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La collection Jonas Netter : Modigliani, Soutine et l'aventure de Montparnasse, Pinacothèque, Paris, du 4 avril au 9 septembre 2012

Marc Restellini : "Je souhaite aujourd’hui continuer l’exploration du monde fantastique des grands collectionneurs que j’avais initiée, il y a plus de douze ans, avec la collection du docteur Rau, au musée du Luxembourg – quand je le dirigeais – et continuée aux débuts de la Pinacothèque avec la collection de Jacqueline Picasso...


Amedeo Modigliani Elvire au col blanc (Elvire à la collerette) 1917 ou 1918 Huile sur toile, 92 x 65 cm. Collection privée © Photo : Pinacothèque de Paris
Amedeo Modigliani Elvire au col blanc (Elvire à la collerette) 1917 ou 1918 Huile sur toile, 92 x 65 cm. Collection privée © Photo : Pinacothèque de Paris
... Laissez-moi aujourd’hui vous faire découvrir Jonas Netter, l’un des collectionneurs les plus marquants du XXe siècle, découvreur de talents, d’autant plus inspiré et génial qu’il fut d’une discrétion absolue pendant toute sa vie au point qu’il est encore aujourd’hui inconnu du grand public.
Pourtant, sans lui, Modigliani n’aurait sans doute jamais existé, ni Soutine, ni Utrillo. Cette exposition va aujourd’hui lui rendre l’hommage qu’il mérite en permettant enfin au public de découvrir un ensemble d’oeuvres absolument étourdissant de beauté, principalement de Modigliani. Il n’a pas été montré au public depuis plus de soixante-dix ans et réapparaît aujourd’hui comme par magie, sorti d’un autre monde.
Ces oeuvres pourtant parmi les plus célèbres de Modigliani ont été conservées jalousement dans le coeur de la famille Netter pour enfin être montrées aujourd’hui au public, dans le cadre d’une fondation dont les missions sont, notamment, d’apporter une aide à l’enfance défavorisée.

La Pinacothèque est donc heureuse aujourd’hui de pouvoir participer à ce grand projet humanitaire et d’y contribuer également financièrement tout en faisant découvrir l’un des collectionneurs les plus éclairés de sa génération. Jonas Netter était un Alsacien, représentant en marques installé à Paris, fasciné par l’art et la peinture. Ses moyens trop faibles à l’époque ne lui permettent pas d’acheter des oeuvres impressionnistes, pourtant ses favorites, celles qu’il peut voir et admirer dans les galeries ou les musées.
Toutefois, sa passion pour l’art – lui-même est un mélomane brillant et un remarquable pianiste – l’amène à s’intéresser à des artistes qui sont à sa portée financièrement. Il doit pour cela aller au devant des artistes, les découvrir, les trouver. Pour cela, il s’associe à un personnage très original du monde de l’art, un poète polonais, ou du moins qui se prétend l’être, qui lui présente des oeuvres d’artistes alors totalement inconnus mais qu’il peut se permettre d’acheter.

C’est ainsi qu’il découvre une toile de Modigliani et se décide à l’acquérir. Il sera l’un des premiers à acheter des oeuvres de cet artiste, prenant la suite de Paul Alexandre qui l’avait soutenu jusque-là, avant la Première Guerre mondiale. Collectionneur dans l’âme, Netter commence à acheter toutes les oeuvres de Modigliani qu’il voit chez Zborowski. Il se prend de passion pour cet artiste dont il arrive à posséder une quarantaine de peintures à la fin des années 1920.

Puis, c’est Soutine qu’il aperçoit. Avant même Barnes, il est fasciné par Soutine. Lui, le juif alsacien bourgeois et discret, se prend d’une passion sans borne pour tous ces artistes qui constituent l’école de Paris. Il découvre également Utrillo, sa période blanche l’envoûte et il commence à en acheter par centaines également, toujours avec l’aide de Zborowski. Ce dernier se retrouve, grâce à lui, à la tête d’un véritable marché nouveau et d’une pléiade d’artistes jeunes qui se trouvent ainsi propulsés par cette nouvelle génération de marchands et de collectionneurs.

Un monde nouveau du marché de l’art s’ouvre à cette période. Le milieu installé des grands marchands parisiens, enrichis grâce aux impressionnistes (Vollard, Durand-Ruel, Paul Rosenberg), va voir naître un nouveau milieu artistique avec un groupe de peintres novateurs parmi lesquels ces artistes de l’école de Paris. Zborowski en sera le principal diffuseur avec, autour de lui, d’autres marchands importants qui apparaissent à ce momentlà, notamment Paul Guillaume. Il s’agit également de collectionneurs nouveaux comme Barnes, Dutilleul et celui qui, jusqu’à ce jour, avait pris le parti de rester dans l’ombre mais qui sans doute fut le plus important de tous : Jonas Netter. Valadon et Kisling feront également partie de ces peintres, ainsi que beaucoup d’autres, tous formidables même s’ils n’ont pas forcément eu la même notoriété : Kremègne, Kikoïne, Hayden, Ébiche, Antcher et Fournier.

Mais ce sont sans doute les oeuvres de Modigliani qui, chez Netter, sont les plus marquantes. Sans la moindre hésitation, il achète des travaux du jeune maître italien par dizaines avec une délectation et une jouissance rare, sous les quolibets de tout son entourage qui le traite de fou et lui reproche d’acheter « des horreurs pareilles ». Lui, croit en ses artistes. Il y croit tellement que, quand il revend quelques-unes de ses toiles dès le début des années folles, ce sera non pas pour faire des plus-values, mais pour faire connaître les artistes. On le verra ainsi vendre sept Modigliani à l’un de ses correspondants en Argentine parce qu’il pense que c’est important de faire connaître le peintre sur un autre continent, en Amérique du Sud.

Très sensible à l’idée que la culture doit être à tous et pour tous, Netter rêve que ses artistes puissent un jour être vus par les milieux les plus modestes et par le plus large public. Ses descendants, aujourd’hui, prennent le parti de lui rendre cette justice en montrant pour la première fois un ensemble d’oeuvres jamais exposé de Modigliani qui reconstitue, avec d’autres oeuvres que nous avons pu retrouver, la collection de Jonas Netter telle qu’elle fut en son temps.

La Pinacothèque de Paris est donc très fière de pouvoir participer à cette découverte exceptionnelle et de réaliser le souhait premier de Jonas Netter, faire en sorte que le plus large public possible découvre ces merveilles.
Marc Restellini

Pratique

Pinacothèque
8, rue Vignon
75009 Paris
Tél. : 01 42 68 02 01

La Pinacothèque de Paris est ouverte tous les jours de 10h30 à 18h30.
Nocturne tous les mercredis et vendredis jusqu’à 21h.
La nocturne du vendredi est réservée en priorité aux groupes.
Le mardi 1er mai 2012, ouverture de 14h à 18h30.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 29 Février 2012 à 16:18 | Lu 1069 fois

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