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Anastylose, Cie Julien Lestel, Opéra de Marseille, 30 Juin 2010, par Philippe Oualid

Avec Anastylose qui définit la reconstruction d'un monument à partir de ses ruines, (cf.DANSE N°250, Juin 2010, p.43), Julien Lestel présentait, à l'Opéra de Marseille, une nouvelle chorégraphie sur le désir de reconstituer les éléments d'un passé glorieux consacré à la danse classique, à partir de gestes, de mouvements, d'attitudes académiques disséminés dans la mémoire.


Ce ballet nous offre pendant une heure quinze, une série de variations sur des études, des impromptus, des sonates célèbres de Shubert, Beethoven, Liszt ou Chopin, interprétés sur scène, au piano, par un virtuose du clavier : François-René Duchâble.
Vêtus de débris de costumes de soirée (signés Patrick Murru), les trois danseurs (Julien Lestel, Gilles Porte, Cinthia Labaronne) dialoguent avec la musique au cours de solos, duos, trios, qui expriment avec vivacité et dynamisme tout ce qui fut appris jadis en classique et remis en question par le contemporain, souvent contre leur gré, ce qui donne lieu dans l'ensemble à des patchworks, des figures hétérogènes et disparates souvent comiques où la vision de soi se trouve souvent perdue et retrouvée.
La première partie d'Anastylose fait alterner immobilité, pirouettes, glissades, chutes, évolutions au ralenti, portés acrobatiques de la danseuse, avec une séquence assez cocasse construite autour d'un igloo sur roulettes d'où surgit le trio, bras entremêlés, igloo qui se transforme en crinoline pour Cinthia, puis en voiture de manège ou Radeau de La Méduse, pour un voyage romantique enthousiaste ou désespéré, du piano à queue à la coulisse côté cour.
La deuxième partie, traversée d'étreintes langoureuses ou mélancoliques, multiplie les instants, éclairés par Max Haas, où les danseurs entrent et sortent comme des ombres, s'effacent pour laisser le pianiste nous charmer, semblent tirés par des ficelles, manipulés comme des figurines de porcelaine par un antiquaire détenteur d'une peau de chagrin, ou libérés, soulevés par la puissance des notes dans des douches de lumières qui inscrivent leur présence sur des tourbillons extatiques.
Les derniers pas de deux ne manquent pas d'humour, notamment celui que dansent Julien Lestel et Gilles Porte en souvenir de Giselle et Loys, après l'effeuillage de la marguerite(Giselle, acte I, scène 4):bras dessus, bras dessous, ballotté devant, ballotté derrière, posé, jeté croisé en attitude, posé jeté en arabesque.
Au final, allongés sur le plateau, exténués, tandis que le piano égrène une étude en la mineur de Chopin, ils ressemblent aux personnages d'India Song, de Marguerite Duras, que la passion accable de souvenirs douloureux.Familiers du royaume des ombres, ces trois magnifiques danseurs ont su aussi se déplacer dans des régions où règne la fantaisie la plus folle, sans se départir de leur souveraine élégance.Le public, venu nombreux à cette unique représentation, les a gratifiés d'une belle ovation.
Philippe Oualid

pierre aimar
Mis en ligne le Samedi 3 Juillet 2010 à 13:44 | Lu 1158 fois

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