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« Dialogue avec Thyde Monnier », samedi 9 mars 2019 à 20h30 au Centre Culturel Provençal, Marseille

Quelle merveilleuse initiative que ce « Dialogue avec Thyde Monnier », présenté dans la magnifique salle du Centre Culturel Provençal de Château-Gombert, au lendemain de la journée de la femme, écrivaine et féministe française, née à Marseille, au 36 rue de Rome, le 23 juin 1887 et morte à Nice le 18 janvier 1967.


Thyde Monnier n’a eu de cesse de chercher par sa plume et sa vie à se libérer du carcan où se trouvaient les femmes de son époque. Elle estime que la domination du mari dans le ménage met l'épouse sous l'éteignoir. De ses deux expériences conjugales, elle tire une conclusion nettement féministe, proclamant la nécessité d'une libération qui commence par la libération sexuelle. Que reste-t-il de Thyde Monnier, pour qui laisser une trace de son passage sur cette terre paraissait à la fois vain et important ?
Le spectacle créé par Jacques Durbec, auteur et Metteur en scène, et ses assistantes Vincenette Caors-Durbec et Bernadette D’Amato, promet d’y répondre. Avec les comédiennes, le musicien et les chanteuses de talent dont ils se sont entourés, le pari est assuré.

Une vie difficile
Dès sa naissance en 1887, Thyde Monnier est placée en nourrice, puis en pensionnat jusqu’à l’âge de 7 ans. Durant toute son enfance elle subit l’autoritarisme de son père, ce qui aura très certainement une influence sur cette envie de fuite qu’elle éprouvera toute sa vie et sur sa relation avec les hommes. Amoureuse de la nature, elle lit Zola, s’essaie à la peinture, à la poésie, et s’essaie à l’écriture qu’elle pratique en cachette de ses parents qui désapprouvent ce penchant. C’est à l’époque de ses douze ans, note-t-elle, que se produit le tremblement de terre qui détruit beaucoup de maisons du côté de Saint-Cannat, fortement ressenti jusqu’à Marseille. On dénombre plus de quatre cents victimes.

Féministe et rebelle
Elle critique la mode fin de siècle, qui transforme le corps de la femme pour le conformer aux standards de l’époque par de cruels artifices contre nature, véritables instruments de torture (taille serrée à l’extrême par un laçage étroit, corsets, bustiers étouffants, blessant les chairs). Elle se marie. Enceinte, elle essaie d’avorter mais accouche d’un enfant mort-né. Le 2 août 1914, coup de tonnerre dans un ciel trop bleu, dans un air trop chaud : la guerre est déclarée. A Marseille, les rues sont remplies de jeunes gens insouciants et gais qui se préparent à partir, la fleur au fusil, en chantant la Marseillaise, pour une promenade militaire de quelques semaines.
En 1915, Mathilde a rencontré son premier amant dans un cinéma. Pour se justifier, elle explique qu’elle se sent alors différente, étrangère à son milieu, mais qu’il lui faudra deux maris, deux divorces et cinquante ans de vie pour réaliser enfin cette différence. A Allauch en 1919, elle se sent de plus en plus habitée par le désir de la création littéraire. Elle écrit Les cœurs perdus, ouvrage qui ne sera pas publié. Par contre, Cette vieille romance, autre recueil poétique à la manière de Paul Géraldy, lui aussi écrit à Allauch, paraîtra plus tard, en 1924, aux Editions des Tablettes de Saint-Raphaël et lui procurera une réelle satisfaction, car la critique est plutôt élogieuse. 1920, entre Mathilde et son mari, les disputes deviennent de plus en plus fréquentes, graves, violentes. Maurice continue à la brutaliser et à la gifler pour des peccadilles. Mathilde a trente-trois ans.
Elle rencontre celui qu’elle nomme Georgy, avec lequel débute une liaison qui durera sept ans. De son côté, son mari la trompe avec plusieurs femmes en même temps.
Elle quitte Maurice le 21 novembre 1927, après une ultime querelle où il la gifle violemment. Mathilde a maintenant quarante-deux ans. Elle est de plus en plus habitée par le goût de l’écriture, le désir de la création. Mais il lui faudra attendre encore quelques années pour que, de chrysalide, elle déploie ses ailes et prenne son envol. Le 2 septembre 1932, André et Mathilde se marient.

Romancière reconnue
L’événement tant espéré se produit au début de 1937. “Dur, réaliste et pourtant savoureux”, ce roman, d’où se dégage une grande pitié pour les humbles, les petits, va être déchiré aussi bien qu’encensé par la grande presse parisienne. Reconnue par ses pairs, elle se doit désormais plus encore à son métier de romancière. 1937 est l’année des cinquante ans de Thyde. Elle reçoit les compliments de Colette. Et Grasset lui propose un contrat de plusieurs années pendant lesquelles elle devra produire cinq romans par an. Il lui faudra renoncer à cette entreprise déraisonnable.
Le 9 mars 1937, elle reçoit le prix Cazes pour La rue courte. Mais elle n’obtient pas le prix de la Renaissance qu’elle espérait. A la fin de l’année 1937 elle a achevé Grand Cap, qui va sortir en librairie, mais que la NRF a refusé de publier.
Le Pain des pauvres sort le 20 septembre 1938. La critique n’est pas bonne. Thyde va à Manosque se faire consoler par Giono, qui, malgré son désir, ne deviendra pas son amant, mais restera plutôt un frère et un mentor. L’été 1939 précipite l’Europe dans un nouveau chaos sanglant. L’hiver 1941 est très froid. Et ils subissent les sévères restrictions alimentaires dues à la guerre. Un metteur en scène commande à Thyde les dialogues d’un film intitulé La bonne étoile, dont Fernandel sera la vedette.
Romancière désormais reconnue, elle adhère à la Société des Gens de Lettres. Ses lectrices trouvent en elle le modèle qui les encourage dans leurs luttes, leurs révoltes, pour s’affranchir de la condition servile de femme soumise et trouver leur place dans la société.
Danielle Dufour-Verna

« Dialogue avec Thyde Monnier »
De Jacques Durbec
Samedi 9 mars à 20h 30 (Possibilité de restauration rapide sur place)

Centre de culture provençale
45 bd Bara
13013 Marseille
Billetterie – Réservation Tél : 04 91 68 66 95
Prix du spectacle : 15€

Avec
Chanteuses : Lise Bouvier – Nicole Mendhi – Ludivine Molina – Lisa Belmont
Comédiennes : Dany Arnould – Sandrine Capitaine – Christine Fabre – Françoise Gimenez – Sandra Molina – Claire Pelletier – Simone Poveda – Odile Sellem-Bidgi
Piano : Bernard Menu
Régie Son et Lumière : Jean Aidin

Danielle Dufour-Verna
Mis en ligne le Lundi 4 Mars 2019 à 20:38 | Lu 373 fois

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