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Eduardo Arroyo, « Dans le respect des traditions », Fondation Maeght, St-paul de Vence, du 1er juillet - 19 novembre 2017

Du 1er juillet au 19 novembre 2017, le peintre figuratif espagnol Eduardo Arroyo investira les cimaises de la Fondation Maeght avec une ironie qui se joue des scénographies mythologiques ou politiques.


Arthur Quiller Couch dit Q.What odds, 2016
Arthur Quiller Couch dit Q.What odds, 2016
Considéré comme l’un des grands peintres espagnols de sa génération, Eduardo Arroyo peint l’humanité à travers des jeux d’images dont l’origine est tant la société que l’Histoire, l’histoire de l’art ou de la littérature. Également écrivain, il utilise la narration par fragment, avec humour et goût du paradoxe, et livre une œuvre picturale extrêmement construite et faisant preuve d’une liberté constante. Le titre de l’exposition que propose la Fondation Maeght, « Dans le respect des traditions », indique ce parti pris, entre l’absurde et l’ironie.

La Fondation Maeght proposera un parcours thématique d’œuvres réalisées depuis 1964 et composé de tableaux célèbres comme de peintures inédites, dont une série de toiles réalisées spécialement pour cette exposition. Elle présentera de nombreux dessins et un ensemble de sculptures, dont des pierres modelées et des assemblages, entre fiction et réalité, comme cette série de têtes hybrides de Dante-Cyrano de Bergerac, ou de Tolstoï-Bécassine. Spectaculaire par sa diversité de matières, par la profusion de personnages, par son éventail de couleurs, l’accrochage mettra en scène des petits théâtres comme celui autour du tableau l’Agneau Mystique de Hubert et Jan Van Eyck, ou celui rassemblant des « vanités », des crânes et des mouches dans la Cour Miró.

« Si l’art est l’un des moyens les plus perspicaces et les plus justes pour comprendre la psychologie humaine, pour mettre en lumière la vérité d’un individu, il peut, également, tenter d’exprimer non plus l’identité d’une personne mais celle d’une « humanité », d’un groupe d’hommes confrontés au temps ou à l’Histoire. L’art prend une dimension politique chez Eduardo Arroyo quand il cherche à représenter les jeux, les signes, les langages, les chansons de geste de cette humanité », explique Olivier Kaeppelin. « Avec Adrien Maeght, nous trouvions qu’il était également intéressant de ne pas oublier les dialogues que ses œuvres entretiennent avec celles de Léger ou Picabia. »

« La peinture est en quelque sorte littéraire ; et c’est dans ce sens que je travaille sur des thèmes. Il y a un début, une fin, des personnages, et l’ambiguïté propre aux romans. C’est donc un récit, comme si j’avais écrit une quinzaine de romans… », explique Eduardo Arroyo.

Né en 1937 à Madrid, Eduardo Aroyo est rattaché au courant de la Figuration narrative qui se développe en Europe dans le début des années 1960. Artiste engagé, Eduardo Arroyo refuse toute esthétisation complaisante de l’art et défend l’exemplarité de l’œuvre, la force de l’image. Il veut que sa peinture soit accessible au plus grand nombre. Ses toiles sont peintes en aplats, mais il emploie aussi fréquemment le collage. Il exécute également des sculptures pour lesquelles il utilise la terre cuite, le fer, la pierre, le plâtre et le bronze. L’usage du « nonsense », de l’absurde, en fait un héritier direct de Lewis Caroll et de Francis Picabia.

Eduardo Arroyo utilise les images de nos sociétés. Il s’en est toujours servi pour démontrer l’efficacité de l’art contre les idéologies, notamment lorsqu’il quitte l'Espagne franquiste en 1958 pour s’exiler à Paris. Activiste en mai 1968, il se lie d’amitié avec Gilles Aillaud et Antonio Recalcati. Militant contre la politique du Caudillo, il se tourne vers la réalité espagnole : les luttes, Franco, la dictature, l’Église. Comme Antonio Saura, réfugié en France, il devient un acteur de la résistance à ce régime. Le spectre de ce que sera l'Espagne jusqu'à la mort de Franco, son « Espagne obsédante » a, dans ses tableaux, une présence récurrente.

Eduardo Arroyo réalise des peintures d’histoire(s). Il désacralise les personnalités politiques et use comme il l’entend des grands héros ou des personnages de pouvoir : Napoléon Bonaparte, Winston Churchill, la Reine d’Angleterre, etc. Il repeint également l’histoire de l’art ou celle de la pensée. La Fondation Maeght, après avoir exposé en 2013 La Datcha dont le sujet était les philosophes et la révolution, présentera, en 2017, l’un de ses grands chefs-d’œuvre intitulé Ronde de nuit aux gourdins où il réinterprète le tableau de Rembrandt.

Eduardo Arroyo utilise l’imagerie médiatique, la photographie publicitaire, le cinéma américain ou les films noirs, comme il en est pour Blanco White, personnage vide, observé par les espions, ou, encore pour les acteurs de la série Toute la ville en parle réalisée dans les années 1980 et inspirée du film éponyme de John Ford de 1935.

Eduardo Arroyo joue avec la littérature (Honoré de Balzac, Dante, Tolstoï, Sylvia Beach et Adrienne Monnier, Oscar Wilde-Dorian Gray, James Joyce) et s’amuse à mixer certains de ces écrivains, leur procurant ainsi une nouvelle identité. Il se joue des catégories, des styles et des techniques et circule dans l’histoire des arts. Au détour des salles, il rencontre également non pas Courbet mais Rembrandt, Van Gogh, Ferdinand Hodler ou Antonio Saura. Eduardo Arroyo tourne, pique, virevolte, comme le font certains boxeurs qu’il admire, comme Panama Al Brown, en peintre et en champion du noble art en quelque sorte !

Un catalogue sera édité en partenariat avec les éditions Flammarion avec des textes d’Eduardo Arroyo, Daniel Rondeau, Fabienne Di Rocco, Olivier Kaeppelin et Adrien Maeght

Pratique

Fondation Maeght
623 Chemin des Gardettes
06570 Saint-Paul-de-Vence, France
fondation-maeght.com
+33 4 93 32 81 63
Établissement ouvert : 10:00–17:30

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 29 Mars 2017 à 15:16 | Lu 285 fois

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