Exposition Max Monier de la Sizeranne, Château-Musée de Tournon (07) du 7 octobre au 10 novembre 2013

Max Monier de la Sizeranne est un peintre paysagiste et dessinateur drômois du XIXe siècle dont la formation artistique est inconnue. Travaillant sur le motif et soucieux d’exprimer la réalité par une retranscription fidèle des lieux, son œuvre présente un intérêt artistique, documentaire et iconographique qui rappelle à nos regards contemporains des paysages et architectures du XIXe siècle ayant parfois disparu ou profondément changé.


Max Monier de la Sizeranne. Tournon en 1750, huile sur toile, 52 x 60 cm, collection Château-musée de Tournon
La Ville de Tournon-sur-Rhône, en partenariat avec l’Association des Amis du Musée et du Patrimoine et grâce au prêt de la Ville de Tain l’Hermitage, propose du 7 octobre au 10 novembre 2013 une exposition consacrée à l’artiste tainois.

L’exposition présentera notamment des paysages de la Vallée du Rhône ou des environs de Tournon, des vues du château et du lycée de la ville, Châteaubourg, le pont de Duzon, l’église d’Alixan dans la Drôme. De nombreuses peintures de Provence et des côtes méditerranéennes témoigneront de la passion de l’artiste pour les lumières du sud de la France.

Le Château-musée possède dans ses collections 4 huiles sur toile de l’artiste, des dessins à la plume et au lavis et des gravures de Müller réalisées d’après les dessins d’après nature de Monier de la Sizeranne. La Ville de Tournon-sur-Rhône n’a pas présenté les oeuvres de l’artiste dans une exposition conséquente depuis l’exposition du lycée organisée en 1919, il y a presque 100 ans.

À l’occasion de cet événement, une trentaine de peintures habituellement exposées en mairie de Tain l’Hermitage et en réserves seront prêtées au Château-musée. Une cinquantaine de peintures à l’huile sur toile ou sur bois, des gravures et dessins seront exposés à l’espace Broët du château. Le tableau le Lycée de Tournon vers 1850, collection du château-musée, sera restauré pour l’événement avec l’aide du FRAR (Fonds Régional d’Aide pour les Restaurations.)

Repères biographiques

Max Monier de la Sizeranne. Le port d’Arles, 1860, huile sur toile, 34 x 49,5 cm, collection Château-musée de Tournon
Jean Maxime Monier de la Sizeranne (Tain l’Hermitage 1825 - Margès 1906)
Jean Maxime Monier de la Sizeranne est un peintre paysagiste né le 12 mai 1825 à Tainl’Hermitage. Appartenant à une illustre famille comtale de la Drôme, il se marie à Beausemblant le 8 septembre 1853 avec sa cousine Marie-Mathilde, fille du Sénateur Comte Paul Ange Jean Henri Monier de la Sizeranne et de Louise Bégnine Alix de Cordoue, fille du marquis pair de France. Cinq enfants sont issus de ce mariage, dont Louis Maurice de la Sizeranne (1857-1924), devenu aveugle à l’âge de 9 ans après avoir reçu une flèche dans l’oeil, il est le fondateur de l’association Valentin Haüy1 en 1889 et consacra sa vie à l’amélioration des conditions des aveugles et Robert Henri de la Sizeranne (1866-1932), homme de lettres, traducteur et critique d’art notamment à la revue des Deux Mondes, qui a publié des études sur la peinture anglaise et l’histoire de la Renaissance italienne2.

Formation et carrière :
Max Monier de la Sizeranne suit des études au Lycée de Tournon, débute la peinture vers 1857 et entreprend de visiter l’Italie3 puis la Provence jusqu’en 1870 : « C’est en effet une des caractéristiques de ce talent que d’être arrivé en plein maturité, sans autre maître ni guide que la nature4. » Etait-il vraiment autodidacte ? Après 1870, il visite la Suisse et le Dauphiné et en décrit la richesse à travers de nombreuses aquarelles. De 1885 à 1892, il retourne chercher la lumière de la Côte d’Azur et les frontières de l’Italie ou de l’Espagne. Riche propriétaire foncier, Max Monier de la Sizeranne réside entre Paris et Tain-l’Hermitage, dans une somptueuse demeure du XVIIIe siècle5 ayant appartenue aux derniers Seigneurs de Tain (futurs comtes de Mure de Garcin de Larnage), avec qui il était étroitement lié. Il peint ainsi pour le plaisir, signe ses oeuvres d’un simple Max, les localise très souvent, et réalise de nombreux dessins d’après nature au cours de ses voyages. Influencé par le courant réaliste français du XIXe siècle, Max Monier de la Sizeranne réalise essentiellement des tableaux de petits formats, parfois sur bois, un peu dans la lignée de Corot. Il est remarqué par la critique au cours de ses 14 participations aux Salons de Paris, entre 1857 et 1878 et est considéré par le peintre Pierre Palué pour son usage parfois surprenant de la couleur comme l’un des « précurseurs de l’impressionnisme. »

Max Monier de la Sizeranne meurt à Margès près de Romans dans la Drôme le 26 décembre 1906 à l’âge de 81 ans et repose dans la chapelle familiale au cimetière de Tain l’Hermitage. A son décès, son fils Robert crée un « musée Max » dans le parc du Chayla à Tain, mais le pavillon qui l’abritait fut détruit pour que la Nationale 7 puisse passer en ligne droite. Une grande partie des oeuvres sont aujourd’hui visibles à l’hôtel de ville de Tain l’Hermitage

Max Monier de la Sizeranne par le peintre Pierre Palué

Max Monier de la Sizeranne. Le Château et le port Saint-François de Tournon, 1866, huile sur toile, 61 x 76 cm, collection Château-musée de Tournon
Cet artiste a légué à sa ville natale de Tain-l’Hermitage une grande partie des tableaux qu’il avait réalisés. Exposés pendant longtemps dans une annexe de la maison du Parc du Chayla, j’avais eu à l’époque l’occasion de les voir et, dès le premier abord, je leur avais accordé mon estime pour leur sensibilité et leur profonde honnêteté. Puis, au fil des ans, mon opinion a progressivement évolué et j’ai compris que l’apparente banalité des oeuvres cachait en fait des qualités profondes dont on ne prend conscience que peu à peu. La composition est toujours excellente et équilibrée. L’artiste donne l’impression d’avoir servilement recopié le motif, alors qu’il opère les modifications discrètes qui vont créer pour l’oeil une harmonie de rythmes et de couleurs. Le métier est d’une très grande sûreté : la touche est posée vivement, sans violence mais avec fermeté. Pas de repentirs, pas de lourdeurs, pas de maladresses.

Il y a dans ces tableaux des éléments encore plus intéressants : l’artiste a certainement subi l’influence de Corot, mais la traduction de la lumière est différente. La couleur joue un rôle plus important et, si l’on tient compte de l’époque à laquelle les oeuvres ont été réalisées, on trouve des hardiesses étonnantes : ciels d’un bleu intense ou roses, unis ou harmonieusement nuageux. Il n’a pas cette extraordinaire liberté dans la facture qui fait le charme de Boudin, mais le dessin, à la fois sensible et rigoureux, crée « un climat » original et personnel.

Un certain mystère entoure la vie de Max Monier de la Sizeranne. Où a-t-il appris à peindre ? Un tel métier ne s’acquiert qu’après beaucoup de travail ; or, on ne connaît pas d’oeuvres faites à ses débuts. D’autre part, et alors que la production de ses toiles s’étale sur une période d’une quinzaine d’années, on est surpris de la qualité constante de l’exécution. […]

Travaillait-il toujours d’après nature ? En partie, au départ, certainement pour ébaucher largement le tableau en ayant tracé peut-être un dessin précis comme étude préparatoire. Ensuite, il est probable qu’il terminait en atelier, car il n’est pas facile en plein air, où la lumière est changeante, d’accorder parfaitement les tons.

COLLECTIF, Max Monier de la Sizeranne, précurseur de l’impressionnisme, Pierre Palué, Études drômoises, Hors-série n°4, 2002.

Pratique et localisation

Château-Musée de Tournon
Place Auguste Faure
07300 TOURNON-SUR-RHONE
Tél. : 04 75 08 10 30
www.ville-tournon.com/chateau-musee
patrimoine@ville-tournon.com

Visites commentées pour les individuels : les 13 et 25 octobre à 16h
Visites commentées pour les groupes et les groupes scolaires sur réservation préalable au 04 75 30 62 59 ou à patrimoine@ville-tournon.com.
Possibilité de visite + atelier pour écoles primaires sur le thème du paysage. (Durée : environ 1h30.)


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 23 Aout 2013 à 15:16 | Lu 2059 fois
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