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Un mage en été, d'Olivier Cadiot, théâtre du Gymnase, Marseille, du 29 au 31 mars 2012

Un mage en été est une sorte d'inventaire fabuleux et désordonné de la vie d'un Robinson qui ne voyage plus mais qui rêve et nous entraîne dans un monde magique fait de mots et d'images fascinants. Une expérience minimale, inspirée du livre-monologue d’Olivier Cadiot, qui met en scène un solo d'acteur, fabuleusement interprété par Laurent Poitrenaux, dans un espace sonore bâti sur une voix in situ. Ludovic Lagarde arrive ici à marier écrit et performance afin de faire tourner le livre de force vers la scène.


Note de l’auteur

Un Mage en été © Marthe Lemelle
Un Mage en été © Marthe Lemelle
Depuis le Colonel des Zouaves, créé en 1997, j’ai travaillé avec Ludovic Lagarde à de nombreux projets, mais cette pièce reste pour nous encore centrale, comme une source d’inspiration et d’énergie. Cette expérience minimale, un livre monologue, un solo d’acteur, une zone de jeu circonscrite, un espace sonore bâti sur une voix in situ, a produit des effets inverses. Le monologue était polyphonique, le corps compressé devenait épique. Le travail si serré du metteur en scène, de l’éclairagiste, du musicien, du chorégraphe et de l’acteur a permis de faire entendre un débit littéraire inhabituel et de marier écrit et performance. Il faut faire tourner le livre de force vers la scène. C’est un travail d’équipe, nous voulions retravailler dans cette concentration. Un mage en été se propose de reprendre ce format particulier pour produire une oeuvre différente. Dans Un nid pour quoi faire, un homme, le Robinson qui traverse tous mes livres, décide de reprendre du service et de s’engager dans une drôle de mission : relever l’image d’une cour royale en déconfiture. Dans Un mage en été, notre héros ne bouge plus. Il ferme ses portes et s’enferme dans un basement à la fois ancien et moderne, studio-bureaucuisine- atelier. Il ne construit plus des cabanes dans les arbres, son île est intérieure, il devient l’archéologue de sa vie quotidienne. Ce mage fait grève. Et si le moteur du Colonel des Zouaves était la folie du travail, ce nouveau Robinson essaye de se défaire de sa maladie du trop bien faire et de sa compulsion digressive (...).

Cette détente, il va la trouver paradoxalement en se plongeant avec tendresse dans la technologie, sa boule de cristal ressemble à la toile d’aujourd’hui et aux tissus d’avant. Il est une mémoire technique. Bois et cuivre, mais armé de titane, molettes et commandes vocales. Un milliard de pixels. Petites lampes témoins bleues brûlantes. On garde tout en mémoire : profondeur du négatif, relief de la stéréoscopie, énorme vibration du noir et blanc, sépia et charbon des tirages des anciens morts. Et l’effet huile des autochromes ? Absolument, poursuit la publicité, vous obtiendrez des couleurs profondes à 100%, des fruits vibrants de lumière, pêches oranges dans plat bleu de Chine. Agfa ? Fuji ? Mais oui ! Et la netteté alors ? Le point absolu partout. Du supernumérique. Zéro perte. On a tout. Pas de nostalgie. On progresse sans perdre rien. Couleurs écrasées dans un mortier. Odeur du projecteur, poussières dans rayons, odeur d’écran perlé + réalité augmentée, on garde tout. L’effet perdu aussi. On peut même réparer, assure la notice-qui-sait-tout. Regardez. Ça fait comme une bande plâtrée, ça répare, une charpie ? Quelque chose vient cautériser des scènes. Matériel qui s’effrite, couleurs délavées, scratch, brûlures du négatif, fragments de gens disparus. Remettez les morts et les vivants ensemble à la bonne vitesse, promet la notice.

Jusqu’à ce dernier projet les Robinsons successifs étaient tous des Vendredis, employés d’une machination, la seule issue possible à ces tragédies successives était la voix, et tout se terminait en chansons… pour les esprits. Mais être réduit à l’état d’automate spirituel, c’est bon ça ? Évidemment que c’est bon, évidemment que c’est bon. Mais pourquoi c’est bon ? Ça a été notre rêve à tous, du moins notre rêve de la pensée, ça a toujours été le rêve de la pensée. Un automate qui crie. Dans Un mage en été, espérons que se prendre pour une machine n’empêchera pas d’avoir un corps.
Olivier Cadiot

Pratique

texte Olivier Cadiot
mise en scène Ludovic Lagarde
scénographie Antoine Vasseur
lumières Sébastien Michaud
costumes Fanny Brouste
conception image Cédric Scandella
dramaturgie Marion Stoufflet
réalisation informatique musicale Ircam Grégory Beller
réalisation sonore David Bichindaritz
chorégraphies et mouvements Stéfany Ganachaud
vidéo Jonathan Michel
code créatif Brice Martin Graser
assistante à la mise en scène Chloé Brugnon
assistante à la scénographie Elodie Dauguet
avec Laurent Poitrenaux

calendrier des représentations
du jeudi 29 au samedi 31 mars à 20h30
durée du spectacle : 1h30
prix des places de 8 à 34 euros
réservations 0 820 000 422
+ d’infos www.lestheatres.net

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 19 Mars 2012 à 15:03 | Lu 714 fois

Commentaires articles

1.Posté par BIDEAU le 31/03/2012 23:24
Bonsoir, cette représentation est de l'onanisme public auquel le spectateur est juste là pour applaudir.
C'est le meilleur moyen de tuer le théâtre et de se réfugier aux frontières du pseudo "intellectuel".
Le public n'est certainement en mesure de comprendre une telle grandiloquence même pas inutile comme se doit l'être l'ART.
Quel dommage que le temps des tomates pourries est disparu. Au moins Molière recevait une réaction, pas de l'indifférence convenue.
Je ne dirais qu'un mot "remboursé de mon temps inutilement gâché. Au moins à TF1 il lave les cerveaux.
Pascal Bideau

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