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Par cat chemins, de Christine Lacroix, Mon Petit Editeur

Aussi étonnant que cela puisse paraître, « Black » a réellement existé, sous un autre nom. Il s’est égaré pendant plus de quatre ans et a été recueilli par une gardienne avant de retrouver sa maison. Saluons tous ceux et celles qui chaque jour prennent soin des chats perdus. S’ils errent dans les rues, c’est rarement de leur propre volonté. Pour les « non Tintinophiles » qui s’étonneront des titres des chapitres, ils sont un hommage aux vingt-quatre albums des héros de Hergé, qui avec Jules Verne, restera toujours l'un des auteurs préférés de l'auteure.


Avant je m’appelais Black, juste Black. Mais Attila ça me va…

Par cat chemins, de Christine Lacroix, Mon Petit Editeur
Pourtant à mes débuts j’étais blanc, tout blanc. Quand j’étais chaton je suis tombé dans un sac de cokes posé dans le coin nord de la remise où je suis né; maintenant je suis noir, tout noir avec des émeraudes à la place des yeux.
Les yeux des chats sont des joyaux : ambre, topaze, aigue-marine, améthyste, rubis mais là ce n’est pas normal, ou jade comme les miens; contrairement aux humains qui ont les yeux bruns, bleus, noirs, verts, glauques ou rouges mais là c’est inquiétant. La nuit si je ferme les paupières je n’existe plus, mais si je les ouvre on peut découvrir mes pierres précieuses en amande, deux gemmes que dame nature m’a offertes en cadeau.

Pour un mois de novembre, le soleil est plutôt généreux. Ses rayons dardent à travers la baie vitrée du salon et viennent s’écraser sur le canapé de lin clair. Au beau milieu, une tâche sombre donne l’illusion d’un trou circulaire d’où nulle lumière ne ressort. Je suis ce « trou noir », mon pelage est fait pour la nuit.
Cette chaleur me procure un plaisir intense qui hérisse le pelage de mon dos. Le bien-être de cette pose en arrondie est contrecarré par mon envie de m’étirer. Finalement j’opte pour la solution intermédiaire, j’allonge au plus loin mes antérieures, toutes griffes dehors, la truffe au ras des pattes. Je conclus l’exercice par un bâillement toutes dents sorties avec au final un claquement de mâchoires sonore.
Après la chambre sans vue et le ciel vu du plancher par la seule fenêtre de toit du logement, cette petite maison de ville est un paradis, une porte coulissante, une baie vitrée côté jardin et deux observatoires côté rue, de quoi occuper un chat quelques heures dans une journée.
Les premiers accords de la Danse du Sabre retentissent derrière moi, mettant en action mes deux cornets auditifs amplificateurs. Quand je dis deux je devrais plutôt dire un et demi, mon oreille gauche étant amputée de sa moitié supérieure, souvenir d’une bataille cuisante.
Mon compagnon à deux pattes ramasse son téléphone posé à même le sol et décroche. Commence alors le petit jeu de la demi conversation; en entendant un seul des deux interlocuteurs, le challenge consiste à reconstituer l’échange dans son intégralité; car cet appareil permet à des humains souvent fort éloignés géographiquement de se parler, souvent pour ne rien dire. J’avais appris à force d’habitude à faire la différence entre les humains se parlant à eux même, ceux qui s’adressaient à moi et ceux qui parlaient avec un correspondant fantôme comme en ce moment.
Après les politesses d’usage je dressai un pavillon, j’avais entendu mon nom.
- Oui, Attila va bien, sa nouvelle maison à l’air de lui plaire, enfin surtout le jardin.

CHRISTINE LACROIX
Mis en ligne le Mardi 25 Septembre 2012 à 08:28 | Lu 292 fois

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