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Iphis et Iante d'Isaac de Benserade, Théâtre du Gymnase, Marseille, par Philippe Oualid

Dans Iphis et Iante, comédie en alexandrins, jouée pour la première fois en 1634 à L'Hôtel de Bourgogne, Isaac de Benserade, jeune courtisan de 22 ans, poète précieux protégé par Richelieu, s'inspire de la douzième fable du Livre IX des Métamorphoses d'Ovide qui nous conte « comment Iphis qui était fille, et avait été élevée comme un garçon, change de sexe par la volonté de la Déesse Isis, et épouse Iante dont elle était amoureuse ».


« Pour cette métamorphose que j'ai accommodée au théâtre », nous déclare l'auteur, « la stérilité du sujet m'a obligé d'y coudre quelques intrigues dont l'ajustement et la liaison n'a point paru tout à fait désagréable ». En fait à travers cette réécriture du mythe ovidien, Benserade exploite l'attraction toute sensuelle de l'érotisme lesbien dans une mise en scène théâtrale faite pour le plus grand plaisir d'un public libertin. De plus, il nous rend spectateurs des dissimulations et des équivoques de situations en explorant ironiquement l'essence même du travestissement à travers le double sens des mots.

Dans sa mise en scène pétillante d'intelligence et de drôlerie, Jean-Pierre Vincent fait respecter cette langue théâtrale du début du XVIIe siècle qui se cherche, en exigeant de ses comédiens une diction extrêmement précise et une rhétorique gestuelle baroque qui renforce l'efficacité du corps, en particulier pour le personnage d'Ergaste (Barthélémy Meridjen), l'amoureux éconduit d'Iphis (Suzanne Aubert), et pour les parents des jeunes filles, proches de la caricature (Eric Frey, Charlie Nelson, Anne Guégan). Dans le spectaculaire, le traitement final du deus ex machina avec l'apparition d'Isis au milieu de la foudre, des éclairs et du tremblement de terre, fait pleurer de rire et produit le plus bel effet de théâtre qui soit. Enfin, évitant l'actualisation abusive, Patrice Cauchetier opte pour des costumes fin Renaissance, époque Louis XIII, et Jean-Paul Chambas fait circuler les acteurs dans un décor de bande dessinée avec fronton de temple grec et murs terreux décorés de morceaux de vases grecs cassés.

En pleine controverse sur le mariage pour tous, ce spectacle qui concerne notre culture littéraire et nous invite à réfléchir sur la complexité de l'identité, du genre et des désirs, a été accueilli par le public marseillais dans un tonnerre d'applaudissements.
Philippe Oualid

Iphis et Iante d'Isaac de Benserade
Mise en scène de Jean-Pierre Vincent
Théâtre du Gymnase(Marseille)
Du 15 au 19 Janvier 2013

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 17 Janvier 2013 à 15:45 | Lu 406 fois

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