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Sam Szafran, 50 ans de peinture, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, du 8 mars au 16 juin 2013


Famille décimée, enfance déracinée, quelques repères biographiques d’un cabossé de la vie

Né à Paris le 19 novembre 1934, de parents juifs émigrés de Pologne, Sam Szafran grandit au coeur des Halles. Son père meurt dès le début de la guerre et l’enfant se voit confier à un oncle sévère. La tendresse, il la trouvera auprès de ses grands-parents. Il fréquente la synagogue de Guimard avec son grand-père. Caché dans le Loiret, chez des paysans qui le maltraitent, il trouve refuge chez des républicains espagnols. Miraculé de la rafle du Vel’d’hiv en 1944, il est déclaré pupille de la nation en 1945. La Croix-Rouge l’envoie en Suisse près de Winterthur dans une famille d’accueil pendant deux étés. L’artiste confie que « ce furent les seuls moment heureux de mon adolescence ». Il apprend à nager, à dessiner, et le futur graphiste Jean Widmer le remarque.

En 1947, avec sa mère et sa soeur, ils embarquent depuis Marseille jusqu’à Melbourne rejoindre un oncle maternel émigré depuis 1937. Après trois mois d’école pour apprendre l’anglais, il pratique plusieurs métiers : magasinier, commis chez un charcutier, larbin d’un journaliste sportif …

Là déjà, il s’intéresse aux images et profite de la bibliothèque du musée de Victoria pour découvrir des livres sur la peinture anglaise : Hogarth, Reynolds, Turner etc. Période de grande détresse morale où il attend avec impatience de rentrer en France en 1951. A Paris, il survit en acceptant de petits boulots, dont traducteur interprète à l’American express. Il s’inscrit au cours du soir de dessin de la ville de Paris. Dès lors, l’art se présente au jeune peintre comme un salut, pour éviter les dérives ! En 1953, il peut suivre l’enseignement de la Grande Chaumière où pendant quatre ans il dessine avec passion, animé par une inlassable curiosité avec le regard indemne de l’autodidacte. Son atelier : le métro, les escaliers, les caves, les passants du Palais de Justice, un crayon à la main, il scrute, trace, s’essaie dans la perspective. Il fréquente divers groupes à Montparnasse, puis dans le quartier Saint-Germain. Epoque où il découvre le jazz aux Trois Maillets. Rencontre importante avec Roseline Granet en 1954, acquéreur de ses premières oeuvres et son seul soutien pendant longtemps. Il fait la connaissance d’Alberto et Diego Giacometti, puis également d’Yves Klein, de Tinguely et de Riopelle. En 1960, Szafran reçoit une boîte de pastels, une révélation ! Il abandonne la peinture à l’huile, adopte ce médium, point de départ d’une technique un peu oubliée. Il épouse en 1963 Lilette Keller, originaire de Moutier dans le Jura suisse, leur fils Sébastien naît un an plus tard. Après quelque dix ans de galère, la situation de l’artiste s’améliore. Jacques Kerchache qu’il rencontre en 1965 lui offre sa première exposition personnelle. Le poète libanais Fouad El-Etr devient un proche ami de Sam. Il crée la revue La Délirante en 1967 à laquelle le peintre collabore activement à partir de 1983. Une rencontre importante témoin d’une profonde amitié : Henri Cartier-Bresson qui prend des cours de dessin avec Sam.
Pendant quelque vingt ans, Szafran ne possède pas de véritable atelier, il hante des lieux lugubres et inadaptés, jusqu’à ce qu’il repère une ancienne fonderie à Malakoff en 1974, dans laquelle il vit et travaille encore aujourd’hui.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 26 Septembre 2012 à 04:04 | Lu 2256 fois
Pierre Aimar

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