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« Cocteau, Matisse, Picasso, méditerranéens », exposition jusqu'au 3 novembre 2014 au Musée Jean Cocteau à Menton

Le musée Jean Cocteau collection Séverin Wunderman commémore cette année le cinquantième anniversaire de la mort de Jean Cocteau par une exposition événement intitulée « Cocteau, Matisse, Picasso, méditerranéens ».


Jean Cocteau, Faune, 1961. « Avec l’aimable autorisation de Monsieur Pierre Bergé, Président du Comité Jean Cocteau »
Jean Cocteau, Faune, 1961. « Avec l’aimable autorisation de Monsieur Pierre Bergé, Président du Comité Jean Cocteau »
Ce nouvel accrochage, qui occupe tous les espaces d’exposition du musée du 11 octobre 2013 – date anniversaire de la disparition du poète – au 3 novembre 2014, replace l’œuvre des trois grands artistes contemporains dans le contexte artistique extraordinairement fertile de la Côte d’Azur des années d’après-guerre, à travers peintures, dessins, céramiques, mais aussi tapisseries et lithographies. Des photographies et extraits de films montrent le travail de création de Jean Cocteau à Santo Sospir, Pablo Picasso à Vallauris et Henri Matisse à Vence.

Les créatures fantastiques – faunes, centaures et sphinx – y côtoient les poissons, les pêcheurs mais aussi les scènes de corrida, les arlequins ou la danse. Le parcours muséographique évoque aussi les ateliers des trois artistes dans le Sud ainsi que les chapelles peintes et autres décors monumentaux entrepris dans la région, révélant la suprématie de l’acte graphique et d’un « art méditerranéen » propre à ces trois génies.

Près de quatre cents pièces, issues du fonds du musée mais aussi de prêts extérieurs, sont présentées : des œuvres inédites de Picasso, exposées pour la première fois depuis leur donation par André Verdet aux villes de Saint-Paul-de-Vence et de Cordes-sur-Ciel ; des œuvres préparatoires de Matisse pour la chapelle de Vence, prêtées par les sœurs dominicaines ; les collections particulières de Carole Weisweiller, du photographe Lucien Clergue, témoin vivant et ami de Picasso et Cocteau, de Ioannis Kontaxopoulos, grand collectionneur de l’œuvre de Jean Cocteau ; mais aussi des œuvres des collections du musée Matisse à Nice, du musée Picasso à Antibes, du Centre Pompidou à Paris, de la Maison Jean Cocteau à Milly-la-Forêt, des ateliers Madeline Laupin et de l’association Regards de Provence.

Les artistes et la Côte d’Azur

« Prise entre ses courbes paresseuses de hamac, son exubérance de plantes exotiques et les colères du mistral, Nice, par exemple, où Nietzsche achevait Zarathoustra, se partage entre un climat de charme et un climat de violence, aptes à féconder les artistes qui, de Renoir à Matisse, Picasso, Dufy, Chagall, s’y enracinaient comme les platanes, les palmiers, les citronniers, les orangers et fleurissaient avec les mimosas, les œillets et le jasmin. » Jean Cocteau

Les plus grands artistes, Monet, Renoir, Bonnard, Chagall, Dubuffet ou Vasarely, s’installèrent sur la Côte d’Azur dès le XIXe siècle, fascinés par la beauté de sa lumière. Jean Cocteau, Henri Matisse et Pablo Picasso s’y retrouvent durant une période commune, alors qu’ils sont à l’apogée de leur carrière. Le Sud devient alors pour eux une source d’inspiration qui les conduira à un aboutissement d’œuvres encore jamais atteint.

Jean Cocteau fait de nombreux voyages sur la Côte d’Azur à compter de 1911. Mais c’est de 1950 à 1962 qu’il en devient un résident plus coutumier, vivant chez son amie Francine Weisweiller, à la Villa Santo-Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat. La Méditerranée de Jean Cocteau est un savant mélange d’influences grecques, italiennes et espagnoles. Elle convoque la mythologie antique, l’univers de la tauromachie, la culture gitane, le flamenco et les personnages hauts en couleurs de la Commedia dell’Arte. Au crépuscule de sa vie, le poète n’a de cesse de se définir comme un vrai méditerranéen. Il entend promouvoir la beauté de la Côte d’Azur qu’il compare à la Grèce et s’en fait le chantre loin des tumultes de Paris.

Ses séjours sur la Côte d’Azur lui permettent de fréquenter plus régulièrement son ami Pablo Picasso, qu’il connaît depuis l’époque des Ballets russes et leur création commune pour Parade en 1917. Le maître espagnol conseille et guide Jean Cocteau dans de nouveaux domaines artistiques. Cocteau se met à la couleur sous son influence, utilise de nouvelles techniques – la peinture, les craies à la cire et la poterie – et son trait devient parfois cubiste.

Henri Matisse trouve sur la Côte la lumière qui lui manquait tant : « Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais pas croire à mon bonheur ». Il réalise une grande partie de son œuvre à Nice et pratique avec Jean Cocteau des échanges épistolaires, notamment pour la tapisserie Judith et Holopherne que le poète fera tisser à l’atelier Bourret à Aubusson ou les fresques de la Villa Santo-Sospir. Cocteau sera influencé par la démarche de Matisse, sa recherche vers la simplification de la ligne, des configurations épurées, dénuées de tout détail anecdotique.

« Pour tracer une ligne vivante et ne pas trembler de la savoir en danger de mort sur tous les points de sa route, il me faut dormir d’une sorte de sommeil, laisser descendre sans réserve les sources de ma vie dans ma main et que cette main finisse par travailler seule, pour voler en rêve, par se mouvoir sans se soucier de moi ». (Jean Cocteau, extrait de 25 dessins d’un dormeur).

Le parcours muséographique

Le Minotaure, monstre fabuleux au corps d’homme et à la tête de taureau, naquit des amours de la reine de Crète, Pasiphaé, et d’un taureau blanc que le roi Minos, son époux, avait refusé de sacrifier à Poséidon. Épouvanté par cette naissance, le roi voulut en cacher la nouvelle à ses sujets, et il fit construire par Dédale un palais aux nombreux couloirs, aux salles enchevêtrées, qui se croisaient sans cesse, et ordonna qu’on y enfermât le Minotaure.

Le parcours dans l’exposition se veut libre et labyrinthique, en référence à la mythologie grecque qui a tant inspiré les trois artistes, et en particulier au mythe du Minotaure, illustré à la fois par Henri Matisse et par Jean Cocteau pour l’album Pasiphaé de Henry de Montherlant.

Mais ce parcours labyrinthique, c’est aussi un hommage au style graphique que Jean Cocteau adopte à Menton, pour « tatouer » les murs de la salle des mariages de l’Hôtel de ville : des lignes qui « s’enroulent et méandrent presque toutes seules », une sorte de « labyrinthe crétois », que le poète nommera « le style de Menton ».

Le visiteur pourra ainsi se perdre parmi les faunes, sirènes et autres personnages mythologiques dessinés par Cocteau et Picasso, s’arrêter sur les danseurs de jazz et de flamenco ou les portraits des trois artistes et de leurs amis, se perdre à nouveau au cœur des pastels – amoureux mentonnais ou arlequins – créés par Cocteau, pour se retrouver enfin dans l’atelier de Matisse et de Picasso et les chapelles qu’ils ont décorées sur la Côte. Six grands ensembles thématiques se distinguent dans ce parcours.

Informations pratiques

Musée Jean Cocteau collection Séverin Wunderman
2 quai de Monléon
06500 Menton
Renseignements : 04 89 81 52 50
Horaires d’ouverture :
Tous les jours de 10 h à 18 h
Fermé le mardi et le 1er janvier, le 1er mai, le 1er novembre et le 25 décembre.


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 27 Décembre 2013 à 13:02 | Lu 928 fois

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