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« Singulières », exposition de Catherine Garrigue et Juli About, Galerie La Ralentie, Paris, du 9 Janvier au 6 Février 2014

La Galerie La Ralentie présente les oeuvres de Catherine Garrigue et Juli About dans une exposition intitulée Singulières qui se déroulera du 9 Janvier au 6 février 2014.
Jamais exposées jusqu'ici à Paris, la Galerie La Ralentie révèle l'univers fort et inspiré de ces deux artistes.


Le monde selon Catherine Garrigue

Catherine Garrigue
Catherine Garrigue
« La vraie création ne prend pas souci d’être ou de n’être pas de l’art. » Jean Dubuffet, Bâtons rompus, 1986

Catherine Garrigue est une artiste étrange. Son parcours est atypique, à bâtons rompus précisément. Après avoir sculpté la terre pendant de longues années et donc travaillé des techniques, des matériaux divers, terres et argiles, pigments, four pour la cuisson des pièces, aujourd’hui elle dessine avec des stylos bille, feutres, crayons et papier blanc.
C’est paradoxal. Son univers pictural est extrêmement sophistiqué et complexe. Les moyens utilisés sont modestes et peuvent voyager dans des poches. À mi-chemin de l’art singulier, chaque image est un tout fusionnel. Ses dessins ont leur esthétique propre. Ils sont rythmés par des lignes, des traits. Ils se répètent, se déploient, s’enchevêtrent et tissent des mondes qui souvent se referment sur eux-mêmes comme pour se protéger. Il y a du ressassé dans les visions dévoilées.
Les mondes imaginaires de Catherine Garrigue procèdent d’obsessions, éléments botaniques, racines, griffes, ailes de papillon, oiseaux, nuages, lunes, visages aux yeux baissés.

Les formes sont sensuelles et arrondies. Chaque dessin est un ventre de mère.
Pas de certitudes dans cette fantasmagorie, mais bien plutôt des inquiétudes visionnaires, l’envie d’une plénitude. L’écriture est méditative comme celle du marcheur nez au vent. Une douce errance, un automatisme ouvrant l’inconscient. L’enfance retrouvée dont parle Baudelaire.
Le plus souvent, le dessin se construit autour d’un centre de gravité. Le stylo dessine, trace, hachure et tourne autour tressant son alphabet. Le regard des visages cherche l’âme des choses. Ce sont des dormeurs « éveillés » .Les oiseaux partout nichés dans la feuille abritent le mystère des rêves. Ils font frontières dans cet inventaire et ferment les rebords du monde. C’est un univers féminin, sexes, lèvres, orifices ouverts au désir. Les repères spatiaux y sont annulés et le cadrage parfois désaxé. Dans la série des « fleurs », « la fleur de l’étrange », « la fleur de l’enfer » échappent à la symétrie et se déploient aléatoirement.
La verticalité centrale de ses dessins s’inscrit dans celles des ostensoirs ou encore de calices, mémoire d’enfance encore?
« On reconnait qu’une oeuvre a du style à ce qu’elle donne la sensation du fermé. » cette phrase de Max Jacob trouve tout son sens ici. Il faut se souvenir de la relation étroite qu’il avait au sacré et au mysticisme. Le monde onirique de Catherine Garrigue tend à à une même relation fusionnelle avec les cycles naturels de la vie.
L’art de Catherine Garrigue ouvre un rituel quasi religieux de contemplation.”
Julie Simon-Titécat, plasticienne

Juli About, Portraits

Juli About
Juli About
C’est une femme, c’est un homme, c’est un corps ? Peut-être rien de tout cela. Une ombre jetée sur le papier, un morceau de viande, un squelette qui se détache et qui s’engouffre de nouveau dans l’espace de la page, dans le vide du temps.
Il nous regarde, ce visage qui n’en est pas un. Il nous regarde, vraiment ? Mais avec quels yeux ? Il nous regarde avec l’orientation de son crâne, il pourrait même nous regarder par sa nuque.
« La nuque est un mystère pour l’oeil », écrivait Paul Valéry. Cette vérité de l’invisible du corps, cette phénoménologie de la perception se dévoile, ou ne se dévoile pas, dans le sensible de la chair. Une chair qui n’en est pas une, mais qui le devient par l’expérience même du spectateur qui y projette sa propre identité, ses désirs, ses frustrations, ses fantasmes, ses angoisses.
Une arrière-pensée qui nous hante, comme de la brume sur le visage, comme une photographie qui a perdu ses couleurs, comme l’image d’un être cher dont le contour des formes est estompé. Un brouillage, une embrouille, un noeud.
Parfois une ramification de noeuds, parfois un trou, une série de ficelles qui tiennent ensemble on ne sait pas trop comment, ou peut-être qui ne tiennent pas ensemble, justement, car le crâne est à la fois un dessin et un volume, une surface et une sculpture, une image et un corps.

Profonde tristesse, mélancolie, désarroi, ou peut-être une pacification des sens, une manière de se dire « c’est bien ainsi », « ça va », même si tout porterait à croire le contraire. Une manière de vivre sa vie de l’intérieur, dans les méandres de l’inconscient, là, dans la nudité du rêve.
Car l’inquiétude n’est ni la terreur, ni l’angoisse, l’inquiétude est un état moins contraignant, moins intense.
L’inquiétude décèle une certaine douceur dans la douleur, c’est un état du vivre qui se plaît dans sa tristesse sans jamais sombrer dans le désespoir, une sorte d’éveil à soi et au monde, qui peut déceler une forme d’amour.
L’inquiétude se dévoile précisément là où l’être est compact. Elle n’est pas une émotion de la déperdition ou de la fragmentation. L’inquiétude peut quelque part aussi rassurer. Faire parler le souci d’autrui, lui communiquer son affection. Les portraits de Juli About donnent à la fois un effet de miroir, une façon de se confronter à soi dans l’ombre de l’incertain, mais ils donnent aussi une forme de sécurité, comme un regard bienveillant porté sur nous, les spectateurs.
L’inquiétude comme une forme de bienveillance obstinée, qui reste intacte malgré tout.

Informations pratiques

Galerie La Ralentie
22-24 Rue de la Fontaine au Roi
75011 Paris
Tél: 01 58 30 68 71
galerielaralentie@yahoo.fr
www.galerielaralentie.com


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 6 Décembre 2013 à 12:23 | Lu 393 fois

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