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Aux Origines d’Antibes. Antiquité et Haut Moyen Âge, exposition à l'occasion du cinquantième anniversaire du musée d’Archéologie du 12 octobre 2013 au 16 février 2014

Village indigène, colonie grecque de Marseille, puis cité romaine… La ville d’Antibes peut s’enorgueillir d’un riche passé. La multiplication des fouilles et des découvertes depuis une dizaine d’années permet de proposer aujourd’hui une exposition temporaire qui offre un nouveau regard sur l’histoire de la cité à l’occasion du cinquantième anniversaire de son musée d’Archéologie (1963-2013).


Aux Origines d’Antibes. Antiquité et Haut Moyen Âge, exposition à l'occasion du cinquantième anniversaire du musée d’Archéologie du 12 octobre 2013 au 16 février 2014
L’exposition temporaire (12 octobre 2013 - 16 février 2014) présente aux visiteurs une cité d’Antipolis renouvelée par les dernières recherches et découvertes, comme celle du navire marchand romain mis au jour dans les fouilles du port en 2012. De nombreux objets sont à découvrir, certains pour la première fois : élément décoratif en ivoire du VIe siècle avant J.-C., fragments de vases grecs, rares monnaies romaines frappées par la ville, peinture murale dont la récente restauration a révélé la figure expressive d’un petit amour, fragments de sculptures des premiers temps chrétiens… Du plus humble au plus exceptionnel, chacun de ces objets raconte la vie quotidienne des habitants d’Antipolis, lorsque la ville était au coeur des échanges maritimes de la Méditerranée occidentale.
Commissaire de l’exposition : Eric Delaval, responsable du musée d’Archéologie.

Dans le port : l’épave d’un navire de commerce

La réalisation d’un parking souterrain à l’emplacement de l’ancien bassin portuaire d’Antibes s’est accompagnée d’une fouille archéologique sur 5 000 m2 entre les mois de mars et octobre 2012. Aujourd’hui gagné sur la mer, le secteur correspond à une partie du bassin à flot du port antique. Véritable dépotoir, le fond du port antique a livré une grande quantité d’objets depuis le IVe siècle avant J.-C. jusqu’au VIIe siècle après J.-C. L’épave d’un navire antique daté des II-IIIe siècles après J.-C. constitue la découverte la plus spectaculaire. Les vestiges sont conservés sur 15 m de long et 5 m de large. Le bateau repose à faible profondeur (-1,60 m sous le niveau marin antique) sur un fond empierré, légèrement incliné, qui marque la remontée de la berge. Couché sur le flanc, la coque est tronquée aux deux extrémités et ouverte en deux à la hauteur de la quille. Les raisons du naufrage sont encore incertaines. A-t-il été abandonné au pourrissement dans ce recoin du port ? Jeté à la côte lors d’une tempête ? La présence supposée d’un massif d’emplanture du mât tout comme les rares éléments d’accastillage découverts permettent de classer cette épave dans la catégorie des voiliers de taille moyenne – 20-22 m de long – capable de sillonner la Méditerranée. En fin de fouille, le bateau a été démonté pièce par pièce. Les bois ont été acheminés au laboratoire Arc Nucléart, à Grenoble, où ils subissent actuellement un traitement de conservation afin de permettre une présentation future du navire dans un lieu dédié.

« Antipolis Lepida » Les monnaies d’une liberté retrouvée…

En 44 avant J.-C., conséquence de la reddition de Marseille en 49 et de la perte de ses colonies, Lépide (M. Aemilius Lepidus), nouveau Gouverneur de Transalpine, fonde la nouvelle Cité d’Antibes qui portera son nom, Antipolis Lepida, transcrit en grec sur un nouveau monnayage. Nous voyons sur ce dernier : Au droit, tête d’Apollon laurée à droite, caractérisée par sa coiffure et la couronne de lauriers, en opposition à Artémis, effigie de l’ancien pouvoir massaliète ; devant, ou parfois derrière, un ou deux noms abrégés, sans doute ceux de donateurs. Au revers, Victoire couronnant un trophée à droite – la victoire est celle de la Cité, mais aussi celle de Lépide ; en exergue, abrégé du nom de la Cité ; au champ droit, abrégé du nom de Lépide.
Battre un tel monnayage est un privilège lié à l’auctoritas du Patronus, Lépide, qui a également procédé à d’autres fondations, comme Cavaillon (Cabellio Lepida) par exemple. Ce monnayage peu connu – on recense environ 2000 monnaies – ne durera qu’une vingtaine d’années environ, s’arrêtant au plus tard en 23 avant J.-C. Une dizaine d’exemplaires, en provenance de collections particulières, seront présents dans l’exposition.

L’épave de La Fourmigue C : un chargement d’oeuvres d’art

Cette épave dite « de la Fourmigue » est celle d’un petit navire, naufragé entre 80 et 60 avant J.-C. et gisant par 60 mètres de fond dans le Golfe-Juan. Son originalité réside dans le lot d’objets en bronze transporté à l’attention d’une riche clientèle de province. Il comprend plus de 300 éléments de lits : pieds reconstitués, accoudoirs richement damasquinés (argent et cuivre) et ornés de protomés à tête de cheval, de mule, de canard et de médaillons de Silène et d’Artémis, lames de sommiers et gaines de cadre également damasquinées. Les éléments de pieds de lits portent des marques gravés représentant des lettres grecques numériques destinées à faciliter le montage du meuble. La similitude de ces objets avec ceux des épaves contemporaines de Madhia en Tunisie et d’Anticythère en Grèce laissent penser qu’ils pourraient provenir des mêmes ateliers, probablement situés à Délos. Ces objets sont conservés au musée d’Archéologie de Nice-Cimiez depuis leur découverte en 1981.

La « peinture à l’Amour » de la rue Sade

Le personnage se présente de face, la tête inclinée, la main droite repliée vers le menton ; ses ailes sont clairement visibles derrière les épaules. Sa main gauche est posée sur sa jambe qui est légèrement relevée. Son corps est peint en différents tons de rose : rose très foncé sur l’ensemble, ponctuellement souligné de rouge bordeaux pour marquer les ombres (doigts, détails du visage, nombril, aisselles, aine…), rose moyen à clair pour les modelés du corps. On peut restituer sa taille à 40 cm environ. Le travail du Centre d’Etudes des Peintures Murales de Soissons (CEPMR) permet de présenter aujourd’hui cette élégante peinture qui agrémentait les murs d’une habitation romaine du Vieil-Antibes.

Un objet de luxe : la plaquette en ivoire de la place Mariéjol

Longue de 11cm environ, la plaquette se compose d’une partie approximativement rectangulaire et d’une zone incurvée en forme de crosse. Le traitement du revers, plat et lisse, montre que l’objet était appliqué sur un support et fixé par de petits clous en fer. Il porte sur sa face principale un décor composé de motifs incisés et de petits évidements pour l’incrustation d’éléments réalisés dans un autre matériau, qui ont disparu. Les parties recreusées pouvaient contenir des incrustations en ambre, en verre coloré, en pierre semi-précieuse, voire en corail. L’essentiel du décor, constitué de palmettes et de volutes, renvoie à l’art grec du VIe siècle à la fin du Ve siècle avant J.-C. Parmi les différentes interprétations que l’on pourrait proposer – bras d’instrument de musique, manche d’un objet de toilette, d’un insigne de pouvoir ou d’un instrument cultuel –, la plus vraisemblable paraît celle d’un manche de couteau, de dague ou d’épée courte. Quoi qu’il en soit, la découverte de cet élément de placage, qui reste pour l’heure unique dans le contexte du Midi de la France, révèle l’attrait exercé par des objets de prestige sur les élites locales.

L’ouvrage Aux origines d’Antibes. Antiquité et Haut Moyen Âge

Fruit de la collaboration de plus d’une vingtaine d’archéologues, historiens et géographes, l’ouvrage évoque tout d’abord le musée et ses collections, installés depuis 50 ans dans le cadre majestueux d’un bastion de Vauban, puis il présente les lieux clés qui ont animé l’ancienne cité et ses phases de développement, depuis le village gaulois du Rocher jusqu’aux premiers édifices chrétiens conservés sous la chapelle du Saint-Esprit en passant par le théâtre romain, dissimulé derrière la façade de la gare des autobus. L’extérieur de la ville n’est pas en reste avec une présentation de village antique des Encourdoules (Vallauris) et de trois riches épaves fouillées au large d’Antibes. De nombreuses photos d’objets et de vestiges agrémentent ce voyage dans le temps de plus de 1000 ans.

24 x 28 cm ; 120 pages, 150 illustrations nb ou couleur ; broché avec rabats ; édition française 20,00 €
Coédition © Silvana Editoriale, Milan et Commune d’Antibes Juan-les-Pins, musée d’Archéologie, 2013.
Catalogue réalisé avec la participation de l’Inrap


Pratique

Musée d’Archéologie
Bastion Saint-André
06600 Antibes
T. 33 (0)4 93 95 85 98
musee.archeologie@ville-antibes.fr / www.antibes-juanlespins.com
> Fermé les lundis et les jours fériés (1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 25 décembre)
> Horaires d’hiver : 16 septembre – 14 juin : ouvert de 10 h 00 à 13 h 00 et de 14 h 00 à 17 h 00
> Horaires d’été : 15 juin – 15 septembre : ouvert de 10 h 00 à 12 h 00 et de 14 h 00 à 18 h 00


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 2 Octobre 2013 à 21:02 | Lu 344 fois

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