Christopher Le Brun  Moon Rising in Daylight III , 2024  Oil on canvas 264.5 x 153.5 cm 104 x 60 1/2 in                    
    
        
    
                     Dire que peindre c’est en premier lieu recouvrir une surface : voilà qui non seulement pointe la part évidente qu’y tiennent la matière et le geste – le corps donc et l’enchaînement de ses actions, les rythmes et l’énergie qui le traversent et qu’il répercute – mais qui aussi invite à un renversement du regard, rien de moins. A fortiori, comme chez Christopher Le Brun, lorsque les couches de peinture se sont accumulées et les touches déposées, sédimentées pourrait-on dire, sur un temps parfois fort long, avant que les tableaux ne quittent l’atelier.
Devant eux, on ne regarde plus au travers de la surface, avide d’une profondeur qui s’étendrait du premier à l’arrière-plan, jusqu’au fond, mais on la parcourt, mais on l’arpente cette surface, de long en large et d’un bord à l’autre, sensible à ses innombrables reliefs et variations ou écarts chromatiques – comme le peintre en a éprouvé l’étendue par l’amplitude et la répétition de ses gestes, comme il en a repoussé les limites en juxtaposant un plus ou moins grand nombre de panneaux verticaux, travaillant ainsi autant la hauteur que la longueur. L’horizon ici se trouve dans la peinture, laquelle donne ainsi accès à ce que l’artiste décrit comme son hinterland, son arrière-pays[1] : ce qui la nourrit donc et la fonde, ses multiples sources et ses non-dits, ce au bord de quoi elle émerge, ce à quoi elle est reliée au plan psychologique, culturel ou métaphysique.
La métaphore géographique n’est pas anodine, qui compare la peinture à une zone d’influence et d’attraction, qui invite à la penser en termes d’espace d’échange et non de hiérarchie, qui pointe vers ce que l’on ne voit pas mais qui donne assise et sens à ce qui se trouve en façade. L’arrière-pays, c’est d’ailleurs là que le poète Yves Bonnefoy a situé sa découverte de la peinture italienne et l’expérience qu’il en a faite, indissociable du territoire où il a voyagé et compris cette « synthèse de l’être dans la catégorie de l’espace » qu’est la perspective, où il a senti que « tout s’expliquait, tout se résolvait dans une irradiation aussi intérieure que douce – un nouveau degré de conscience, en vérité, une liberté que quelques esprits avaient dégagée, directement semblait-il, de l’expérience sensible »
(...)
Guitemie Maldonado, historienne de l'art et critique
            Devant eux, on ne regarde plus au travers de la surface, avide d’une profondeur qui s’étendrait du premier à l’arrière-plan, jusqu’au fond, mais on la parcourt, mais on l’arpente cette surface, de long en large et d’un bord à l’autre, sensible à ses innombrables reliefs et variations ou écarts chromatiques – comme le peintre en a éprouvé l’étendue par l’amplitude et la répétition de ses gestes, comme il en a repoussé les limites en juxtaposant un plus ou moins grand nombre de panneaux verticaux, travaillant ainsi autant la hauteur que la longueur. L’horizon ici se trouve dans la peinture, laquelle donne ainsi accès à ce que l’artiste décrit comme son hinterland, son arrière-pays[1] : ce qui la nourrit donc et la fonde, ses multiples sources et ses non-dits, ce au bord de quoi elle émerge, ce à quoi elle est reliée au plan psychologique, culturel ou métaphysique.
La métaphore géographique n’est pas anodine, qui compare la peinture à une zone d’influence et d’attraction, qui invite à la penser en termes d’espace d’échange et non de hiérarchie, qui pointe vers ce que l’on ne voit pas mais qui donne assise et sens à ce qui se trouve en façade. L’arrière-pays, c’est d’ailleurs là que le poète Yves Bonnefoy a situé sa découverte de la peinture italienne et l’expérience qu’il en a faite, indissociable du territoire où il a voyagé et compris cette « synthèse de l’être dans la catégorie de l’espace » qu’est la perspective, où il a senti que « tout s’expliquait, tout se résolvait dans une irradiation aussi intérieure que douce – un nouveau degré de conscience, en vérité, une liberté que quelques esprits avaient dégagée, directement semblait-il, de l’expérience sensible »
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                            Portrait of Christopher Le Brun, 2022 Courtesy of the Artist Photo: Maureen M. Evans                    
    
        
    Info+
                     Almine Rech Turenne 
64 rue de Turenne
75003 Paris
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