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Au Théâtre Toursky, Marseille, « Faites de la fraternité » des 5 et 6 mai 2017. Par Danielle Dufour-Verna

« L’Art est le ferment d’unité et le socle fondateur d’une humanité fraternelle combattant tout obscurantisme. La solidarité est universelle. »


Vendredi 5 et Samedi 6 mai 2017,

associations, artistes, intellectuels, fondations engagées et citoyens se sont rassemblés pour échanger, se rencontrer, dialoguer, faire connaissance. Le Toursky et tous les frangins ont fait la fête à la fraternité. Et ce fut réussi. Bien que le temps ne s’y prêtât guère, les frangins s’y sont pressés, croisés, souris. Et ils furent nombreux, jeunes et moins jeunes, attentifs à un programme brillant et éclectique, les interventions s’enchaînant parfaitement, mêlant débats, cinéma, expositions, musique et poésie. A en oublier les caprices du temps…
Ce fut beau, intéressant, captivant et enthousiasmant ; dense, riche de sens, d’amitié, de rencontres.
Ce fut culture et joie, folie et partage ; En un mot, Fraternel.
Richard Martin, Dr du Théâtre Toursky et Francesco Neri, Dr de l’Institut Cuturel Italien de Marseille
Richard Martin, Dr du Théâtre Toursky et Francesco Neri, Dr de l’Institut Cuturel Italien de Marseille

Vendredi 5 mai

18h : Ouverture des festivités sur les terrasses du Toursky avec un débat, très suivi : « Pour que vive la Fraternité » visant à promouvoir la tolérance et l’amitié des peuples, débat se terminant par la lecture de poèmes de l’écrivain Jo Ros.
23h : Allumage des feux républicains en simultané avec d’autres théâtres du territoire :
« Je proclame la république fraternellement libre de l’imagination.
L’imagination est notre refuge, l’imagination est notre arme !
L’imagination c’est la fraternité parce que c’est la chose du monde la plus partagée et la plus PARTAGEUSE.
Je proclame l’état d’urgence du cœur !
N’ayons peur que d’une chose, c’est de ne pas aimer assez.
Restez allumés, frère feux follets ! Restez allumés !
J’en vois qui font semblant d’être vieux…
Non, mon vieux, pas question !
On n’a plus le temps d’être vieux !
Il est trop tard pour être vieux ! Apprenons à voler !
… Autrefois, quand j’étais vieux, j’étais comme une statue de pierre, faisant tout mon possible pour me rendre insensible aux trahisons et aux outrages. Mais je ne peux plus désormais retenir mon indignation. Vous, gens accablés, fatigués non de la vie mais de l’injustice du monde, formez le cercle autour de moi, que je puisse me tourner vers chacun et lui dire qu’est venu le moment d’ouvrir les bras à tous nos frères humains. Le moment est venu d’entrer tous ensemble dans la radieuse aurore de l’action. Jamais le monde ne fut aussi dur pour notre sensibilité, mais jamais il ne fut si vulnérable à la force de notre courage. Jamais nous ne fûmes aussi loin du temps des cerises, mais pourtant jamais aussi proches.
Aux arts, citoyens ! Chantons ! Dansons ! Qu’un vin joyeux abreuve nos gosiers !
Nous refusons la haine, tant pis si on nous trouve un air suspect.
Nous serons de plus en plus suspects !
Du fond de nos rêves prenons tout notre élan pour faire crouler les murs entre les hommes ! Vive les oiseaux ! »


Après le magnifique concert de Souad Massi ayant fait salle comble, c’est en déclamant le texte d’Henri Frédéric Blanc que Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, a allumé symboliquement la devise de la République au fronton du théâtre : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Une immense foule, celle de Marseille, celle de ces quartiers où « un nouveau mistral pourrait enfin souffler », a chanté à l’unisson « le temps des cerises » avec le chœur philharmonique de Marseille. Bami, artiste camerounais, au tam-tam, Levon Minassian au duduk, ont accompagné les mots du poète et, pour appeler au-secours de l’humanité, la corne de brume a transpercé la nuit.

Samedi 6 mai

Le deuxième jour de cette « Faites de la Fraternité », il pleuvait.
Pied de nez à ce temps lugubre, tous se sont serrés en riant sous les bâches tendues ou dans les halls de l’immense théâtre Toursky pour partager un pique-nique tiré du sac, s’arrêtant avec intérêt près des nombreux stands des diverses associations.

14h à 16h 30 : Dans la salle de l’espace Léo Ferré, les spectateurs ont été captivés par « Nous ne sommes pas des papiers », travail d’élèves et d’enseignants, et « La granja del Pas » long métrage émouvant sur une Barcelone solidaire et résistante face aux expulsions des logements.
Suivirent deux débats concis et instructifs sur « l’égalité, la liberté et la fraternité » et « combattre le racisme » animés par des personnalités du monde culturel.
A la pause, magique, le soleil a envahi les terrasses. Il ne pouvait manquer à son ami Richard en ce jour symbole.

19h : L’Italie a enflammé le public avec « Danses Culture » présenté par l’Institut Culturel Italien de Marseille. Après un spectacle chantant et captivant, florilège de danses et de musiques traditionnelles du sud, Serena Tallarico et Maura Guerrera ont entrainé à l’extérieur l’assistance ravie dans une tarentelle endiablée. Une farandole a clôturé leur spectacle sous la fraîcheur salvatrice du grand pin.

20h30 : Une troupe présentée par l’association « Horizontes Del Sur » a embrasé la scène et la salle : flamenco, robes virevoltantes et public survolté.
Puis, sur la terrasse résonnèrent les accords arabo andalous de Brahim Kallouche et de ses musiciens.
Dans la grande salle Toursky la scène s’ouvrait à la musique, orchestrée par le musicien Jo Corbeau :
- Un Slam survolté des jeunes élèves de l’école de la Martine
- Martin Mabz, chanteur et musicien original empruntant à la folie d’un Trénet et au verbe d’un Bécaud
- Christina Rosmini, toute de blanc vêtue, passionaria à la voix envoûtante accompagnée de son guitariste et de Tchoune, chanteur manouche exceptionnel. Interviennent également un jeune chanteur et une danseuse.
- Un Levon Minassian virtuose modulant son duduk nostalgique et langoureux
- Saïdou Atchata, humoriste intelligent, distillant les proverbes africains, un sage Peul au milieu de la scène.
- Et enfin Jo Corbeau aux platines
Que ceux que j’ai pu omettre dans le bref résumé de ces deux journées pardonnent à ma mémoire. Ils ont assurément participé au succès et à la chaleur de ce rassemblement unique.
Isolé, l’être humain s’étiole. Chacun de nous ne peut grandir, ni devenir autonome et donc libre, sans rencontrer l’autre et lui laisser exprimer sa différence, dépasser ses peurs.
Des odeurs de cuisine envahirent la terrasse : sur les tables, les personnes attablées se regroupèrent, trinquant à la sangria, ou autre ... Beaucoup d’entre elles partageaient le repas des trois cultures (musulmane, juive, chrétienne) concocté par l’Association Horizontes del Sur. Certains croquaient dans un sandwich, d’autres dansaient sur des pistes improvisées au rythme des notes du groupe « Nasser Méditerranée » bousculant la nuit tombée.

La joie, l’humanité, le mélange, le partage ont illuminé cette « Faites de la fraternité ».

On vit Richard Martin et son équipe partout : une accolade, un sourire au voyageur égaré, au migrant, à l’espoir ; un merci à l’artiste, à l’ami, au frangin d’un soir et d’une vie. On vit les gens se côtoyer, se parler, s’interpeller, se prendre en photo. On vit les enfants courir partout. Stylo en main, on échangeait des numéros de téléphone au milieu des rires. Non la nuit ne voulait pas finir. Cette fraternité-là était partie pour durer.
Parfois, le temps d’une discussion sur les élections du lendemain, quelques visages se faisaient plus graves ; Mais Marseille est fraternelle. La culture est fraternelle. Pas de peur, pas de place à la haine dans cette ville où Gyptis a choisi Protis pour époux, où Aïcha aime Ludovic, où Rachel se marie avec Hamed. Cette ville fait l’amour à la Liberté. Marseille EST fraternité.
Oui, cette fête fut grande, ouverte à tous et magique.
« Frères humains qui après nous vivez, n’ayez les cœurs contre nous endurcis… » (François Villon)
A la question – La Fraternité, pour vous, c’est quoi ? Souad Massi a répondu : «- L’Amour. »
Et Léo aurait dit : « Des mots comme des armes… » Merci Richard.
Réveillez-vous les gens !
Que cette fraternité traverse les murs ! Que la culture la porte, l’achemine, pour aujourd’hui et pour demain.
Danielle Dufour-Verna

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 17 Mai 2017 à 14:12 | Lu 387 fois

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