Rossini l’Enchanteur au festival de musique sacrée de Sylvanès

Dans la sereine abbaye de Sylvanès, en cet après-midi du 15 août, il s’agissait juste d’une messe. La Petite messe solennelle, composée par Rossini à soixante-quinze ans pour l’épouse du comte Pillet-Will.


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Rossini a d’ailleurs dû se délecter de cette composition puisqu’il la qualifie de péché mortel, le dernier de sa vieillesse.
Alors on pressent qu’il y a tout mis, dans cette messe : l’harmonie infinie, parfois tendre et puis éclatante, la douceur et la paix, une atmosphère de calme, et la passion exaltée, la puissance et la gloire, dans un superbe Gloria… Comme une explosion de bonheur en refus aux messes tristes.
Ce mercredi, puisqu’en cette année 2012, le 15 août était un mercredi, les prairies aménagées en parkings et autres lieux d’accueil, bourdonnaient de cette agitation fiévreuse d’avant concert, dans la chaleur de cet été réussi et ensoleillé ; le parvis semblait une immense ruche impatiente et amicale, celle de ces amateurs de musiques : à Sylvanès, les musiques sacrées et musiques du monde.

Et dans l’abside, ils étaient nombreux : le grand chœur du festival, riche de soixante choristes accompagnés par l’Ensemble Instrumental Contrepoint, le tout dirigé par Michel Piquemal ; ce dernier est un habitué des lieux et du festival puisqu’il assure la direction de l’Académie Internationale de chœurs et d’orchestres de Sylvanès.
D’emblée un Gloria éblouissant, véritable cri de gloire que le chef, les instruments et les chœurs vont lancer très haut avec une ferveur remarquable. Et ainsi tout au long de cette œuvre assez exceptionnelle puisqu’on peut y remplacer l’orchestre par un piano ou un … accordéon. Telle a été d’ailleurs la version donnée le même soir à Sylvanès. Soit dit en passant notre vive admiration pour cet ensemble de musiciens et chanteurs qu’on a vus sous la baguette du chef se donner tellement à fond dans la ferveur et la puissance de cette œuvre qu’ils sont allés à l’épuisement dans un Agnus Dei exceptionnel. Tout comme leur chef, Michel Piquemal, qui assure une direction précise et participe de tout son corps, de tout son élan à l’œuvre commune.

Et les solistes de la même façon, Nicole Fournié soprano et Jean-Louis Serre, basse. Mais nous avons spécialement remarqué le ténor Julien Dran à la belle voix un peu métallique et saluons la puissance sans effort et l’amplitude ronde, dans la voix de la mezzo Clémentine Margaine qui nous a enchantés par son timbre mat et son aisance tout à fait naturelle à dominer chœurs et orchestre jusqu’au sommet des voûtes de ce beau lieu de musiques.

Une Petite Messe, incontestablement heureuse et pour laquelle Rossini avait écrit : « Bon Dieu. La voilà terminée cette pauvre petite messe. Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou de la sacrée musique ? ». Et il ajoute avec lucidité : « J’étais né pour l’opéra buffa… »
Vraie messe ou opera buffa ? Peu importe. Laissons les puristes débattre.
Ce jour-là, nous avons entendu une messe divine.
Jacqueline Aimar

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 24 Aout 2012 à 15:58 | Lu 919 fois
Pierre Aimar
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