Depuis plus de 40 ans, Bernard Piffaretti déploie une œuvre singulière, structurée autour d’un principe méthodique : la duplication. Chaque toile est scindée en deux par un axe central. Sur une moitié, le peintre agit librement ; sur l’autre, il répète — à la main, sans calque ni procédé mécanique — le geste initial. Ce redoublement volontaire est une stratégie systématique qui, en annulant l’élan pulsionnel du premier temps, met à distance l’expressivité pour mieux révéler la nature même de la peinture.
Loin d’un système figé, ce protocole donne lieu à une infinité de tableaux, tous autonomes, tous incomparables. La cosmogonie de Piffaretti, en constant enrichissement, obéit cependant à une certaine idée d’unicité quasi organique et continue, où chaque œuvre entre en relation avec les autres, comme les fragments d’un seul texte toujours en cours d’écriture. Dans cette vaste syntaxe picturale, plusieurs «figures» émergent. Les classiques déploient le processus avec clarté et rigueur (acry. s. t. 15, 2001), la toile en ses deux parties étant exécutée dans un même mouvement de répétition de ses strates de fabrication encore chaudes. La duplication n’est qu’un double visuel réalisé acte par acte qui annule toute subjectivité de la première partie.
Loin d’un système figé, ce protocole donne lieu à une infinité de tableaux, tous autonomes, tous incomparables. La cosmogonie de Piffaretti, en constant enrichissement, obéit cependant à une certaine idée d’unicité quasi organique et continue, où chaque œuvre entre en relation avec les autres, comme les fragments d’un seul texte toujours en cours d’écriture. Dans cette vaste syntaxe picturale, plusieurs «figures» émergent. Les classiques déploient le processus avec clarté et rigueur (acry. s. t. 15, 2001), la toile en ses deux parties étant exécutée dans un même mouvement de répétition de ses strates de fabrication encore chaudes. La duplication n’est qu’un double visuel réalisé acte par acte qui annule toute subjectivité de la première partie.
Bernard Piffaretti, Vue d'exposition © Remi Villaggi
Ce dispositif structurel — simple en apparence — permet à l’artiste d’instaurer ce qu’il nomme une métapeinture. Une peinture au milieu, au-delà, après : meta dans le sens le plus plein du terme. Le tableau ne montre pas seulement une image, il donne à voir la peinture advenant en posant les bases d’interrogations qui traversent toute l’œuvre de l’artiste (acry. s. t., 95, 1993, Qu’est-ce que l’art moderne). Ainsi, en répliquant son propre geste, celui-ci ne cherche ni effet de style ni virtuosité. La toile devient un espace critique, un miroir tendu à l’histoire de l’art — à ses ruptures, ses mythologies, ses retours déguisés.
Dans un texte récent, Piffaretti évoque les PICK UP, empruntés à Marcel Duchamp, qui désignent cette manière de prélever, de citer, de reformuler. De Matisse à Pollock, des céramistes du XVIe siècle avant JC de Santorin aux avant-gardes du XXe siècle, l’art est pavé de réinventions déguisées, de deuxième fois. L’artiste n’avance pas en ligne droite, il regarde par-dessus son épaule.
Chaque peinture est ainsi à la fois une mémoire et une invention, une image qui doute de son origine autant qu’elle rejette sa clôture. La duplication introduit une faille : ce qui se répète n’est jamais tout à fait identique, et ce qui recommence ne revient jamais au même point. Dans cette tension, le tableau trouve son autonomie — ni narratif, ni purement gestuel, ni strictement conceptuel — mais ancré dans un présent de la peinture, dans ce qu’elle peut encore produire d’actif, de sensible et de critique.
Face à cela, le spectateur n’est jamais passif, son regard est pris dans une dynamique de va-et-vient, de vérification, d’ajustement. Regarder un tableau de Bernard Piffaretti, c’est refaire en pensée le parcours du peintre qui nous y invite. Les « figures » des Kine transportent le spectateur au cœur même du processus d’élaboration (acry. s. t. 237, de 2016). La juxtaposition de toiles, référence faite au kinorama, portent en elles la seule ligne verticale, plus ou moins longue, tel un panorama retraçant le démarrage d’une peinture. Nous voici placés devant la situation première, stigmate du geste initial, et, embarqués dans l’acte de peindre, nous devenons partie prenante de l’œuvre, acteur du regard, au sens que lui donne Georges Didi-Huberman lorsqu’il écrit que « voir, c’est être mis en retard par ce qu’on voit ».
Dans un texte récent, Piffaretti évoque les PICK UP, empruntés à Marcel Duchamp, qui désignent cette manière de prélever, de citer, de reformuler. De Matisse à Pollock, des céramistes du XVIe siècle avant JC de Santorin aux avant-gardes du XXe siècle, l’art est pavé de réinventions déguisées, de deuxième fois. L’artiste n’avance pas en ligne droite, il regarde par-dessus son épaule.
Chaque peinture est ainsi à la fois une mémoire et une invention, une image qui doute de son origine autant qu’elle rejette sa clôture. La duplication introduit une faille : ce qui se répète n’est jamais tout à fait identique, et ce qui recommence ne revient jamais au même point. Dans cette tension, le tableau trouve son autonomie — ni narratif, ni purement gestuel, ni strictement conceptuel — mais ancré dans un présent de la peinture, dans ce qu’elle peut encore produire d’actif, de sensible et de critique.
Face à cela, le spectateur n’est jamais passif, son regard est pris dans une dynamique de va-et-vient, de vérification, d’ajustement. Regarder un tableau de Bernard Piffaretti, c’est refaire en pensée le parcours du peintre qui nous y invite. Les « figures » des Kine transportent le spectateur au cœur même du processus d’élaboration (acry. s. t. 237, de 2016). La juxtaposition de toiles, référence faite au kinorama, portent en elles la seule ligne verticale, plus ou moins longue, tel un panorama retraçant le démarrage d’une peinture. Nous voici placés devant la situation première, stigmate du geste initial, et, embarqués dans l’acte de peindre, nous devenons partie prenante de l’œuvre, acteur du regard, au sens que lui donne Georges Didi-Huberman lorsqu’il écrit que « voir, c’est être mis en retard par ce qu’on voit ».
Info+
Vernissage samedi 27 septembre à partir de 12h
Galerie Ceysson & Bénétière
13 - 15 rue d’Arlon
L-8399 Koerich
Luxembourg
Galerie Ceysson & Bénétière
13 - 15 rue d’Arlon
L-8399 Koerich
Luxembourg