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Lorenzaccio d'Alfred de Musset, Mise en scène de Gérald Garutti, Théâtre de La Criée, Marseille, du 2 au 4 Avril 2015. Par Philippe Oualid

Chef d'œuvre du théâtre romantique, Lorenzaccio (1834) apparaît comme un monstre injouable par son ampleur et ses changements de tableaux.


A partir d'un épisode de la Renaissance florentine évoquant une révolution manquée contre les crimes de la tyrannie, la pièce déchiffre la corruption d'un régime, raconte les difficultés de l'engagement et le combat de l'idéalisme contre les forces de l'oppression et du mal.

Drame historique et politique, fait davantage pour être lu que joué, Lorenzaccio est aussi et surtout le drame d'un individu, d'une conscience : celui de Lorenzo de Medicis qui voulant donner un sens à sa vie, en comprend finalement l'absurdité, un Lorenzo qui commet le meurtre inutile de son cousin, le Duc Alexandre de Medicis, par fidélité au jeune homme vertueux qu'il a été et qui a disparu sous le masque de débauché qu'il s'est choisi.

Depuis sa création en 1896 par Sarah Bernhardt qui assurait la mise en scène et jouait le rôle de Lorenzo en travesti, l'œuvre a intéressé de brillants metteurs en scène comme Vilar, Zeffirelli, Mesguich, Rétoré ou Lavaudant. Ce nouveau spectacle leur oppose une optique différente, c'est le moins qu'on puisse dire. . . Dépourvue de scénographie (des draps blancs froissés suspendus aux cintres délimitent une aire de jeu), la mise en scène de Gérald Garutti situe l'action du drame dans une atmosphère de film néo-réaliste italien et rend la pièce totalement anachronique. Devant les nombreux figurants, issus du théâtre amateur, qui constituent un chœur carnavalesque de masques dansant dès le début un twist plus ou moins obscène, les principaux acteurs, photographiés par des paparazzi, ressemblent à des comédiens qui cherchent à répéter Lorenzaccio de Musset, en vue d'une éventuelle représentation traditionnelle en costumes et décors du XVIème siècle. On les voit ainsi s'investir avec une diction précise dans des personnages qu'ils incarnent complaisamment : Maximilien Seweryn (le Duc) apparaît comme un ogre grossier friand de femmes, Stanislas Roquette (Lorenzo) comme un fanfaron du vice à la recherche d'une pureté perdue, Nine de Montal (la Marquise Cibo) campe une femme qui assume vaillamment un adultère altruiste et sacrificiel, Olivier Constant (le Cardinal Cibo) compose un politique adroit et méprisable et Claude-Bernard Pérot (Philippe Strozzi) un curieux personnage de républicain à la fois vénérable et ridicule. Enfin, évoluant dans un univers miteux, ces acteurs font passer la rampe tant bien que mal à un texte shakespearien qui brasse un incroyable mélange de tons et de registres, tout en laissant une fâcheuse impression de spectacle inconcevable.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 4 Avril 2015 à 22:43 | Lu 237 fois

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