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Ardèche. La Ligne de partage des eaux réunit les artistes au fil de l'eau

Vaste opération que celle qui consiste à fracturer en deux un département, en suivant une ligne, en partie réelle et en partie imaginaire, qui partage en deux les eaux des fleuves et rivières, celles qui vont à l’Atlantique et celles qui filent à la Méditerranée.



A partir d’une vraie ligne, la Loire (Liger en latin) au pied du Gerbier de Jonc, « suc phonolithique qui accueille à la base de son versant sud les sources de la Loire qui se jette dans l’Atlantique, tandis que l’eau qui s’échappe par son versant nord rejoint la Méditerranée .»

Histoires d’eaux
Tout au long et tout autour de ce trajet aussi géographique que poétique, des monuments, (abbayes), des géosites (phénomènes géologiques ou géographiques), cascades et coulées, des échappées, des Mires (qui tentent de rendre visible la ligne), les maisons et musées du Parc des Monts d’Ardèche et des artistes. C’est pourquoi nous avons choisi au gré de nos envies et de l’attrait des paysages, par ailleurs superbes, de parcourir des sites un peu au hasard .

L’œuvre de Didier Leroi intitulée 1020 km, est formée de trois parties comme le parcours du fleuve et placée près des trois sources de la Loire, l’authentique, la véritable et la géographique. On est là bien certain des sources de la Loire, toutes proches de la maison de site et qui portent sur des plaques émaillées des traces de la faune locale ; le film réalisé d’hélicoptère surveille le fleuve tandis que des photos de Thomas Cuisset (récemment disparu) donnent une mesure de l’amplitude des eaux sur toute la longueur du cours.
Et comme il s’agit d’eau, il ne faut pas rater la vision surprenante de Gilles Clément avec sa Tour à eau ; « et si la Loire, en plus du long chemin qu’elle parcourt jusqu’à l’Atlantique, se jetait aussi dans la Méditerranée ? ». Hypothèse surprenante « le Mont Gerbier de Jonc fonctionnerait comme une Tour à eau », un piège à eau basé sur la condensation de la vapeur d’eau des nuages, et utilisé dans les régions désertiques.

Tout à fait différents, moins proches du thème de l’eau mais placés le long du GR7, les mobiliers d’Eric Benqué, déclinés sous trois formes : des bancs, des plateformes et des abris, menant d’une œuvre à l’autre, offrant étape et pause aux voyageurs. Exposés à tous les vents et à la pluie -la chaleur et le soleil en cet été 2017-, ils sont en châtaignier, bois magique et résistant de ces vastes paysages, bois constructeur et nourricier tout à la fois. « Les meubles sont poreux, jamais ils n’entravent ni ne retiennent le chemin de l’eau ». Car elle doit les traverser et cheminer librement.
Le bois est déjà bien gris, bientôt argenté… bientôt revenu à la nature.

Et il y avait encore tant à voir le long et autour de cette ligne de partage des eaux…
La ferme de Bourlatier, devenu vaste salle de spectacle et d’exposition ; véritable bastion un peu perché, massive dans sa pierre bien ouvrée et si lisse à l’intérieur dans l’harmonie de son plancher. A Sainte Eulalie, cette ferme massive voisine de l’église et superbe témoin du patrimoine ardéchois l’immense toit de chaume, descend très bas, on peut le voir de près, le toucher, et sur le présentoir voisin observer les deux façons dont travaillent les artisans maîtres en chaume ; des touffes de genêts accrochées sur du grillage ou à de plus lourdes lattes de bois ; de la belle ouvrage, offrant abri, isolation, et poids hélas, on dirait de nos jours confort thermique et sonore aussi, grâce à l’utilisation des éléments du cadre naturel. Quel beau résultat fruit de l’ingéniosité et de l’habileté des humains.
Et s’il faut retenir de cet itinéraire du partage des eaux, une image, celle de la Loire, appelée Liger, petite rivière bordée d’herbes, traversant des prairies paisibles, enjambée par un pont et dominée au loin parle Mont Gerbier de Jonc et plus loin le Mézenc, près de sa source et comme au cœur de tout.
Et aussi ces moments où la route domine tout à coup la terre entière et où plus rien n’arrête le regard que les courbes douces et la blondeur des reliefs. Quelle merveille de liberté, quand de chaque côté se fait le partage bien invisible et bien évident !
Jacqueline Aimar

Jacqueline Aimar
Mis en ligne le Samedi 2 Septembre 2017 à 13:39 | Lu 258 fois

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