Nouveau CD : Ilmari Hannikainen (1892-1955). Concerto pour piano et orchestre en Si bémol mineur opus 7 et quatuor pour piano en Fa dièse mineur opus 2

Une redécouverte fascinante. La musique finlandaise offre que de belles surprises à tous les mélomanes et néophytes qui aiment sortir des sentiers battus.


Avec Oliver Triendl, piano ; Christel Lee, violon ; German Tcakulov, alto ; b[Jonathan Roozeman], violoncelle. Württenbergische Philharmonie Reutlingen : Florian Csiszmadia.
Cd Hänsler classic / www.haensslerprofil.de

Né dans une famille de musiciens, Ilmari Hannikainen étudie le piano au conservatoire d’Helsinski avant d’aller à Vienne pour se perfectionner auprès de Schrecker puis Siloti et Steinberg à Petrograd. Il écrit beaucoup pour le piano et un concerto et quatuor avec piano enregistrés ici par le courageux label allemand.

Le Concerto
Écrit entre 1917 et 1920, ce concerto pour piano et orchestre s’inscrit dans un romantisme tardif. Le choix de la tonalité en si bémol mineur confère à l’œuvre aux dimensions impressionnantes une couleur automnale qui séduit à chaque mesure. On y ressent toutes les beautés offertes par la nature préservée de la Finlande.
Dès les premières notes on constate qu’on est face à un pianiste compositeur dans la lignée du russe Serge Rachmaninov ou de l’ukrainien Serge Bortkiewicz méconnu ou de l’arménien Stephan Elmas oublié à mon grand regret. Les qualités techniques exigées pour aborder cet unique concerto de ce compositeur sont immenses. Il évoque par instant son illustre prédécesseur Jean Sibelius. Celles et ceux qui adorent le concerto pour violon de Sibelius vont aimer cette audacieuse découverte. Sur le plan mélodique et harmonique, on est saisi par l’art maîtrisé du compositeur.
Oliver Triendl est l’un des plus grands pianistes de notre temps dans la lignée de Michael Ponti. On ne compte plus ses enregistrements pour redécouvrir des œuvres oubliées chez Cpo, Capriccio… Sa technique et sa musicalité laissent pantois. Il transcende ce concerto inconnu et en est l’interprète idéal. On est conquis !
L’orchestre Philharmonique sous la direction précise de Florian Csismadia sonne merveilleusement et magnifie avec passion ce beau concerto endormi.

Le quatuor avec piano
Écrit en 1913 pendant ses années d’études, l’opus 2 d’Ilmari possède une beauté diaphane tant par ses qualités mélodiques qu’harmoniques. Ce quatuor est dans la tonalité de fa dièse mineur. Très poétique et mélancolique, l’œuvre fascine dans ses trois mouvements. L’andante cantabile est une invitation à la méditation. Ce quatuor s’inscrit à côté de ceux de Robert Schumann, Johannes Brahms ou Joseph Joachim Raff. Les interprètes y sont engagés et passionnés. Quelle justesse dans l’interprétation. La magie opère à chaque mesure et nous convie à la fusion tellement indispensable à la musique de chambre. Au piano Oliver Triendl, au violon Christel Lee, à l’alto German Tcakulov et au violoncelle Jonathan Roozeman sont irréprochables. Un enchantement. À découvrir !
Serge Alexandre

Serge Alexandre
Mis en ligne le Dimanche 26 Octobre 2025 à 15:28 | Lu 73 fois
Serge Alexandre
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