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La Gloire de mon père, Maison de Pays, Nyons, vendredi 18 janvier 2013 à 20h30

À soixante-deux ans, Marcel Pagnol se penche sur sa jeunesse et entame la rédaction de ses Souvenirs, dont La Gloire de mon père est le premier tome. Incontournable légende littéraire, ce roman autobiographique est une source de jouvence, ode aux vacances et tendre manifeste de l’art d’être père.


La Gloire de mon père

© DR
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« Dans ces Souvenirs, je ne dirai de moi ni mal ni bien ; ce n'est pas de moi que je parle, mais de l'enfant que je ne suis plus. C'est un petit personnage que j'ai connu et qui s'est fondu dans l'air du temps. » Marcel PAGNOL.
A soixante-deux ans, Marcel Pagnol se penche sur sa jeunesse et entame la rédaction de ses Souvenirs, dont La Gloire de mon père est le premier tome.
Incontournable légende littéraire, ce roman autobiographique est une source de jouvence, ode aux vacances et tendre manifeste de l’art d’être père. Le porter à la scène sous la forme d’un monologue s’impose naturellement, tant le théâtre est inhérent à l’oeuvre de ce fin connaisseur de l’âme humaine.
Il s’agit ici d’une confidence qui prend petit à petit des allures de conte, dans la tradition des « veillées » d’autrefois, où l’on se transmettait les histoires de familles.
Grâce à la magie du théâtre et de l’interprétation, le passé reprend vie sous nos yeux.
Ce passé, sublimé par la poésie et l’humour de l’auteur, c’est celui de chacun et c’est le présent éternel de l’enfance…

Si Pagnol nous était conté…
A ce jour, il n’existe aucune adaptation de La Gloire de mon père de Marcel Pagnol destinée à un seul interprète et à la scène. L’envie de partager ce texte phare de notre littérature en le faisant entendre dans sa plus authentique expression, est la première motivation de ce monologue.
Antoine Séguin a souhaité dire et incarner le récit légendaire de l’Académicien en le réduisant à une partition d’une heure, qui en suit la chronologie et en maintient l’architecture, tout en supprimant quelques passages. En effet le texte dit intégralement couvrirait plus de trois heures de temps…
Comme dans tous les grands textes du répertoire, la langue et la poésie de l’auteur se suffisent ici. Quel est donc l’intérêt de le porter à la scène, peut-on se demander ? Notre seule réponse réside dans le spectacle que nous proposons, sincère incarnation en direct de ces « souvenirs d’enfance ».
Donner voix et vie à une telle oeuvre en l’interprétant dans toutes ses nuances, pour en livrer l’humour, la tendresse, la poésie universelle, nous a semblé une nécessité, que le théâtre, de par son pouvoir de résurrection et son lien permanent avec l’imagination, peut immédiatement combler.
Dans ce contexte, la « mise en scène » au sens littéral du terme consiste essentiellement en un accompagnement de l’interprète…

Intentions de mise en scène

L’environnement esthétique se réduit à sa plus simple expression pour concentrer l’attention des spectateurs sur le texte et son interprète.
Ancrer cette confidence faite au public à la première personne (puisqu’il s’agit d’une rétrospective à laquelle se livre l’auteur quelques années après les faits) telle est la seule véritable préoccupation à laquelle cette entreprise de théâtralisation nous mène… Cet ancrage justifie la prise de parole dont le public va devenir le destinataire une heure durant.

En guise de point de départ, nous avons choisi l’option du pèlerinage. Marcel Pagnol (sous les traits d’Antoine Séguin) revient sur les lieux de son enfance, pour se replonger dans ces paysages qui lui sont chers, et en chemin, aux abords de la Bastide-Neuve, lieu de tous les bonheurs passés dont le roman regorge, il s’assied sur une pierre pour se restaurer, sort une carte du pays et quelques victuailles de sa besace et se souvient… Ces souvenirs, ravivés par le décor d’où ils surgissent, deviennent bientôt confidences, dans ce rapport complice avec les spectateurs, témoins acquis de cette « tranche de vie » partagée.

Petit à petit le narrateur-Pagnol entre dans la peau des différents protagonistes qu’il fait revivre, et de l’imitation, il passe naturellement à l’incarnation, comme cela nous arrive souvent lorsque nous racontons un épisode qui nous a marqués…

Petit moment privilégié d’arrêt sur images, dans le grand défilé de l’existence, qui nous pousse toujours vers l’avant. Délicieux coup d’oeil sur ces années bénies de l’enfance, qui restent engrangées dans la plupart des mémoires chanceuses d’avoir connu la joie et l’insouciance. Témoignage unique qui en réveille beaucoup d’autres… Le temps de cette confession biographique, façonnée à la « mode de Pagnol », c'est-à-dire avec une sensualité, une liberté, une fraîcheur de style qui lui sont propres, le spectateur et l’acteur, en symbiose, trottent sur les chemins retracés des souvenirs.

Ce voyage, qui sollicite avant tout l’imagination, puisque tout se vit « à rebours » et que l’objectif est de raviver les garrigues de chacun, se déroule dans la boîte noire du théâtre, lanterne magique où les mots réveillent les visions. Une pierre blanche, cette pierre crayeuse de Provence, symbolise la Nature et marque l’emplacement d’arrêt du personnage-Pagnol, incarné par l’interprète. Son repas dure tout le temps du monologue, et lui apporte une note de convivialité et de concret. Quelques accessoires, tirés de sa besace (photos, objets…) l’accompagnent dans l’exercice de réminiscence qu’il accomplit sous nos yeux.

La déclinaison des éclairages épouse cette évocation dans toutes ses phases, de la première partie « citadine » à la seconde « buissonnière ». Toujours, la lumière domine sur le plateau blanc comme une page qui s’écrit devant nous. Le soleil est le compagnon de route de ce moment où le passé sort de l’ombre et s’illumine comme une lanterne magique.

Nous situons ce moment au début des années 60, époque où a été composé le roman (en 1957 exactement). Le costume du personnage et les quelques accessoires qu’il utilise pour son pique-nique sont liés à cette période.

Pas de projections vidéos ou de décor réaliste : sur scène, et aux murs un dispositif de tissus clairs accrochés suffit à symboliser le désert de cailloux dans lequel se situe le récit. Ca et là, une touffe de thym ou de lavande parsème le plateau.
Un petit air de flûte provençale, joué par le comédien, et repris par endroit par une bande-son, ainsi que le bruit des cigales, ténu d’abord, puis qui va en s’accentuant, créent une atmosphère sonore discrète mais présente, pour compléter ce tableau vivant.
Le théâtre devient l’écrin de cette Gloire ressuscitée…
Stéphanie Tesson

Pourquoi vouloir jouer La Gloire de mon père ?

Il y avait une petite “villa” avec un figuier pas loin. Il y avait une garrigue juste avant la pinède et son parfum enivrant. Il y avait un ciel bleu d’azur au milieu duquel brillait un soleil de plomb. Les cigales du jour répondaient aux grillons de la nuit. Fourmis, sauterelles, lézards peuplaient cet immense terrain de jeu. Nous partions, chaque matin, à la recherche de quelques trésors, le couteau en poche et la gourde aux côtés. Les ronces et les chardons lacéraient nos mollets. Les rochers écorchaient nos genoux et roulaient sous nos pieds. Nous faisions mille découvertes et étions riches de centaine d’aventures. Ce n’était pas la Provence mais ça y ressemble tant. C’était mon enfance à moi et je remercie Marcel Pagnol de l’avoir décrite avec autant de tendresse et de vivacité.
La Gloire de mon Père, c’est la gloire de notre enfance. Une histoire universelle respirant le bonheur et la liberté. Des souvenirs qu’on a plaisir à partager et qui procurent à n’en pas douter une jeunesse éternelle.
Antoine Séguin.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 5 Janvier 2013 à 04:37 | Lu 286 fois

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