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« Un pied dans le crime », d'Eugène Labiche, au Théâtre de la Criée à Marseille, par Philippe Oualid

Avec « Un pied dans le crime », Labiche s'était aventuré sur le terrain de l'institution judiciaire, et posait la question de savoir ce qui se passe dans la conscience d'un Perrichon, démesurément flatté d'avoir été désigné pour faire parti d'un jury de Cour d'Assises,


lorsqu'il se trouve avoir à juger un homme innocent du crime dont il s'est lui-même rendu coupable, conscience et crime n'étant, bien entendu, pas à prendre au sérieux dans la mesure où cette grave interrogation ne sortait pas des catégories du vaudeville.
Pour la critique de l'époque, la situation était trop grave, et la conduite du principal personnage, Gatinais, trop lâche et trop odieuse pour qu'on s'amuse des embarras où les deux auteurs, Labiche et Choler, l'ont placé. Mais, en 1866, le public du Palais Royal, étranger à de telles appréciations, fit un triomphe à ce vaudeville.
En mettant en scène, aujourd'hui, cette pièce oubliée, Jean-Louis Benoit a souhaité, comme le signalait Sartre, redonner au vaudeville « cette valeur cathartique qui nous permet de nous désolidariser des vices et des ridicules que nous découvrons chez les autres » et montrer aussi des personnages prêts à répondre à des évènements catastrophiques. Il y réussit pleinement. Sa mise en scène, dynamique, éblouissante, est traversée d'étonnants temps morts où la pantomime suscite l'hilarité. Ponctuée à la fin de chaque acte, de refrains repris en choeur par le public, elle propose au spectateur une participation totale au plaisir du théâtre.
Hormis la laitière (Véronique Dossetto), les trois comédiennes présentes sur le plateau font pâle figure auprès des quatre principaux acteurs (Torreton, Pinon, Dubois, Tremblais) qui réalisent une performance époustouflante dans des numéros loufoques et burlesques d'un art consommé.
Le décor de Jean Haas, avec ses paravents de papier crevés par les acteurs à la manière des clowns, conviendrait aussi bien au théâtre de Jean Genet. Il prend ici tout son sens quand le spectacle dérape dans le désordre et la folie, avec poêle et armoire qui se déplacent à toute allure en même temps que les personnages sur le plateau.
Cet agréable divertissement devrait susciter un nouvel engouement pour d'habiles mises en scène de Labiche dont la dramaturgie vaudevillesque ne trouve en réalité aucun génie rival dans le théâtre contemporain.
Philippe Oualid

« Un pied dans le crime », d'Eugène Labiche
Mise en scène de Jean-Louis Benoit
Théâtre de la Criée. Marseille
Du 8 au 27 Mars 2011.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 11 Mars 2011 à 00:03 | Lu 995 fois

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