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Lorenzaccio, d'Alfred de Musset, mise en scène de Catherine Marnas, Théâtre du Gymnase, Marseille), du 3 au 7 novembre 2015. Par Philippe Oualid

Chef d'oeuvre du théâtre romantique, Lorenzaccio (1834) apparaît comme un monstre injouable par son ampleur et ses changements de tableaux.


Lorenzaccio © Pierre Grosbois
Lorenzaccio © Pierre Grosbois
A partir d'un épisode de la Renaissance florentine évoquant une révolution manquée contre les crimes de la tyrannie, la pièce déchiffre la corruption d'un régime, raconte les difficultés de l'engagement et le combat de l'idéalisme contre les forces de l'oppression et du mal.
Drame historique et politique, fait davantage pour être lu que joué, Lorenzaccio est aussi et surtout le drame d'un individu, d'une conscience: celui de Lorenzo de Medicis qui voulant donner un sens à sa vie, en comprend finalement l'absurdité, un Lorenzo qui commet le meurtre inutile de son cousin, le Duc Alexandre de Medicis, par fidélité au jeune homme vertueux qu'il a été et qui a disparu sous le masque de débauché qu'il s'est choisi,
Depuis sa création en 1896 par Sarah Bernhardt qui assurait la mise en scène et jouait le rôle de Lorenzo en travesti, l'oeuvre a intéressé de brillants metteurs en scène comme Vilar, Zeffirelli, Mesguich, Rétoré ou Lavaudant. Ce nouveau spectacle leur oppose une optique différente…
D'abord il ne dure que deux heures au lieu de quatre ou de six. C'est dire à quel point le texte de Musset a pu être charcuté… Ensuite la mise en scène de Catherine Marnas situe l'action de nos jours, dans une scénographie de boîte de nuit sordide fréquentée par des drag queens obscènes qui se livrent d'emblée sous nos yeux à des orgies infernales. Quant à son héros Lorenzo (Vincent Dissez), il adopte un masque de rocker guitariste indécent, perruqué en blonde, pour exprimer un équilibre physique et mental vacillant, dans la vaine et tragique quête de son identité. Par ailleurs, à maintes reprises, il fait circuler ridiculement un micro pour souligner sur certaines parties du discours, l'autonomisation de la parole par rapport à l'action, dans un esprit didactique !
Enfin pour le fond, le schéma actantiel des adjuvants de la vertu républicaine (la marquise Ricciarda Cibo: Bénédicte Simon, et Philippe Strozzi: Franck Manzoni) et de ses opposants cyniques (le Duc: Julien Duval, le Cardinal: Frédéric Constant) est respecté, tout comme pour la forme, la rhétorique de Musset aussi séduisante dans la phrase lyrique que dans les brèves interrogations nerveuses, servies ici par une diction précise et mélodieuse,
On arrive donc à supporter tant bien que mal cette énonciation poétique anachronique qui veut faire bon ménage avec des clichés vulgaires d'aujourd'hui, mais dans l'ensemble le romantisme flamboyant de la pièce, dans cette mise en scène volontairement nihiliste, se trouve si malmené qu'on en vient à confondre dans un même carnaval, réflexion politique sur le pouvoir tyrannique et drame moral lié à la dégradation de la personne…
Philippe Oualid


Pratique

Théâtre du Gymnase
4, rue du Théâtre Français
13001 Marseille
Renseignements et réservations 08 2013 2013


Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 9 Novembre 2015 à 22:30 | Lu 494 fois

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