Port Saïd, Egypte, 2010, 2/10 60 X 80 © Dolorès Marat / Courtesy : Galerie Françoise Besson, Lyon, France & Dolorès Marat
L’exposition rassemble près de 70 images, souvent des nouveaux tirages premiers de série, mettant en exergue les clichés pris dans les sites méditerranéens rêvés de Dolorès Marat : l’Egypte, la Syrie, l’Espagne, l’Italie… « Plus loin » dans le titre caractérise autant l’introduction d’une nouvelle manière de Dolorès Marat, que la capacité de l’artiste photographe à pousser sa quête, sa recherche vers des horizons différents, soit techniques, soit thématiques.
Son projet fut initié en 1998, à partir d’une commande officielle d’Agnès de Gouvion-Saint-Cyr, que Dolorès Marat tenta en Corse. Incroyable d’accepter ce défi pour cette attentive photographe du clos, de la rue, du champ fermé. Son travail habituel, qui faisait hésiter entre le jour et la nuit, la réalité et le rêve, trouvait son inspiration dans les sites en clair-obscur des cités.
L’exercice était difficile et le soleil qu’elle découvrit en prenant le bateau à Marseille, la confronta avec un paysage ouvert, l’horizon, l’extrême lumière et la nature qu’elle ne voulait pas rendre comme une carte postale. Dès le voyage en bateau de Marseille à Bastia, son acuité s’exerça et elle osa, comme elle l’exprime souvent lors de ses workshops aux étudiants, rappelant Selby Junior « la photographie c’est oser ». Pourtant, de la Corse, outre la mer et les vagues, nouveau sujet, elle ne tenta qu’un paysage de neige, comme si la couleur très vibrante de la Méditerranée l’impressionnait.
Les années fastes de sa carrière 2000-2010 ont été une période créative pour Dolorès Marat, qui reçut des commandes nombreuses. Son invitation en Syrie lui désigna une lumière encore plus violente. Elle s’étonna dès son premier voyage, à Damas en 2003, de voir autant le ciel et « qu’il était partout », comme elle l’exprime. Dans ses périples urbains parisiens ou new-yorkais, le ciel n’avait pas trouvé de présence pour elle. Bien évidemment il existait, mais elle ne l’avait pas envisagé comme un motif essentiel de son travail.
Cette nouvelle partie de sa recherche, ouverte à la lumière du soleil, aux architectures antiques, comme des rêves, déclencha une suite logique de visites de sites antiques qu’elle découvrit comme des vignettes d’un cahier d’école : les pyramides de Gizeh, les ruines de Palmyre, la géologie de la Jordanie… A la manière des Orientalistes du 19e siècle, elle tenta l’aventure de l’Orient rêvé, qu’elle nourrissait dans sa jeunesse de productions hollywoodiennes.
La série de photographies aujourd’hui présentées à l’exposition de Cannes, n’a jamais été révélée en entier, car un grave accident en 2011 la confronta à l’arrêt de la création et des expositions, qu’elle reprend aujourd’hui après 2 années de soins.
Son projet fut initié en 1998, à partir d’une commande officielle d’Agnès de Gouvion-Saint-Cyr, que Dolorès Marat tenta en Corse. Incroyable d’accepter ce défi pour cette attentive photographe du clos, de la rue, du champ fermé. Son travail habituel, qui faisait hésiter entre le jour et la nuit, la réalité et le rêve, trouvait son inspiration dans les sites en clair-obscur des cités.
L’exercice était difficile et le soleil qu’elle découvrit en prenant le bateau à Marseille, la confronta avec un paysage ouvert, l’horizon, l’extrême lumière et la nature qu’elle ne voulait pas rendre comme une carte postale. Dès le voyage en bateau de Marseille à Bastia, son acuité s’exerça et elle osa, comme elle l’exprime souvent lors de ses workshops aux étudiants, rappelant Selby Junior « la photographie c’est oser ». Pourtant, de la Corse, outre la mer et les vagues, nouveau sujet, elle ne tenta qu’un paysage de neige, comme si la couleur très vibrante de la Méditerranée l’impressionnait.
Les années fastes de sa carrière 2000-2010 ont été une période créative pour Dolorès Marat, qui reçut des commandes nombreuses. Son invitation en Syrie lui désigna une lumière encore plus violente. Elle s’étonna dès son premier voyage, à Damas en 2003, de voir autant le ciel et « qu’il était partout », comme elle l’exprime. Dans ses périples urbains parisiens ou new-yorkais, le ciel n’avait pas trouvé de présence pour elle. Bien évidemment il existait, mais elle ne l’avait pas envisagé comme un motif essentiel de son travail.
Cette nouvelle partie de sa recherche, ouverte à la lumière du soleil, aux architectures antiques, comme des rêves, déclencha une suite logique de visites de sites antiques qu’elle découvrit comme des vignettes d’un cahier d’école : les pyramides de Gizeh, les ruines de Palmyre, la géologie de la Jordanie… A la manière des Orientalistes du 19e siècle, elle tenta l’aventure de l’Orient rêvé, qu’elle nourrissait dans sa jeunesse de productions hollywoodiennes.
La série de photographies aujourd’hui présentées à l’exposition de Cannes, n’a jamais été révélée en entier, car un grave accident en 2011 la confronta à l’arrêt de la création et des expositions, qu’elle reprend aujourd’hui après 2 années de soins.
Dolorès Marat : l’itinéraire d’une étoile
L’enfant rêveuse qui s’émerveillait des noms des villes en leçon de géographie à l’Ecole communale, avait fait la demande à sa mère de devenir photographe, sans doute pour courir le monde. Les noms de villes en O la fascinaient comme Bilbao, Macao, San Francisco… Elle s’était essayée à 12 ans sur l’appareil familial, vénérable Instamatic Kodak, en utilisant le contre-jour pour le portrait de sa mère, un choix esthétique qu’elle reprendra résolument en ponctuation, au cours de sa carrière.
L’univers auquel la destinait sa famille modeste était celui de l’atelier d’ouvrier, de la chambre de travail et c’est dans cet esprit qu’elle devint à 14 ans, en 1958, cousette à façon à domicile, pour un tailleur, après son certificat d’étude et son diplôme de couturière. Elle garde de ces premières années d’apprentissage un soin du détail, une acuité du regard, une minutie qu’elle saura transposer. Sa capacité à s’émouvoir de belles histoires a fait perdurer son ambition et ses rêves. A l’occasion d’un congé donné par son employeur, elle partit travailler 15 jours chez un photographe de quartier en 1959, qui persuada sa mère de la lui confier contre une embauche plus rémunératrice que celle de la couture. L’époque était difficile pour les ouvriers à la sortie de la guerre et Dolorès Marat bénéficia de ce retournement de situation. Elle quitta définitivement la couture pour la photographie.
Autodidacte, elle fit ses classes dans la boutique du photographe de quartier à Sucy-en-Brie (Val de Marne) où elle travaillait comme apprentie. Elle vendait les appareils, les pellicules et réalisait pour lui les tirages, comme autrefois, en masquant les petits défauts sur l’agrandisseur et en augmentant le contraste ou le velouté. Son monde était celui de la photo d’identité qu’il fallait magnifier pour que l’homme banal ressemblât à une vedette américaine. Son quotidien photographique était celui du portrait de mariage ou de communion en studio. Toute une science aujourd’hui inconnue au monde du numérique.
A 25 ans, elle choisit de faire valider toutes ses compétences à Paris, auprès de l’illustre revue de mode de l’Oréal, Votre Beauté. Le luxueux magazine de l’époque magnifiait les coiffures traitées aux baumes que l’Oréal vendait. Le monde de la publicité est aussi celui du rêve, ce qui correspondait bien à la capacité de Dolorès Marat qui transpose la réalité. Le maniement de l’agrandisseur, le travail de la lumière pour les tirages argentiques, les tirages d’héliogravure furent son quotidien pendant 17 ans. C’est par elle que passaient les plus belles photographies de mode de Sarah Moon, de Guy Bourdin, de Sieff… C’est elle qui permettait aux plus grands de voir leurs clichés révélés.
Plus tard, le magazine lui permit de devenir photographe de studio, au détour d’un remplacement, à peine plus valorisé que le travail de laboratoire, car tout en changeant d’espace, elle garda le même salaire. Toutefois, elle sortit de l’ombre du laboratoire pour les studios. Elle découvrit alors le travail de nature morte qui devait faire étinceler les produits de beauté, les flacons de parfum, les bijoux, les cheveux coiffés des concours. La couleur prit le pas sur le noir et blanc et toutes ses photographies dans les magazines traduisaient son talent à faire vibrer les objets et les personnes. Pourtant, encore dans l’anonymat, elle ne signait toujours pas ses photographies.
C’est une prise de conscience en 1980 qui aiguilla son envie de faire des photographies personnelles, à sa manière, sans but alimentaire, d’initier un travail de recherche, de sortir du studio et de la nature morte. Elle tente une vision poétique de la réalité, se perdant dans les villes peuplées de fantômes dans les vitrines ou d’animaux. Pour avoir vu des tirages Fresson pendant sa carrière, elle savait qu’elle allait travailler avec ce mode d’expression, technique inventée au 19e siècle pour les photographes pictorialistes et adaptée à la couleur au milieu du 20e siècle. Connaissant bien le monde de la technique photographique, elle s’entend au mieux avec l’atelier Fresson, qui depuis le premier cliché qu’elle signa en 1983, tire son travail et fait partie de son univers. La technique du tirage Fresson rend une douceur velouté aux photographies et perd un peu le spectateur qui ne sait si on est en présence de dessin au pastel ou de photographie.
Depuis, elle ne cesse de prendre une place importante dans la photographie, marquée d’expositions notables, de publications importantes. De Paris à New-York, à la Méditerranée, comme un chemin vers la lumière que beaucoup de plasticiens depuis le 20e siècle ont expérimenté.
L’univers auquel la destinait sa famille modeste était celui de l’atelier d’ouvrier, de la chambre de travail et c’est dans cet esprit qu’elle devint à 14 ans, en 1958, cousette à façon à domicile, pour un tailleur, après son certificat d’étude et son diplôme de couturière. Elle garde de ces premières années d’apprentissage un soin du détail, une acuité du regard, une minutie qu’elle saura transposer. Sa capacité à s’émouvoir de belles histoires a fait perdurer son ambition et ses rêves. A l’occasion d’un congé donné par son employeur, elle partit travailler 15 jours chez un photographe de quartier en 1959, qui persuada sa mère de la lui confier contre une embauche plus rémunératrice que celle de la couture. L’époque était difficile pour les ouvriers à la sortie de la guerre et Dolorès Marat bénéficia de ce retournement de situation. Elle quitta définitivement la couture pour la photographie.
Autodidacte, elle fit ses classes dans la boutique du photographe de quartier à Sucy-en-Brie (Val de Marne) où elle travaillait comme apprentie. Elle vendait les appareils, les pellicules et réalisait pour lui les tirages, comme autrefois, en masquant les petits défauts sur l’agrandisseur et en augmentant le contraste ou le velouté. Son monde était celui de la photo d’identité qu’il fallait magnifier pour que l’homme banal ressemblât à une vedette américaine. Son quotidien photographique était celui du portrait de mariage ou de communion en studio. Toute une science aujourd’hui inconnue au monde du numérique.
A 25 ans, elle choisit de faire valider toutes ses compétences à Paris, auprès de l’illustre revue de mode de l’Oréal, Votre Beauté. Le luxueux magazine de l’époque magnifiait les coiffures traitées aux baumes que l’Oréal vendait. Le monde de la publicité est aussi celui du rêve, ce qui correspondait bien à la capacité de Dolorès Marat qui transpose la réalité. Le maniement de l’agrandisseur, le travail de la lumière pour les tirages argentiques, les tirages d’héliogravure furent son quotidien pendant 17 ans. C’est par elle que passaient les plus belles photographies de mode de Sarah Moon, de Guy Bourdin, de Sieff… C’est elle qui permettait aux plus grands de voir leurs clichés révélés.
Plus tard, le magazine lui permit de devenir photographe de studio, au détour d’un remplacement, à peine plus valorisé que le travail de laboratoire, car tout en changeant d’espace, elle garda le même salaire. Toutefois, elle sortit de l’ombre du laboratoire pour les studios. Elle découvrit alors le travail de nature morte qui devait faire étinceler les produits de beauté, les flacons de parfum, les bijoux, les cheveux coiffés des concours. La couleur prit le pas sur le noir et blanc et toutes ses photographies dans les magazines traduisaient son talent à faire vibrer les objets et les personnes. Pourtant, encore dans l’anonymat, elle ne signait toujours pas ses photographies.
C’est une prise de conscience en 1980 qui aiguilla son envie de faire des photographies personnelles, à sa manière, sans but alimentaire, d’initier un travail de recherche, de sortir du studio et de la nature morte. Elle tente une vision poétique de la réalité, se perdant dans les villes peuplées de fantômes dans les vitrines ou d’animaux. Pour avoir vu des tirages Fresson pendant sa carrière, elle savait qu’elle allait travailler avec ce mode d’expression, technique inventée au 19e siècle pour les photographes pictorialistes et adaptée à la couleur au milieu du 20e siècle. Connaissant bien le monde de la technique photographique, elle s’entend au mieux avec l’atelier Fresson, qui depuis le premier cliché qu’elle signa en 1983, tire son travail et fait partie de son univers. La technique du tirage Fresson rend une douceur velouté aux photographies et perd un peu le spectateur qui ne sait si on est en présence de dessin au pastel ou de photographie.
Depuis, elle ne cesse de prendre une place importante dans la photographie, marquée d’expositions notables, de publications importantes. De Paris à New-York, à la Méditerranée, comme un chemin vers la lumière que beaucoup de plasticiens depuis le 20e siècle ont expérimenté.
Pratique
Musée de la Mer - Tél : 04 93 38 55 26
Parking Laubeuf - Embarcadère Gare maritime, Quai Laubeuf
Juin à septembre : 10h - 17h45 - Ouvert tous les jours sans interruption
Tarifs : 6 euros - Tarif réduit : 3 euros (- de 25 ans, groupe de 10 adultes, Cannois avec justificatif) - Gratuité : - de 18 ans, étudiants jusqu’à 26 ans.
Parking Laubeuf - Embarcadère Gare maritime, Quai Laubeuf
Juin à septembre : 10h - 17h45 - Ouvert tous les jours sans interruption
Tarifs : 6 euros - Tarif réduit : 3 euros (- de 25 ans, groupe de 10 adultes, Cannois avec justificatif) - Gratuité : - de 18 ans, étudiants jusqu’à 26 ans.