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Ali Baba, un spectacle de Macha Makeïeff, TNP, Villeurbanne, du 15 au 20 novembre 2013

L’histoire d’Ali, figure de l’Idiot magnifique qui traverse les littératures, est celle de la destinée inouïe d’un brave gars sans histoire, ramasseur de métaux, devenu riche, si riche, par le caprice du sort et la fantaisie d’un auteur.


© Brigitte Enguerand
© Brigitte Enguerand
Est-ce que le trésor tombé là va enchanter sa vie, est-ce que la richesse enchante l’existence ? Prince de la simplicité à qui tout va sourire, voleur des voleurs à la sagesse opportuniste, nouveau riche bientôt inquiet d’être dépossédé, Ali connaît la métamorphose sociale et ses tourments. Celui qui dormait à la belle étoile va s’établir dans ses murs. Le ferrailleur, pauvre parmi les pauvres, nettoyeur, recycleur de débris, se rêvera en grand Mamamouchi et en grandes pompes. Autour de lui des figures cyniques et malignes, une galerie des portraits haute en couleurs, depuis le savetier traître jusqu’à l’épouse cupide en passant par le trafiquant et la tueuse… Pour raconter cette épopée familière, sont réunis onze acteurs, danseurs, musiciens, chanteurs, acrobates, les langues perse, arabe et française, et une troupe d’objets rebelles ou magiques.

L’épopée étrange et familière d’Ali, idiot magnifique

L’épopée étrange et familière d’Ali, idiot magnifique Ce conte populaire va chercher délicieusement dans nos désirs les plus inavouables, notre part noire et ardente : aventure, érotisme, manipulation, piété, sagesse, cruauté, sortilèges... Les Nuits portent tous les contraires en un ensemble de récits et de personnages ouvert à toutes les nuances de l’imaginaire. Il y est question du Hasard, du Sort, du Destin, d’un emmêlement du merveilleux et du cauchemardesque. Au-delà des prodiges, Ali Baba est une histoire tout à fait prosaïque, pleine de la dure réalité humaine : pauvreté, vols, assassinats, trahisons, cupidité, cruauté et jalousie, amours violentes, rapt ! C’est aussi l’éloge étrange et contestable de l’interdit et de la transgression dans le plaisir de l’un et le malheur de l’autre, un conte à la morale joyeusement fluctuante.

Comme écho à cet appel du large, l’histoire se déroulera dans un ici et maintenant tout à fait imaginaire, no man’s land méditerranéen, entre-deux familier où se jouent trafics, arnaques, embrouilles et expéditions en tous genres.

L’occasion est belle, dans une suite de rebondissements fantaisistes entre souk et caverne : bruit de l’or, danse de Sept voiles, amours transgenres, ruses et trahisons, circulations de denrées douteuses, fête orientale, grotte récalcitrante, corps coupé en quatre, artistes ambulants, barbier dansant, touristes égarés... de poser l’énigme d’un Orient rêvé, si loin si proche, terrible et fascinant, délicieusement cruel, qui nous intrigue, habite toutes nos littératures et nos fantasmes.
Nous ferons entendre les trois langues des Mille et Une Nuits — perse, arabe et française —, selon les grandes traductions et jouerons de cet enchâssement des registres et des tonalités, parce que les mots d’ Ali Baba sont aussi ceux de Galland, de Mardrus, et les nôtres.

Nous sommes tous des Ali et rêvons à notre caverne. Un jour ou l’autre, nous nous imaginons riches et rêvons de mettre en scène le grand jour, le trésor et ses attentes illusoires. La fantaisie est une réponse à cette énigme de l’imprévisible dans cette fable insolente. L’intelligence de la belle esclave qui mène la danse et s’affranchit de tout, la modestie de l’invisible Ali, figure intemporelle de l’Innocent à qui le monde un jour est offert, voleur de voleurs qui pénètre le monde interdit de la richesse inépuisable. Face à la brutalité du réel, le pauvre Ali se rêvait en Rudolph Valentino, en Cheikh blanc, en passait par l’illusion. Une fois riche, c’est vers les plaisirs du cinéma, de la danse, du costume et de la scène qu’il ira, bravement.
Ali Baba

Ali Baba. Les bruits du monde. Par Macha Makeïeff

Le conte m’intéresse, ce mode de récit où tout est possible : le merveilleux, l’horreur, le prodige, le plaisir et l’épreuve. Il est le lieu des révélations de nos âmes. Me plaît de mettre sur scène l’effervescence et l’improbable, de jouer avec la plasticité de la morale, de l’étirer jusqu’à la transe, la joie ou le meurtre. Aux innocents les mains pleines ! Car sous couvert d’une histoire à raconter, de rebondissements, de coups du Sort et autres surprises amoureuses, Ali Baba libère les désirs enfouis et exaspère nos terreurs. Dans cet Orient imaginaire, on accepte de ne rien savoir ni comprendre de son propre destin et la mort y est une anecdote. La fable orientaliste est un geste poétique en dehors du temps et aussi le miroir fantasque de l’état de nos cœurs. Je revendique alors le mélange des temps, l’anachronisme naturel et souhaité pour parler du stable et de l’instable, de l’imprévisible, et surtout la fantaisie totale pour dire la part du bonheur et du malheur.

Monter Ali Baba à Marseille a la résonance singulière, chaleureuse, pasolinienne, d’une appartenance vraie. Petite Shéhérazade des quartiers Nord, amoureux de la poésie persane, expert de Mishima, de Borgès, beaux gosses de Noailles, de tous et de chacun « L’Affaire Ali » est connue. Ali Baba est un personnage familier, un cousin, un voisin, une vieille connaissance.

L’histoire d’Ali, figure de l’Idiot magnifique qui traverse toutes les littératures, est celle de la destinée inouïe d’un brave gars sans histoires, ramasseur de métaux, devenu riche, si riche par le caprice du sort et la fantaisie d’un auteur. Est-ce que le trésor tombé là va enchanter sa vie, est-ce que la richesse enchante l’existence ? Prince de la simplicité à qui tout va sourire, voleur des voleurs à la sagesse opportuniste, nouveau riche bientôt inquiet d’être dépossédé, Ali connaît la métamorphose sociale et ses tourments.

Celui qui dormait à la belle étoile va s’établir dans ses murs. Le ferrailleur, pauvre parmi les pauvres, nettoyeur, recycleur de débris, se rêvera en grand Mamamouchi et en grandes pompes. Autour de lui des figures cyniques et malignes, une galerie des portraits haute en couleurs depuis le savetier traitre jusqu’à l’épouse cupide en passant par le trafiquant et la tueuse. Un régal. « La malice sauvera le monde ». Et tout cela selon le double désir de Morgiane, l’habile esclave qui démêle les mésaventures d’Ali et lui sauve la vie, et de Shéhérazade, voix féminine et savante qui charme, éteint ou attise par la fiction qu’elle invente, la violence folle et la cruauté.

Car ici les deux figures féminines se confondent. Et pour raconter cette épopée familière, j’ai réuni onze acteurs, danseurs, musiciens, chanteurs, acrobates, les langues perse, arabe et française, et une troupe d’objets rebelles ou magiques.

Informations pratiques

TNP
8 Place Lazare-Goujon
69627 Villeurbanne cedex
04 78 03 30 30
www.tnp-villeurbanne.com

Calendrier des représentations
Novembre :
vendredi 15, samedi 16, mardi 19, mercredi 20, à 20h
dimanche 17 à 16 h

Location ouverte. Prix des places : 24 € plein tarif
Renseignements et location
04 78 03 30 00 et www.tnp-villeurbanne.com


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Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 30 Octobre 2013 à 18:57 | Lu 188 fois

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