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Boléro, par la Compagnie Julien Lestel à l'Opéra de Marseille le 10 Novembre 2016. Par Philippe Oualid

Sous le titre Boléro, Julien Lestel a présenté à l'Opéra de Marseille ses créations de l'année 2016, soit deux ballets et deux pièces chorégraphiques pour un et deux danseurs. Un grand moment d'émotion partagé par ceux qui suivent son travail depuis vingt ans déjà. . .


La soirée débute sur le célèbre deuxième concerto pour piano de Rachmaninov. Ici les danseurs évoluent en parfaite osmose avec la musique. Dans leurs costumes de corsaires, ils s'envolent sur l'ouragan des notes, bras et jambes se désolidarisant des corps, visages penchés pour éviter de recevoir la gifle des vagues tandis qu'ils balayent l'espace avec une virtuosité si confondante qu'on les suppose improviser. D'un bout à l'autre, la chorégraphie émerveille par son audace gestuelle délirante et l'élégance inouïe des danseurs.

Deuxième création sur l'adagio assai du concerto en sol de Maurice Ravel, pour Marco Vesprini, danseur héroïque de la compagnie. En robe de soirée, seul en scène pendant neuf minutes, dans un mouvement saccadé des épaules et des bras sur demi-plié, avec des rotations brusques du bassin, Marco nous révèle ses douloureux états d'âme, sculpte une figure du désespoir à travers sa manière de recevoir la musique, et bouleverse le spectateur sans faire appel à la moindre pantomime.

La troisième création est empreinte de poésie. Inspiré par Jérôme Robbins, collaborateur de Balanchine, qui proposait, après Nijinski, une nouvelle interprétation de la musique de Debussy sur le thème du désir amoureux et du rêve, Julien Lestel transforme L'Après-midi d'un Faune en un long pas de deux où la Femme multiplie de manière orientale les mécanismes de séduction pour attirer à elle un garçon qui renoue, dans le ralenti de gestes et de postures lascives, avec l'obscure sensualité primitive du Faune qu'il a pu être dans une vie antérieure.

Le second ballet, présenté en fin de soirée, est le fameux Boléro de Ravel. Comme Bronislava Nijinska, première chorégraphe de ce ballet en 1928, Julien Lestel tient compte des intentions de l'auteur, en s'attachant à traduire le crescendo répétitif du thème principal par une danse endiablée des corps nus où les sauts, les projections virulentes des bras et des jambes, les rotations du bassin, les arabesques, les allées et venues au pas de course, épousent les éclats de la batterie avant la chute brutale des corps sous l'effet de l'ivresse devant une danseuse élue comme une proie.

Dans l'ensemble donc un spectacle réussi à partir d'interprétations nouvelles de pièces chorégraphiques célèbres, qui a suscité l'enthousiasme d'un public toujours prêt à ovationner la talentueuse compagnie Julien Lestel très admirée à Marseille.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 15 Novembre 2016 à 18:16 | Lu 609 fois

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