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Le gang des Antillais, de Jean-Claude Flamand Barny, sortie novembre 2016

Ou les ratés et réussites du Bumidom


Le Bumidom vous connaissez ?
Organisme créé en 1963 par Michel Debré : Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre-mer. Jusqu'en 1981, le Bumidom a favorisé la venue en métropole de plusieurs milliers de personnes qui sont arrivées en France depuis la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion. Originaires des classes modestes appauvries par l'explosion démographique, les adultes cherchaient du travail, tandis que les plus jeunes entretenaient l'espoir de faire des études. La métropole était peut-être une chance unique d'y parvenir. Si cette migration ne fut pas un succès pour tous, il est incontestable qu'elle a contribué à créer puis à développer une véritable communauté ultramarine en métropole : les « générations Bumidom » .



Le Gang des Antillais
Avec Djédjé Apali, Eriq Ebouaney, Adama Niane, Vincent Vermignon, Zita Hanrot, Jocelyne Beroard, Mathieu Kassovitz
Le tout nouveau film de Jean-Claude Barny jette sur ces années un autre regard. Il mêle à la fois attente et déception, espoir et désespérance quant à l’avenir et à ses possibilités pour ces nouveaux arrivés qui n’ont pas là de place évidente.
Que leur propose-t-on ? du ménage, « je ne suis pas là pour promener un balai dans des couloirs », des boulots à la Poste , à la RATP, à l’entretien des rues… ? Des boulots décevants mais qui vont avec le manque de savoir et de diplômes.
Décevants parce que ces expatriés de leurs îles et de leur soleil permanent attendaient mieux. Parce qu’avec ce voyage dépaysant, isolant, perturbant, étaient nées sans doute des espérances neuves : de la réussite, plus d’argent, une autre vie à l’européenne.
Plus d’argent, plus facile, les mots sont prononcés. L’élémentaire du rêve, mais le plus difficile à obtenir.
Très vite, les plus jeunes et les plus vulnérables - Jimmy Larivière, joué avec maestria par Djédjé Apali, le héros, en fait partie - vont se lasser d’attendre que l’argent vienne à eux : ils vont aller à lui, là où il est le plus accessible, dans les bureaux de poste. S’ensuit une série de hold-up où encadrés dans le Gang des Antillais, ils surprennent, apprennent et réussissent.
Un gang presque involontairement constitué autour de quelques actions d’éclat et que le succès semble griser. On rêve de plus grand, d’une banque par exemple.
Avec eux, auprès d’eux, un petit bout de bonne femme, Linda, jouée par Zita Hanrot, récompensée aux Césars 2016, jolie et courageuse, plus lucide et plus sage, comme le sont souvent les femmes, comprend la nécessité de devenir indépendante par son travail : délaissant son désir d’être musicienne, elle passe son diplôme, et quitte le ménage et les couloirs de l’hôpital pour devenir infirmière.
« Un rôle fort, qui permet à Jean-Claude Barny de rendre hommage à toutes celles qui ont dû abandonner leurs rêves et leurs passions pour « faire bouillir la marmite », littéralement. « Ma mère a dû faire taire ses envies d’artistes pour que moi, je puisse vivre les miennes. C’est un hommage que je lui rends », explique le réalisateur » .

Suite de l’histoire ? Luttes et réussites, échec et le héros Jimmy Larivière se fait coincer et en prend pour 10 ans.
10 ans en prison, imagine-t-on comme c’est long ?
C’est là que se superposent l’histoire de Loïc Lory, arrivé en métropole à l’âge de 13 ans, qui a fait partie de la génération Bumidom qui a vécu et écrit cette histoire de la délinquance et de la violence qui l’a conduit à Fleury-Mérogis. Et qui devient le personnage de Jimmy.
Et c‘est là qu’intervient aussi le miracle : l’éducateur de Lory qui connaît bien ses sujets, lui propose un jours deux instruments de rédemption : un gros cahier et un stylo. Il a senti en ce bandit raté quelque chose, quelqu’un en devenir.
Lory va écrire cette histoire, son histoire-et aussi un peu celle du Bumidom-
Cet éducateur intuitif vous en connaissez sans doute le nom : Patrick Chamoiseau.
Jacqueline Aimar

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 27 Octobre 2016 à 20:01 | Lu 694 fois

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