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Les Géants de la Montagne de Pirandello, mise en scène de Stéphane Braunschweig, Théâtre du Gymnase, Marseille, du 10 au 14 novembre 2015. Par Philippe Oualid

Dans Les Géants de la montagne (1936), Pirandello exprime au terme de sa vie, sous forme de féerie, sa conception de l'illusion dramatique qu'il avait suggérée dans les scènes majeures de son théâtre.


© DR
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La pièce, restée inachevée, présente une troupe de pauvres bateleurs ambulants, perdus dans leur rêve de jouer « La Fable de l'enfant échangé », œuvre d'un jeune poète suicidé par amour, et parvenant dans un pays qui n'appartient plus au monde réel, une villa délabrée dont les chambres n'ont plus de plafond. Ils vont y rencontrer une autre troupe de marginaux illuminés, hantés par des hallucinations, gouvernés par le magicien Cotrone, puis des marionnettes virtuelles qui vont prendre part à la comédie, et enfin les géants de la montagne, des êtres stupides, grossiers, intolérants, à l'image des fascistes mussoliniens, qui vont se contenter de gronder sans apparaître dans ce drame symbolique indéchiffrable.
Dans la remarquable mise en scène de Stéphane Braunschweig, la pièce se termine par la fable de l'enfant échangé qui relève moins de la dramaturgie du dédoublement qu'elle ne figure symboliquement la communication des contraires accomplis par l'imagination mythique: l'enfant volé, devenu prince, retrouve sa mère qui lui révèle le secret de sa naissance, et choisit de céder la couronne à son double, sombre figure d'idiot. . .
En ce qui concerne le spectacle en tant que tel, le metteur en scène le situe sur un théâtre dédoublé, dans un esprit de représentation critique, où les comédiens donnent corps à des cauchemars, dans un univers de bruit et de fureur où sont abolies les limites du représentable théâtral, avant d'éprouver l'irréalité de leur condition à travers les masques qu'ils se sont choisis. On ne saurait dire à quel point l'étonnante performance des acteurs suscite l'admiration, en particulier dans l'interprétation des rôles de la Comtesse Ilse (Dominique Reymond), du magicien Cotrone (Claude Duparfait), de la Sgricia (Daria Deflorian) et de Spizzi (Romain Pierre), des acteurs qui servent le génie pirandellien à la perfection dans ce spectacle distingué, rare, élitiste, ovationné comme il se doit par un public enthousiaste.
Philippe Oualid

Théâtre du Gymnase
4 Rue du Théâtre Français
13001 Marseille




Pierre Aimar
Mis en ligne le Dimanche 15 Novembre 2015 à 15:52 | Lu 175 fois

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