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Une Norma de qualité en ouverture de saison 2013/2014 à l’Opéra de Toulon, par Serge Alexandre

C’est avec la production éprouvée mais judicieuse de Robert Fortune de La Flûte enchantée de Mozart magnifiée par la direction inventive et alerte de Wolfgang Doerner et une distribution exemplaire n’ayant rien à envier aux plus grands festivals internationaux dominée par la superbe Pamina de Sophie Karthäuser et le Tamino rêvé d’Andrew Kennedy que s’était terminée la belle saison 2012-2013 du temple lyrique varois…


© Frédéric Stephan
© Frédéric Stephan
C’est avec Norma de Vincenzo Bellini que reprenait cette nouvelle saison très attendue. Il est toujours courageux de vouloir monter l’œuvre emblématique du bel canto romantique qui demeure l’un des plus difficiles à exécuter avec I puritani du même compositeur. Les représentations de cet ouvrage prisé par tous les amoureux du beau chant sont devenues rares sur les scènes lyriques internationales. Les temps sont devenus difficiles pour trouver les chanteurs capables d’aborder cet ouvrage sans danger. À Marseille, pendant les années de René Auphan, la soprano américaine June Anderson avait illuminé Norma sous la baguette précise d’Emmanuel Vuillaume.

À Toulon, les trois représentations de Norma ont fait salle comble et ont reçu un accueil enthousiaste du public venu de toute la région Paca plaçant la riche saison de la capitale lyrique varoise dirigé avec bonheur par Claude-Henri Bonnet sous les meilleurs auspices.
Ce dernier a invité la production de 2007 du Festival de Macerata du metteur en scène vénitien Massimo Gasparon ancien assistant de Pier-Luigi Pizzi. Un étonnant goût épuré pour des éléments de décors géométriques (colonnes…) emprunts à l’antiquité et d’un esthétisme raffiné pourrait être trompeur. Ici le metteur en scène surprend par une transposition étonnante. Les soldats romains qui s’évertuent à adopter des poses plastiques et chorégraphiques affrontent d’irréductibles gaulois devenus moines bouddhistes !
Une façon d’évoquer cet empire romain qui s’étendait jusqu’au Tibet !
En fait l’effet est surprenant devenant grotesque. La scène finale du bûcher se situe au pied d’une statue monumentale de Shiva… Voici venu Norma au Tibet ! Malheureusement les comparaisons avec l’illustre maître s’arrêtent là. Les chanteurs semblent livrés à eux-mêmes sur scène et l’on retrouve tous les gestes caricaturaux des solistes nous plongeant dans des temps que l’on pensait révolus. Le travail scénique se limite à des entrées et sorties des chœœurs.
Du coup, on en arrive à regretter la simple mise en espace habile de Francesco Esposito à l’Opéra de Marseille… Heureusement le bonheur se trouve dans la musique.

Le maestro Giuliano Carella à la tête d’une phalange orchestrale varoise en pleine forme et d’un chœœur bien préparé par Christophe Bernollin livre une lecture riche et attentive du chef d’œœuvre du compositeur. Son interprétation d’une grande justesse rend grâce à la puissance théâtrale et dramatique de l’ouvrage. Ancienne pensionnaire du Cnipal, la soprano japonaise Hiromi Omura, convaincante Desdemone la saison passée, est une Norma d’une grande justesse maîtrisant parfaitement le style belcantiste. Sa Norma est précise. Elle lui offre un sens du legato remarquable et une maîtrise du pianissimo devenue rare. Excellente technicienne, elle parvient à transmettre les émotions intérieures traversant le personnage et parvient à nous émouvoir. Elle est sans conteste la révélation de cette représentation !

À ses côtés, le ténor albanais Giuseppe Gipali apporte à Pollione son timbre solaire et une technique vocale exemplaire lui permettant de donner la souplesse requise dans l’émission. Les aigus sont toujours d’une grande sûreté. Peut-être fatigué, l’interprète manque pourtant singulièrement de projection. On a connu ce magnifique ténor plus en forme. On le retrouvera à Marseille dans Lucia de Lammermoor cette saison pendant le mois de février.
La basse charismatique ukrainienne Taras Shtonda à la voix ample et saine est un excellent Orovese. Enfin signalons la belle présence de la mezzo française Marie Karall en Clothilde et le Flavio un peu juste vocalement du jeune ténor français Guillaume François….

On oubliera très vite le grotesque de cette Norma au Tibet pour retrouver la dimension tragique musicale transcendée par le directeur musical des lieux ! Un immense merci au maestro Carrela !
Serge Alexandre


Prochain ouvrage présenté à Toulon La Finta Giardiniera de Mozart dans la production du Festival d’Aix-en-Provence les 22 et 24 novembre prochains ! L’opéra de Toulon fait preuve d’une belle vitalité en proposant sept ouvrages d’octobre à mai. On sera attentif à la nouvelle production de La Cenerentola de Rossini en janvier avec une superbe distribution, à la vision de Mireille Larroche d’Ariane à Naxos de Strauss en Mars ou la reprise en avril de la très efficace mise en scène de Macbeth de Verdi de Jean-Louis Martinoty avant de retrouver Don Giovanni de Mozart par Frédéric Bélier-Garcia à la fin du mois de mai.

Pour tout savoir sur l’Opéra de Toulon : www.operadetoulon.fr
Renseignements : 04 94 92 70 78.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 5 Novembre 2013 à 12:05 | Lu 500 fois

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