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Yves Klein / Claude Parent - Le mémorial, Projet d'architecture, Espace de l'Art Concret, Mouans-Sartoux, du 31 mars au 25 août 2013


Yves Klein, 1928, Nice - Paris, 1962

Le travail d'Yves Klein repose sur un équilibre dynamique entre deux pôles : le visible et l'invisible, la matière et le vide, la chair et l'immatériel. Cette tension est au cœur de son œuvre : tout en explorant la non matérialité au point d'exposer Le Vide (Galerie Iris Clert, Paris 1958), Yves Klein continuera à créer des œuvres visibles.

Yves Klein se dirige d’abord vers une carrière de judoka qui le conduit au Japon. Sa grande dévotion pour la philosophie et la pratique de cet art martial asiatique — il étudie pendant quinze mois au fameux Institut Kôdôkan de Tokyo — a une influence décisive sur sa conception de l'art. Le judo kôdôkan s'inspire du Zen et recherche l'union de l'esprit et du corps, une pure réceptivité, un état de vide et d'harmonie totale avec l'existence. De plus, Klein s’intéresse très tôt à l'enseignement ésotérique de l'Ordre Rose-Croix. L'intérêt profond qu'il a toute sa vie ressenti pour le rituel, l'immatérialité et le vide ne découle pas d'une affiliation à un dogme religieux précis mais reflète plutôt sa préoccupation pour les questions spirituelles.

La première apparition officielle de Klein en tant qu'artiste plastique se produit en 1955, avec la présentation de son monochrome Expression de l'univers de la couleur mine orange au Salon des Réalités Nouvelles. Le Salon refuse la peinture au motif qu'une seule couleur ne suffit pas à créer une peinture. Refusant toute modification, Klein radicalise sa position en supprimant toute signature sur la surface de ses monochromes ultérieurs.

Lors de sa première exposition à la galerie Colette Allendy, en 1956, où il présente une série de « propositions monochromes » de diverses couleurs, un débat lui fait comprendre que les amateurs ont tendance à considérer la « polychromie décorative » qui se dégage de l’ensemble, au lieu de concentrer leur attention sur chaque « proposition » singulière. C’est pourquoi il réalise une série de tableaux de même format et surtout du même bleu outremer pour sa première exposition en Italie, Proposte monocrome, epoca blu (Galleria Apollinaire, Milan, 1957).

Utilisant des rouleaux à la place de pinceaux, afin d'éliminer toute trace de la main de l'artiste dans l'application de peinture, Klein met au c œur de son œuvre la couleur, véritable « sensibilité matérialisée ». Il cherche avant tout à créer non pas des plans mais des champs de couleurs vibrants qui se déploient dans l’espace afin que le spectateur se submerge dans l'espace infini de la couleur pour expérimenter une sensibilité accrue envers l'immatériel.

Klein attribue un rôle à part à la couleur bleue, qui incarne pour lui les motifs les plus abstraits de la nature tangible et visible : le ciel et la mer. Longtemps en quête d'un bleu qui conserve la luminosité originelle du pigment, il trouva enfin l'IKB (le Bleu Klein International) : un bleu outremer profond que Klein mit au point avec l'aide d'un ami chimiste et qu'il fit ensuite breveter. Associé à l’or et au rose, il participe à une nouvelle trilogie des couleurs, toute personnelle et qui se distingue des trois primaires (bleu, rouge, jaune) élevées au rang de symbole de la modernité picturale par les avantgardes historiques.

Outre des monochromes, Yves Klein réalisa des Sculptures éponges, le plus souvent gorgées de bleu, véritables portraits des lecteurs de ses tableaux qui, immergés dans la couleur, en revenaient, selon ses propres termes, « imprégnés en sensibilité comme des éponges ».

Parmi ses œuvres les plus fascinantes se trouvent également les Anthropométries, empreintes corporelles de couleur bleue, rose ou or que les « pinceaux vivants » (des modèles féminins et parfois masculins, seuls, en couple ou en groupe) laissent sur des toiles et des papiers grand format.

Dans les Cosmogonies, Klein capture sur la toile les traces du vent et de la pluie, et poursuit ses expérimentations avec les éléments naturels, dont fait partie son dernier groupe d'œuvres baptisé Peintures de feu. Ces œuvres, qui s'intéressent aux phénomènes passagers et universels, sont nées d'actions spectaculaires et, comme les Anthropométries, révèlent l'importance que Klein accordait à l'action. Les œuvres ici exposées sont aussi des reliques, car, comme le disait Klein lui-même : « Mes tableaux sont les 'cendres' de mon art ».

Klein a documenté très tôt ses expositions et ses manifestations par des films qu’il faisait tourner par des amis cameramen. Il utilisa aussi le texte pour promouvoir ses œuvres, expliquer ses intentions ou diffuser ses idées.

Sources :
- Emission de France Culture Yves Klein (1928-1962) par Matthieu Garrigou-Lagrange, 2012 - Une vie, une œuvre
- Denys Riout Yves Klein. Manifester l’immatériel, 2004. 205 p / français. Collection "Arts et artistes". Gallimard, Paris
- Yves Klein. Corps, couleur, immatériel. Catalogue d'exposition. Sous la direction de Camille Morineau, 2006. 320 p / français. Centre Georges Pompidou, Paris
- Denys Riout, Yves Klein, l'aventure monochrome, 2006 / français. Collection Découvertes, n°494. Gallimard, Paris

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 14 Mars 2013 à 18:33 | Lu 978 fois
Pierre Aimar

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