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Les peintres de Pont-Aven autour de Paul Gauguin. Atelier Grognard, Rueil-Malmaison, du 12 janvier au 8 avril 2013

Installé, à deux pas du Château de la Malmaison, dans un ancien bâtiment industriel d’époque Eiffel, l’Atelier Grognard accueille les expositions organisées par le service des Affaires culturelles de la Ville de Rueil-Malmaison. L'Atelier poursuit sa programmation artistique après avoir présenté notamment Miro, Reflets de la Seine impressionniste, Jean Dubuffet, l‘École de Rouen et Abstractions 50.


Une vision élargie de l’école de Pont-Aven

Henry Moret, Batteuses de blé, Huile sur panneau, 1892, 37.5x50 cm, © Bernard Galéron
Henry Moret, Batteuses de blé, Huile sur panneau, 1892, 37.5x50 cm, © Bernard Galéron
À travers une belle sélection de près de 150 peintures, gravures et dessins rarement montrés au public, l’Atelier Grognard présente à partir du 12 janvier prochain cette exposition qui met en lumière l’aventure de Pont-Aven sur une longue période, entre 1886 et les années 1920.
Avec une approche pédagogique et didactique, elle réunit une vingtaine de peintres autour de Paul Gauguin, d’Émile Bernard à Paul Sérusier (un remarquable ensemble de 13 oeuvres), en passant par Maxime Maufra, Émile Jourdan, Ferdinand Loyen du Puigaudeau, Henry Moret, présentés de manière exceptionnelle, ou encore, Henri Delavallée, Meijer de Haan, Charles Filiger...

Le commissaire de l'exposition, Hervé Duval, a choisi d’offrir, pour la première fois, une vision élargie de cette formidable histoire, en étudiant à la fois les années Gauguin ( 1886 - 1895 ), marquées par l’invention du cloisonnisme et du synthétisme à Pont-Aven, et celles qui suivent le départ définitif du maître. « Il me semblait intéressant de montrer l’importance indiscutable de Gauguin, mais aussi l’attraction que continuera d’exercer la Bretagne, avec sa rudesse, ses paysages contrastés, sa culture, sa vie quotidienne et sa ferveur religieuse, sur ces artistes qui, pour beaucoup, resteront ou reviendront à Pont-Aven après le départ de Gauguin pour Tahiti. Plus qu’une école, je considère Pont-Aven comme un laboratoire, un atelier à ciel ouvert », précise Hervé Duval.

Grâce à des prêts consentis par des musées prestigieux (le Musée d’Orsay à Paris, le Musée Maurice Denis de Saint-Germain-en-Laye, les Musées des Beaux-Arts de Rennes, de Reims et d’Orléans, le Musée de la Douane à Bordeaux, le Musée Lambinet à Versailles, le Musée de la Ville de Lorient, la ville de Châteauneuf-du-Faou...), que complètent de superbes oeuvres issues de collections privées, l’Atelier Grognard réunit en trois sections les grands acteurs de cette « révolution picturale » née à Pont- Aven, qui marquera en profondeur l’histoire de l’art moderne.

Les années Gauguin, 1886-1895

Entre 1886 et 1894, Gauguin séjourne à cinq reprises à Pont-Aven. Avec Émile Bernard, il va mettre au point dès 1888 le principe du cloisonnisme et donner naissance à un style, le synthétisme. Ce sont les années de l’audace et du « droit de tout oser », selon les mots de Gauguin. Cette première partie du parcours de l’exposition réunit deux tableaux majeurs du maître, La Fenaison (1886, Musée d’Orsay) et La Fête Gloanec (1888, Musée des Beaux- Arts d’Orléans), ainsi qu’un important corpus d'une trentaine d'oeuvres d’artistes qui gravitent autour de lui et élargissent, d’une manière ou d’une autre, ses recherches. Il est question d’Émile Bernard bien sûr, mais aussi de Paul Sérusier..., ainsi que d’autres figures moins célèbres, comme le Danois Mogens Ballin (l’exceptionnel Paysage de Pont-Aven, oeuvre synthétiste proche des paysages cloisonnés d’Émile Bernard), le Hollandais Meijer de Haan ou l’Irlandais Roderic O’Connor.
Ces artistes sont venus à Pont-Aven pour Gauguin - même si tous ne l’ont pas forcément rencontré - et aussi parce que la Bretagne est une terre hospitalière et bon marché, pittoresque et exotique, une terre de légendes et de croyances propice à nourrir la peinture. Tous n’ont pas produit des oeuvres synthétistes, mais ils ont trouvé là, dans un climat de rencontres et d’échanges, dans le bouillonnement créatif de cette petite communauté d’artistes, une inspiration et des idées nouvelles qui leur ont permis de se dépasser, et de travailler, selon le conseil de Gauguin, « librement et follement ».

L’après Gauguin, 1895-1920

L’aventure artistique de Pont-Aven débute, on le sait, bien avant le premier séjour de Gauguin. Et elle se poursuit bien après. Lorsque le peintre quitte la Bretagne en 1894 pour rejoindre Paris, puis l'Océanie, le groupe éclate géographiquement, mais certains artistes choisissent de rester à Pont-Aven, et d’autres y reviendront plus tard.
Comment va évoluer leur style ? Vont-ils poursuivre les recherches initiées par Gauguin ou explorer d’autres voies ? Cette deuxième partie de l’exposition, qui présente 70 tableaux, s’attache à montrer la production des artistes après 1895, et jusque dans les années 1920 (à l’exception d’un tableau tardif d’Émile Bernard de 1936, qui marque un étonnant retour au synthétisme).
Si l’ombre de Gauguin reste très présente, la source d’inspiration des peintres est d’abord la Bretagne. Elle devient l’élément fédérateur. Ce chapitre de l’exposition a donc été conçu de façon thématique, de la terre à la mer, à travers la culture bretonne, les croyances, les légendes, les côtes animées (ports, goémoniers, pêcheurs...), les falaises, puis le grand large...

L’accrochage met en évidence différents styles, l’impressionnisme à la touche libérée de Moret, Maufra, Schuffenecker, Chamaillard, Delavallée ou Puigaudeau, le symbolisme (Le cueilleur de pommes ou bien encore les Baigneuses au voile blanc de Sérusier, prêtée par le Musée d’Orsay), un certain mysticisme également chez Charles Filiger. Sans oublier le Nabi aux belles icônes, Maurice Denis, adepte des formes stylisées héritées de Gauguin mais aussi de l’esthétique des estampes japonaises, et les oeuvres singulières des années 1915-1920 d’Émile Jourdan, très marquées par les travaux de Gauguin et Bernard. Tous ces peintres regardent différemment la Bretagne, et trouvent le vocabulaire pictural le plus adapté pour traduire leur propre vision. Après le temps de l’audace, vient celui de la maturité.

Les oeuvres graphiques

Une section particulière est dédiée à une cinquantaine d’oeuvres sur papier qui montrent l’importance considérable du trait dans le processus du cloisonnement. À la différence des peintures dans lesquelles la couleur joue un rôle de premier plan, ces compositions saisissent d’abord par la force des lignes et des formes qui les régissent. Notons parmi les pièces majeures de cet ensemble, une série intéressante d’une dizaine d’aquarelles de Maxime Maufra, synthétistes et jamais encore dévoilées, ainsi que deux dessins épurés de Bretonnes de profil signés Roderic O’Connor. Sont également réunis des bois gravés, une mine de plomb et une aquarelle de Gauguin, des zincographies d’Émile Bernard, des oeuvres graphiques d’une grande modernité d’Henri Delavallée, des fusains de Georges Lacombe, ainsi que deux oeuvres de Charles Filiger, Tête de jeune Breton et, prêtée par le Musée Maurice Denis, Sainte en prière.

Pratique

ATELIER GROGNARD
6 avenue du Château de Malmaison
92500 Rueil-Malmaison
www.mairie-rueilmalmaison.fr
Tarif d’entrée : 5 euros
Horaires d’ouverture : de 13h30 à 19h (fermé le mardi)

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 5 Décembre 2012 à 02:43 | Lu 876 fois

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