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Il rêvait d'Afrique. Hommage à Helmut Rieger (1931-2014). Exposition à la Galerie Polad-Hardouin, Paris, du 5 au 28 février 2015

Suite au décès de l’artiste allemand Helmut Rieger, survenu en août dernier, sa fille Katharina et Dominique Polad-Hardouin en association avec la Galerie Van de Loo Projekte (Munich) ont voulu rendre hommage au peintre.
A plusieurs reprises la galerie a eu le plaisir de présenter le travail d’Helmut Rieger, notamment en septembre 2008 avec une première exposition personnelle, Eros et la mort Puis il a été exposé dans le Primitive Cabaret en 2013.


Helmut Rieger. Eros et la Mort : La naissance du monde, 1989, encre de Chine et acrylique sur papier trasparent, 114 x 134 cm
Helmut Rieger. Eros et la Mort : La naissance du monde, 1989, encre de Chine et acrylique sur papier trasparent, 114 x 134 cm

Helmut Rieger arrive en Bavière à la fin de la seconde guerre mondiale. Son engagement auprès de groupes d’avant-garde allemands contribua à influencer significativement la scène munichoise. Il cofonda et collabora — de 1957 à 1968—avec trois des groupes de Munich les plus influents : WIR, SPUR et GEFLECHT. Il créa également les journaux associés aux différents collectifs. Ces artistes inspirés de figures situationnistes (G.E Debord et A. Jorn) cherchaient à redéfinir le statut de la peinture et de l’objet d’art.

A la fin des années '60, alors que le débat social et culturel bat son plein, il ne trouve plus de point commun avec ces groupes et s'en désolidarise pour se concentrer sur sa pratique personnelle.

On note plusieurs périodes chez Helmut Rieger et à chaque cycle correspond un style pictural et des préoccupations qui évolueront tout au long de sa vie. Bien qu’un certain nombre de thèmes et de techniques soient récurrentes dans son travail.
« (…) chacun de mes cycles est une facette de ma vision du monde »

Deux graves incidents survenus au cours de sa vie personnelle seront à l’origine de prise de conscience déterminante dans son œuvre. Il éprouvera la mort deux fois en vingt ans ; ce sont ces expériences limite qui marqueront notamment son retour définitif à la figuration. Précisons que pour Rieger, sa peinture se distingue d’un simple mimétisme du monde environnant. Il veut sa peinture comme une représentation ; ses tableaux sont des constructions issues d’image qui l’habitent. L’Imagination est un outil essentiel dans son processus créatif :

« Pour ma part, je n’ai pas besoin de modèle quand je peins un nu, (…) ce nu est un nu en soi— tandis qu’un nu peint d’après modèle est toujours une référence à telle où telle personne (…) »

Ses peintures sont une déclinaison d’associations autour de thème qu’il pioche dans un univers mental collectif occidental, l’exotisme de l’Afrique ou les grands mythes grecs et judéo-chrétiens.
Dans ses cycles mythologiques tel que les Calaveras (Têtes de Mort), Eros und Tod (Eros et la Mort), Jagdszenen (Scènes de Chasse), Drachentöter (Tueurs de Dragons), Orbis Pictus (Images du Monde), il représente sous forme d’allégories les expériences de sa lutte contre la mort auxquelles se mêlent des souvenirs d’enfance passés en Silésie et en Bavière et de la guerre, marquées par la culture du baroque chrétien ainsi que par l’influence des différents mouvements artistiques du XXe siècle, des expressionnistes aux Informels.

Il en va notamment des éléments qui composent les oeuvres que nous présentons ici ; l’Afrique, qu’il n’aura à proprement jamais visité ni vécu, est un leitmotiv important dans son travail. Il s’approprie et rejoue les représentations de masques africains, d’animaux tout particulièrement : panthères ou oiseaux exotiques.
Il exprime un lointain qui semble exister comme un espoir ou un rêve, son paradis idéal ou la volonté d’un retour à une sorte de paradis perdu.
La majorité des pièces sont travaillées en noir et blanc, marquées par l’utilisation d’encre industrielle sur pellicule de plastique. On peut voir dans cette technique une poursuite des recherches initiées avec les groupes WIR et GEFLECHT (1957-1968) où il intervenait sur des éléments industriels tels que des tôles récupérées. La matité recherchée est ainsi assurée par cette encre industrielle.

L’exposition sera aussi ponctuée de statuettes africaines à l’instar de cette superbe exposition qui lui fut consacrée au Musée Lothar Fischer à Lübeck : AFRIKA IN MIR (L’Afrique en moi, 3 février - 14 avril 2013).
Ce fut sa dernière exposition de son vivant en Allemagne.

Pratique

Galerie Polad-Hardouin
86 rue Quincampoix
75003 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h
www.polad-hardouin.com


Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 4 Février 2015 à 11:28 | Lu 176 fois

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