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Wolfgang, de Yannis Mavritsakis, à L’Atalante, Paris, du 1er au 12 avril 2015

Inspiré de l’histoire de la jeune Natascha Kampusch, enlevée à l’âge de dix ans puis séquestrée pendant huit ans, le texte de Yannis Mavritsakis donne la place du protagoniste à Wolfgang, le tortionnaire.


Wolfgang Intention

Dans une banlieue pavillonnaire aseptisée, où les haies sont comme taillées au couteau, où l’idéal de vie familiale petit bourgeois demeure brandi comme un étendard, même si plus personne n’y croit, Wolfgang rêve d’un amour absolu et éternel.
Entre des valeurs transmises par des ancêtres écrasants ou dénaturés et un idéal social étriqué, Wolfgang ne sait pas sortir d’une adolescence fort prolongée et devient un Arnolphe pathétique à la cruauté naïve.
Yannis Mavritsakis convoque dans le fait divers les fantômes d’Hamlet et de Prométhée (la conception de la femme transmise à Wolfgang par son encombrant ancêtre semble héritée en droite ligne des pensées retorses qui ont présidé à l’invention de Pandora, la première femme…) pour tendre un miroir à notre monde en crise.

Il pointe également le désarroi de la jeune fille qui pendant des années n’a littéralement vu le monde que par les yeux de son geôlier. A l’heure où « l’affaire de Cleveland » fait ressurgir sur les plateaux de télévision des soignants de tout poil venus nous expliquer comme il est simple de se relever d’un tel traumatisme, la parole du poète nous place dans une perspective plus ambiguë, plus déstabilisante, plus humaine.

On a pu croire que le mythe s’inspirait d’une réalité pour la magnifier. On fait ici le chemin inverse, comme si on retombait du mythe dans la réalité ; et celui-ci ne nous aide plus à vivre, et la réalité est laide ; comme un mauvais réveil ; comme si on nous avait fait croire que nous étions des dieux alors que nous ne sommes que des hommes.
Laurence Campet – juin 2013

Wolfgang peut être lu, à mon sens, comme une métaphore de la situation de la Grèce aujourd’hui.
Le personnage est écrasé par la présence obsédante et immuable de ses ancêtres, et n’a pour horizon qu’un mode de vie standardisé et hypocrite qui ne satisfait pas son rêve d’amour fou. La Grèce, à qui on ne cesse de rappeler sa glorieuse et enviable ascendance, se heurte à une Europe libérale et angélique, qui feint de croire que son modèle économique est le bon, que nous avons tous les mêmes besoins, et que les mauvais élèves devraient mieux consommer pour être sauvés. Faut-il relever que Wolfgang tente de résoudre sa contradiction en endossant le rôle de dictateur ? Puisse la Grèce échapper à une semblable solution. L.C.

Pratique

L’Atalante
10 place Charles Dullin
75018 Paris

du 1er au 12 avril 2015
lundi, mercredi et vendredi à 20h30
jeudi et samedi à 19h
dimanche à 17h

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 1 Avril 2015 à 03:14 | Lu 236 fois

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