est une réflexion, ce n’est pas un discours. Cela pourrait être ce qui pourrait se passer dans la tête de quelqu’un qui va mourir de façon imminente. On dit toujours que l’on revoie toutes les images de sa vie. Ce pourrait être ça, ce pourrait être le parcours d’une vie. C’est quelqu’un qui ne finit pas ses phrases, qui parle à la vitesse de sa pensée qui vagabonde énormément.
D. D-V : Votre performance est prodigieuse. Vous jouez avec des « partenaires » qui ne vous respectent pas : des pans de glace suspendus comme des couperets qui tombent à des moments différents et vous obligent sans doute à modifier votre jeu ? Vous qui aimez l’ordre par-dessus-tout…
Natalie D : Non, non ! Je n’aime pas l’ordre ! J’aime les surprises.
D. D-V : Bien ! C’est donc une occasion de vous dépasser ?
Natalie D : C’est-à-dire que c’est génial car chaque fois différent. C’est forcément différent puisque la glace joue différemment
D. D-V : La musicalité voulue de l’écriture de Barker est-elle un atout pour vous ?
Natalie D : Oui bien sûr, parce que j’ai peut-être plus d’aptitude à aborder ce texte que quelqu’un qui ne serait pas musicien et qui n’aurait pas travaillé le rythme, la couleur et le phrasé pendant tant d’années.
D. D-V : C’est un monologue mais la musique, les sons, sont omni présents. Considérez-vous exercer plutôt un dialogue avec la guitare de votre partenaire muet sur scène Alexandre Meyer, comme une fin de phrase, une réponse ?
Natalie D : Oui, bien sûr, c’est un dialogue. C’est comme si j’étais dans un film avec une bande son. Le son aide aussi à éprouver les sensations.
D. D-V : Dans un monologue on se parle à soi-même mais aussi à quelqu’un. A part le public, à qui parlez-vous Natalie ?
Natalie D : Il y a un quatrième mur qui est poreux ; Je veux dire, c’est à la fois quelqu’un qui se parle de temps en temps à elle-même, qui parle de temps en temps aux gens qui sont devant elles, qui parle parfois à la personne qu’elle attend
- A votre moi intérieur aussi ?
- Oui, il y a de multiples adresses en fait.
D. D-V : Vous campez une aristocrate juive ravagée par les fantômes de la Shoah. Quand on sait votre conversion au Judaïsme, ce rôle aux portes de l’enfer n’est-il pas trop lourd à porter surtout à l’époque actuelle ? Ou est-ce un exutoire, un cri ?
Natalie D : Non non, parce que la Judaïté est évoqué comme cela, mais ce n’est pas le sujet principal. Non, parce que Howard Barker ne peut plus écrire de théâtre au 20e siècle et à fortiori fin 19e comme avant la catastrophe qui est la Shoah, le premier grand génocide au monde on va dire parce qu’avant il y a eu l’Arménie, mais disons que c’est celui qui a marqué par son ampleur et sa systématisation dans l’histoire de l’humanité. Donc c’est évoqué comme quelque chose sans laquelle « on ne peut pas faire » Je dirais que quand elle dit « Je ne suis pas une aristocrate, je suis une Juive », pour moi ce n’est pas cela ; ça veut dire qu’elle essaie d’être une « stoïque » face à la mort. Elle n’est qu’une Juive, c’est-à-dire qu’elle n’est qu’une humaine, avec toutes ses faiblesses et toutes ses fragilités ; pour moi c’est cela que ça veut dire ; donc cela va au-delà même du fait d’être Juif, aristocrate, pas Juif etc. C’est une image qui veut dire que jusqu’à l’inéluctable on essaie de se tenir droit mais que c’est très dur car on n’est qu’humain et fragile.
-Qui se dilue donc comme les épées de glace suspendues ?
-Absolument. Et qui me tombent dessus et me menacent.
D. D-V : Le pouvoir de résistance du langage face à la mort a-t-il un écho fort en vous ? Qui se cache derrière la Natalie drôle et généreuse ?
Natalie D : Les mots et la littérature, c’est une des seules choses avec la musique qui peut nous consoler de l’inéluctable…. En attendant en tous cas.
D. D-V : Vous donnez l’impression d’avoir livré votre âme au metteur en scène. Avez-vous besoin d’âtre en osmose, de vous sentir bien au sein d’une équipe pour donner le meilleur de vous-même ?
Natalie D : Ah oui ! Ah oui ! Surtout quand je sens qu’on me regarde avec bienveillance et exigence. Je crois là qu’on peut tout obtenir de moi, absolument tout. Surtout avec Jacques Vincey.
D. D-V : Si le FN étaient aux commandes de l’Etat, bien des théâtres ne seraient plus subventionnés et devraient carrément fermer. Pour poser un acte citoyen, seriez-vous prête à vous produire bénévolement pour aider des théâtres en difficulté ?
Natalie D : Oui, je le fais déjà pour des associations, des fondations ou autres dont je suis la marraine ou pas.
D. D-V : Richard Martin, directeur du Théâtre Toursky, ce grand lieu de culture et de vie, artiste saltimbanque humaniste et rebelle, frangin à vie du regretté Léo Ferré, a organisé il y a peu une « Faites de la Fraternité », grande fête populaire réunissant artistes et associations de tout le pourtour méditerranéen. Par ailleurs, Christophe Alévêque, le 2 juin, y fera sa « Fête de la dette », en aide au Secours Populaire. Qu’évoque pour vous le mot « Fraternité » ?
Natalie D : La Solidarité, et cela se rapporte pour moi à ce que devrait être l’Humanité. On sait très bien que l’union fait la force quoi qu’il arrive et quelle que soit la situation.
D. D-V : Vous avez l’instinct de la scène, de la partition, du texte. Quels sont vos projets à court terme ?
Natalie D : On finit UND à Marseille et on va le reprendre à la rentrée du 22 septembre au 13 octobre. Entre temps j’ai encore des concerts classiques. En juin, je suis à Biot, à côté de Nice, où je vais régulièrement. Ce sera un concert classique avec Philippe Cassard. Il y aura du Shubert, du Pfitzner, du Debussy, de la musique française. A la rentrée je vais répéter une nouvelle pièce de Stefan ZWEIG qui s’appelle « La légende d’une vie » dans une mise en scène de Christophe Lidon, qu’on va donner essentiellement en province tout le premier trimestre et qu’on espère porter à Paris ensuite. Puis il y a un nouvel album de Michel Legrand qui sort au mois de novembre, une nouvelle œuvre qu’il a commencée il y a plus de quarante ans et qu’il a terminé pour moi. C’est un cycle de 14 chansons en Anglais qui raconte la vie d’une femme de sa naissance jusqu’à sa mort en passant par toutes les étapes de sa vie et cela s’appelle : « Between yesterday and to-morrow ».
D. D-V : - On a hâte de l’entendre.
Vous êtes née à Lyon, avez grandi à Bordeaux, deux villes célèbres pour les arts culinaire et œnologique français ? Etes-vous aussi gourmande à table que ce que vous l’êtes dans la vie ?
Natalie D : Hélas oui ! Je fais très attention parce que j’adore les gâteaux. Je les fais très bien. J’aime manger et j’aime les bonnes choses, oui.
D. D-V : Vous vous réclamez germanophile et pourtant vos attitudes, votre appétit de vie, votre enthousiasme sont très latins. Vous qui êtes une amante de l’art, aimez-vous l’Italie ?
Natalie D : Germanophile et germanophone : je parle très bien l’Allemand. J’adore l’Italie. J’ai beaucoup aimé chanter en Italien, mais c’est vrai que bizarrement, culturellement, je me sens plus proche de l’Allemagne, parce que je parle très bien l’Allemand alors que je ne parle pas bien l’Italien. J’ai dû beaucoup travailler mon Italien pour le chanter. Et c’est drôle parce que je suis attirée vraiment et depuis toujours par l’Allemagne, la culture anglo-saxonne et la culture russe, très naturellement mais je ne saurais pas dire pourquoi.
Courez voir Nathalie Dessay dans UND au théâtre du Gymnase ;
une pièce de Howard Barker dans une mise en scène habile de Jacques Vincey avec Natalie Dessay et Alexandre Meyer. Natalie Dessay possède l’habileté de marquer de son empreinte artistique tout ce qu’elle entreprend. Dans UND, cette actrice devient immense au centre de la scène. Elle se laisse fustiger, traverser par les mots, la musique, les sentiments, dans une transe qui la parcourt, entraînant le public avec elle.
« Une femme attend un homme
L’homme est en retard
Alors elle parle
Pendant ce temps, un inconnu assiège l’espace où elle se trouve
Et sa parole devient le dernier rempart dans un monde en train de sombrer. »
Danielle Dufour-Verna
« Une femme attend un homme
L’homme est en retard
Alors elle parle
Pendant ce temps, un inconnu assiège l’espace où elle se trouve
Et sa parole devient le dernier rempart dans un monde en train de sombrer. »
Danielle Dufour-Verna