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De Carthage à Mina. Les collections Gauckler et Pradel, exposition du 14 février au 28 avril 2014 au Musée d'Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

L’année 2013 a vu l’arrivée au département d’archéologie comparée du musée d’Archéologie nationale de deux ensembles d’objets exceptionnels par leur importance en nombre et leur intérêt scientifique. Le premier provient de Carthage, en grande partie, et le reste, de Rome. Le second rassemble des vestiges qui illustrent exclusivement la durée d’occupation de l’antique Mina, l’actuel Ighil Izane (Relizane) en Algérie du Nord-Ouest.


Vers le milieu du XIXe siècle, au rêve d’Egypte, s’ajoute celui de Carthage. Flaubert s’y rend en 1858 pour préparer «Salammbô». Lors de l’établissement du «Protectorat» de la France sur la Tunisie en 1882, Carthage est un enjeu entre les Pères Blancs du cardinal Lavigerie, bien implantés au cœur de la capitale punique, et les fonctionnaires français. La IIIe République ose imposer la propriété publique du sous-sol archéologique. Paul Gauckler (1858-1911), l’un des tout premiers directeurs des antiquités de la Régence de Tunis, s’efforce de faire appliquer la loi dans la ville d’Hannibal… Doué d’une exceptionnelle capacité de travail, mais peu diplomate en raison d’une tuberculose qui le mine depuis son adolescence, il s’épuise dans de nombreux chantiers de fouille, particulièrement à Carthage. En 1905, victime de la société coloniale et de ses relais parisiens qui intriguent auprès du ministère de l’Instruction publique, il est chassé de Tunis. Paul Gauckler est alors envoyé en mission à Rome, où il découvre en 1906 le sanctuaire dit «syriaque» du Janicule et il le fouille malgré sa maladie qui le conduit au suicide en 1911. C’est grâce à la générosité de Laurence Le Renard, petite-fille de la sœur aînée de Paul Gauckler, que le musée doit de conserver 134 petits objets qui évoquent l’activité de cette figure majeure de l’archéologie nationale.

La collection Pradel possède un intérêt historiographique différent. Les 631 objets qui la composent (en verre, en métal, en terre-cuite, des monnaies…) proviennent d’une fouille officielle réalisée dans les années 1950 sur le domaine d’Albert Pradel, passionné d’archéologie. Ils apportent le témoignage le plus précis qui existe à ce jour sur la durée d’occupation de Mina (1er- début du VIe siècle), signalé dans les sources littéraires antiques, un site reconnu dès le XVIIIe siècle, célèbre au tournant des XIXe-XXe siècles et bien oublié depuis.

Parmi cet ensemble, il faut remarquer une dizaine de céramiques sigillées gallo-romaines issues de l’atelier ruthène de La Graufesenque (près de Millau, Aveyron), près de 70 lampes en terre cuite intactes, 163 monnaies et une très rare plaque-boucle d’époque vandale ornée de grenat (début du VIe siècle). L’équipe mise en place par Napoléon III pour la création du Musée des Antiquités nationales, inauguré en 1867, privilégiait les séries de référence sur les chefs d’œuvre de l’Antiquité; cette acquisition correspond donc tout à fait à l’esprit des fondateurs. Par ailleurs, l’empereur, qui s’intéressait de près à l’Algérie, à ses habitants et à son patrimoine, avait élaboré en 1870 un projet de royaume arabe qui aurait changé les relations entre les deux pays si la guerre contre la Prusse n’avait pas éclaté quelques mois plus tard. Le Musée d’Archgéologie nationale remercie donc les deux filles d’Albert Pradel, Christine Pradel-Gurevick et Catherine Pradel-Rouillard pour ce don doublement opportun, qui enrichit considérablement le département d’archéologie comparée.

Informations pratiques

[musee-archeologienationale.fr]mail:musee-archeologienationale.fr
Heures d'ouverture : tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 17h
Les groupes accompagnés par une conférencière du musée peuvent être accueillis dès 9h.
Droits d'entrée : Plein tarif : 7 euros - Tarif réduit : 5 euros 50

Musée d'Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Château - Place Charles de Gaulle
78105 Saint-Germain-en-Laye cedex

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 4 Mars 2014 à 15:05 | Lu 609 fois

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